TOM A LA FERME

Vérité enterrée
De
Michel-Marc Bouchard
Durée : 1h30
Mise en scène
Vincent Marbeau
Avec
Vincent Marbeau, Léonard Barbier ou Thomas Bernier, Agnès Vialleton, Milena Hernandez ou Axelle Delisle
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Libre - La Scène Libre
4, boulevard de Strasbourg
75010
Paris
01 42 38 97 14
Du mercredi 27 mars 2024 au dimanche 21 avril 2024. Du mercredi au samedi à 21 h, le dimanche à 17 h.

Thème

  • Tom, jeune publicitaire se rend aux funérailles de son amant dans la ferme familiale de ce dernier. Dès l’arrivée, il est confronté à une famille étrange, toxique, violente. Tous ignorent tout de la vie du défunt, et Tom se retrouve coincé dans cet espace clos à réinventer une vie, cacher une vérité. 

  • Tom se retrouve privé d’un deuil qu’il est venu faire et prisonnier d’un frère qui lui impose un jeu de rôle malsain pour préserver l’honneur de la famille.  Au fur et à mesure, Tom perd ses repères dans cette relation toxique dont la fin paraît inéluctable.

Points forts

  • Un univers sombre rendu par le choix d’une scénographie minimaliste mais très étudiée. . La mise en scène et la direction d’acteurs poussent le spectateur à remplir les espaces de ses doutes et de ses propres projections. 

  • On oscille ici entre le thriller et une réflexion sur les violences intrafamiliales. 

  • La performance déstabilisante de Vincent Marbeau, oscillant entre naïveté et soumission.
    La présence de Léonard Barbier insuffle une sauvagerie de personnage à la Tennessee Williams.

Quelques réserves

  • Il faut parfois tendre l’oreille dans les moments intimistes.

Encore un mot...

  • La pièce, incroyablement forte, vous emporte dès le début dans un tourbillon de violence sourde. Cependant l’écriture est ciselée. Il y a dans cette atmosphère sordide une poésie violente de l’écriture, comme celle que Visconti ou Pasolini insufflaient à leurs films, c’est ce qui fait que l’on s’accroche aux protagonistes tout à la fois inquiétants et perdus.

  •  Toutes les clés ne nous sont pas données par choix par le metteur en scène, lequel nous plonge dans une attention permanente pour déchiffrer, décoder les ressorts de ces rapports de domination- soumission s’établissant entre les deux hommes. 

  • Il s’agit d’un “théâtre de la cruauté“ dans lequel on retrouve les influences de Jean-Luc Lagarce, avec une parole oscillant entre le monologue intérieur et le dialogue. 

  • Au total, une réflexion sur l’homophobie qui demeure telle une épée de Damoclès permanente dans une société en mal de tolérance.

Une phrase

AGATHE : « Je peux savoir ce que vous faites dans cette maison ?
TOM : J’avais juste votre adresse. J’ai fait toute la route sans m’arrêter. C’était beaucoup plus loin que je ne pensais. Mon GPS disait “Recalcul ! recalcul !“
AGATHE : Vous étiez un de ses amis ?

TOM : Je suis Tom. [Pour lui] Je suis Tom qui n’arrive pas à se lever, à se mettre debout, à se redresser. Tom vissé à sa chaise. Enchaîné, retenu, soudé, cloué à sa chaise. Tom qui devrait lui offrir sa main. Tom qui devrait la prendre dans ses bras.
[…]
TOM : Mes condoléances, madame ! J’aurais dû commencer par ça. Mes sincères condoléances.
AGATHE : Appelle-moi Agathe. Je suis contente que tu sois là, Tom.
TOM [Pour lui] : Elle dit mon nom. Elle me tutoie. L’espace entre elle et moi se rétrécit.
AGATHE :  Il ne m’a jamais parlé de toi.
TOM [Pour lui] : Et l’espace entre elle et moi reprend sa place. [A elle] Jamais parlé de moi ? »

L'auteur

  • Une des voix les plus importantes de la dramaturgie québécoise, auteur de plus d’une vingtaine de pièces, Michel-Marc Bouchard jouit d’un important rayonnement international, grâce à ses pièces magistralement construites, lesquelles explorent le plus souvent la condition homosexuelle à travers des fictions passionnelles où mythologie et Histoire sont sollicitées. 

  • Parmi ses principaux textes, mentionnons Les Feluettes (1987), Les Muses orphelines (1988), Le chemin des passes dangereuses (1998), Christine, la reine-garçon (2012), Le chemin des passes dangereuses et La Divine Illusion (2015). 

  • Créée en 2011, Tom à la ferme a été adaptée au cinéma par Xavier Dolan en 2013. Déjà traduite en neuf langues, la pièce a connu à ce jour quinze productions, ici et à l’étranger.

  • Michel-Marc Bouchard déclarait, à propos de la présente adaptation : « Hier j’ai assisté Tom na Fazenda à Rio de Janeiro. Une des plus belles et puissantes mises en scène de ma pièce, signée par Rodrigo Portella avec la traduction de Armando Babaioff. Deux heures de pur bonheur théâtral. Une interprétation d’une grande sensibilité et d’une rare intelligence. Un plateau nu, d’immenses acteurs, une violence qui atteint le sublime, une sensualité unique sans parler de la tendresse et de la beauté. Le plus beau cadeau que l’on puisse donner à l’auteur d’une pièce c’est de lui faire oublier que c’est lui qui l’a écrite et j’ai eu droit à ce cadeau ce soir. Et le public a applaudit à tout rompre au final. Merci ! »

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