Guyanes

Prix Le Mans - Aux lendemains de la Commune de Paris. Une saga, vivante certes, mais un peu trop convenue
De
Jean-Paul DELFINO
Héloïse d'Ormesson
Parution le 11 mai 2023
590 pages
23,50 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Ce volumineux roman historique se déroule aux lendemains de la Commune de Paris, vers 1872 ; l'action commence à Paris, à Bordeaux et à Marseille ; elle se poursuit à Cayenne, au Maroni et dans la jungle guyanaise. On y croise des aventuriers qui se côtoient sur cette terre française, riche de rêves et d'or mythique. L'histoire est triangulaire : surprise en flagrant délit de révolte, une communarde, embarquée à Toulon, rejoint le bagne guyanais pour y purger sa peine ; échappé des plantations brésiliennes, un esclave noir débarque, lui aussi, dans la colonie française où il espère s'émanciper ;  joueur et flambeur, un jeune bourgeois abandonne subrepticement femme et enfants à Paris pour rejoindre la Guyane où il espère se refaire une virginité, et peut-être une fortune !

Points forts

Méridionale, la faconde de l'auteur se déploie largement dans ce récit imaginaire qui laisse libre-cours à son penchant de conteur. 

Les tableaux sont vivants; plusieurs scènes évoquent assez bien la moiteur et la chaleur des habitations coloniales et de ces terres équatoriales où se noyèrent tant de projets mirifiques : mines d'or inexploitables, plantations invivables, fièvres, langueur et désespérance des bannis... 

De nos jours, ce département attire encore quelques originaux qui rêvent d'aventures en forêt profonde : cette saga devrait donc leur plaire!

Quelques réserves

  • Il ne suffit pas cependant d'évoquer un climat pour donner aux héros de l'histoire une épaisseur réelle : il faut plus que de la facilité d'écriture pour donner vie aux héros d'une histoire. L'auteur se laisse trop prendre aux lieux communs qu'il ne se donne pas la peine d'éviter : décrite comme un passé radieux, la Commune de Paris est trop belle ; l'évocation luciférienne du bagne évoque le récit de Papillon, revu par Hollywood ; les brigands du fleuve Maroni et la peine des orpailleurs suivent les clichés le plus éculés etc. 
  • Delfino conduit son récit comme le firent, avant lui, les auteurs du genre aujourd'hui oublié que l'on appelait :« les romans de gare », ces livres achetés sur le quai afin de tuer le temps d'un long voyage en train: l'auteur maîtrise bien les trucs de ce métier ; mais il lui manque ce grain de génie qui fit de La Comédie humaine, des Misérables ou des Hommes de bonne volonté des chefs d’œuvre – des traces emblématiques d'une époque et d'une société !

Encore un mot...

Ce vrai roman-feuilleton, s'il avait été plus court, aurait bénéficié du charme et de la couleur inter-tropicales; traînant un peu en longueur, l'histoire manque finalement de sel ; et ses héros sont peu attachants!

Une phrase

  • [l'un des nombreux lieux communs du livre :] « Par ces temps politiques incertains, la compassion n'avait pas droit de cité» ! p.40
  • [caricature convenue d'un fruit sec :] « Elle était fille d'un négociant en grains...son père brassait des millions... Alphonse l'aima au premier regard » ! p.91
  • [un constat toujours vrai, en trois points :] «- le fleuve qui s'enfonce dans les terres, c'est l'Oyapock ...- sur l'autre rive, t'es en France...et t'es un homme libre ! » p.187 (Depuis 2015, le passage est bien plus simple, grâce au pont routier de St. Georges !)
  • [anachronisme wokiste, situé à Cayenne, il y a un sièce et demi :]  « Elle était femme, elle était forte, elle était guyanaise...les Blancs allaient payer, tous » p.363 (Une haine historique ? Ou contemporaine ?)

L'auteur

Né à Aix-en -Provence en 1964, Jean-Paul Delfino est romancier, scénariste, dialoguiste et auteur de littérature pour la jeunesse. Il a publié une vingtaine de romans d'aventures dont plus de la moitié sont des sagas ou des suites brésiliennes assez appréciées par la grande presse dont : Assassins ! (Prix étoile du Parisien catégorie “meilleur roman” en 2019) ; Les voyages de sable (Prix des Romancières en 2019) ; Guyanes (Prix du livre de Plage en 2023 ; et du tout nouveau Prix Le Mans -Antoine de Saint Exupéry le 2 octobre 2023). 

Commentaires

Béatrice Simio
lun 13/05/2024 - 09:33

En tous points en accord avec votre critique. Je me suis ennuyée dans ce livre que j'avais pourtant commencé avec enthousiasme. Longueurs, manque de souffle et de rythme... dommage.

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