Éclaircie
Parution le 28 août 2025
Titre original : Clear
Traduit de l’anglais par David Fauquemberg
185 pages
21 €
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Thème
En 1843 tout au nord de l’Ecosse, dans ces poussières d'îles et îlots battus par les eaux déchaînées des Shetlands, John Ferguson, un pasteur modeste, plutôt sans le sous, s’engage dans la fameuse opération de la Great Disruption ordonnée par les Grands Propriétaires des terres consistant à exproprier les paysans pour pratiquer l’élevage extensif d’abord des vaches puis des moutons.
John Ferguson, croyant et raisonnable, pétri de bonté et de foi en le génie de l’homme inspiré par Dieu, s’engage dans une aventure singulière, dangereuse mais superbe, hymne à la beauté de la nature, les bienfaits d’une vie simple, la sagesse des êtres simples. Il manque périr en arrivant sur un îlot inconnu des cartes, est sauvé par Ivar, taiseux, fruste mais ingénieux, et construit une amitié étrange entre les vents fous, les vagues effrayantes, et les éclaircies de l’océan soudain paisible qui permettent la chasse aux œufs de macareux
L’absence de son mari se prolongeant au-delà du raisonnable, Mary Ferguson décide de rejoindre le pasteur, découvre à son tour ce monde presque disparu, inimaginable et propice aux choix extrêmes. La fin de l’histoire est improbable et très surprenante.
Points forts
Présenté comme un roman – et s’en est un – ce récit est aussi un documentaire sur un monde peu connu, une étude naturaliste et ethnologique sur un mode de vie en voie de disparition, une langue mourante, la faiblesse humaine face à la réalité d’une terre hostile. Mais le monde dit « civilisé » ne vaut guère mieux avec son âpreté au gain, son acharnement à éliminer ceux qui le gênent, sa violence envers les plus modestes.
Quelques réserves
Aucune réserve pour ce roman dont, d’une part, la traduction est remarquable, dans un contexte d’équivalences de vocabulaire qui n‘était pas évident et, d’autre part, la mise en page très soignée - illustrée de cartes du nord de l’Ecosse datant de cette époque - ainsi que la couverture, riche d’un Clair de lune du peintre norvégien Knud Baade, qui ajoutent certainement au charme de la lecture.
Encore un mot...
L’hymne à la nature sublime, à la stupéfiante beauté de ces terres oubliées d’un Océan récalcitrant à toute croisière, cache en fait une terrible critique sociale sur la soif du progrès économique du Royaume Uni fin 19ème siècle, de l’époque victorienne, accompagné de sombres désastres humains pratiqués sans aucune mauvaise conscience. John et Mary Ferguson sont les acteurs et les spectateurs impuissants de ce raz de marée d’un genre nouveau. Ivar symbolise en quelque sorte le monde réel disparu.
Une phrase
“...j’ai les falaises et les récifs et les oiseaux. J’ai la colline blanche et la colline ronde et la colline pointue. J’ai l’eau claire de la source et la bonne pâture riche posée comme une couverture sur les hauteurs perchées de l'île. J’ai la vieille vache noire et l’herbe goûteuse qui pousse au milieu des rochers. J’ai mon grand fauteuil en osier et ma maison robuste. J’ai mon rouet et la théière. J’ai Pegi et maintenant miracle, j’ai John Ferguson.” P.86
“ Le temps calme se poursuivit...c’était une accalmie, une période de tranquillité aussi courte qu’incertaine entre deux tempêtes.” P.125
L'auteur
Cary Davies, a vécu aux Etats Unis où elle est connue (premier roman West en 2018), mais reste galloise, écossaise et profondément britannique. Son écriture élégante, très imagée, descriptive, lui a valu de nombreux prix littéraires. Elle vit désormais à Edimbourg en Ecosse.
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