Angel Wings, T6 Atomic

Voler vers le soleil de la vérité au risque de s’y brûler les ailes
De
Hugault, Yann
Ed. Paquet, 2019
48p.
14€
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Juin 1935, Miami, Floride, USA. Un jeune homme, qui n’a pas encore rejoint les rangs de l’US Air Force où il réalisera une brillante carrière, est pris dans une sordide affaire de mœurs… Discrètement étouffée grâce aux appuis de sa famille... Neuf ans plus tard, au même endroit, de mystérieux journalistes prétendent vouloir rendre le dossier public en jouant de la crédulité et des frustrations d’un officier de police retraité et alcoolique. 

Eté 1945, île de Tinian, archipel des Mariannes, Océan Pacifique. Angela McCloud rejoint la plus grande base aérienne de la deuxième guerre mondiale avec l’espoir de trouver auprès de Dora Dougherty, l’ultime équipière de sa sœur Maureen, les explications sur la mort de cette dernière. Alors que les équipages de super forteresses B29 mènent tous les deux jours des raids longue distance sur le Japon, le 509° groupe du colonel Paul Tibbets prépare loin des regards une mystérieuse mission…

Points forts

Atomic est le sixième et dernier tome de la série Angel Wings démarrée en 2014. Si ce dernier opus donne un peu moins de place à l’action pure et aux scènes de combat aériens au profit de l’enquête, on y retrouve toutefois tous les ingrédients qui ont fait le succès d’Angel Wings depuis son tout premier tome, Burma Banshee. 

A commencer par le scenario sans faille de Yann, qui entremêle avec brio la quête personnelle d’Angela, tête brulée au grand cœur et au caractère bien trempé, femme pilote et membre de l’OSS, ancêtre de la CIA, et la grande histoire de la guerre du Pacifique et du deuxième conflit mondial.

Le dessin de Romain Hugault, ensuite. Il faut le dire et le redire : il porte à un niveau de maîtrise inégalée les scènes de combat aériens. Sa capacité à retranscrire la vitesse et la vibration des avions, sa précision dans la restitution des costumes et des décors sont sans égales. Pour tous les amoureux d’aviation, c’est un bonheur infini que de voir reprendre vie sous son pinceau les avions mythiques que sont les Curtiss P-40 Warhawks, P38-Lightning, Mustang P-51, P-47 Thunderbolt, Spitfire, Vought F4U Corsair, Westland Lysander.

Cette chronique est également l’occasion de mettre en avant un genre un peu délaissé depuis que la BD est présente sur Culture-Tops – le récit d’aviation – et de rendre ainsi hommage aux héros intemporels que sont devenus pour des générations de lecteurs Buck Danny, Tanguy & Laverdure, Dan Cooper, Biggles. Elle nous offre enfin l’opportunité de tirer un coup de chapeau aux éditions Paquet, qui ont depuis plusieurs années remis ce genre à l’honneur grâce à la collection Cockpit.

Quelques réserves

Atomic est plus destiné aux amoureux des gros porteurs - B24 Consolidated Privateer, bombardier super forteresses B29, Douglas C54 Skymaster… - qu’à ceux des légers chasseurs. Le rythme de l’album, plus régulier, inexorable, semble calé sur celui de ces géants du ciel alors que celui des précédents trépidait au rythme des vifs monomoteurs. 

Si la chute finale est peut-être légèrement déroutante, il faut remercier Yann et Hugault d’éviter le « match de trop » et de savoir clore la série en nous laissant avec la nostalgie de ne plus pouvoir attendre le prochain album ni l’espoir qu’il existera un jour une suite aux aventures d’Angela McCloud.

Encore un mot...

Atomic est une formidable occasion de découvrir la série Angel Wings et de justifier l’achat dans la foulée des cinq autres tomes. Cela vous permettra également de plonger dans cette Amérique des années 40, celle des Juke Box, des « Diners », du Coca-Cola, des limousines aux calandres chromées et aux pneus à flancs blancs. Atomic pourrait enfin vous inciter à rouvrir avec bonheur les premiers Buck Danny, ceux des Tigres Volants, des Mystères de Midway et des aventures en Mer de Corail, ou à chercher sur Youtube quelques épisodes des « Têtes Brûlées » du major « Pépé » Boyington.

Une illustration

L'auteur

Biberonné à l’aviation par un père pilote dans l'armée de l'air puis chez Air France, Romain Hugault passe son brevet de pilote à 17 ans avant de faire le choix de devenir dessinateur de bandes dessinées. Diplômé de l'École Estienne, ce passionné d’Histoire démarre sa carrière en publiant en 2005 le remarqué Le Dernier Envol, sur un scénario de Régis Hautière, aux éditions Paquet, son éditeur de toujours. Ce premier succès est le début d’une longue lignée : Au-delà des nuages, 2006-2007, toujours avec Régis Hautière ; Le Grand Duc, 2008-2010, début de la collaboration avec Yann, avec lequel il réalisera Le Pilote à l’Edelweiss, 2012-2013, avant de se lancer dans l’aventure Angel Wings.

Que dire de Yann qui n’a pas déjà été écrit par Dominique Clausse dans sa chronique d’Atom Agency parue sur Culture-Tops le 24 novembre 2018 ou dans celle de Double 7 postée le 1° décembre 2018 sur le même site ? Que l’on est toujours happé par la densité de ses scenario et épaté par la solidité de leur documentation ? Qu’au rayon de ses succès on peut également ranger la série historique Dent d’Ours, récemment achevée en collaboration avec Alain Henriet, éd. Dupuis, 2013-2018 ?

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