Domaine royal de Randan, Surprenante demeure des princes d’Orléans

Toute la genèse d’un rêve de briques et de pierres, un beau livre relié consacré au lieu de villégiature de Louis-Philippe, futur roi des Français
12 contributions pour un livre collectif (voir plus bas)
Photographies : Alain Franchella, Christian Parisey, Michel Pérès, Franck Trabouillet
Documents graphiques : Guylaine Beauparlant-Dupuy
Editions Lieux Dits
Parution le 12 septembre 2025
400 illustrations
240 pages
32 €
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Le mauvais sort qui s’est acharné sur les demeures des Orléans, s’il n’a pas épargné le château de Randan (Puy-de-Dôme, arrondissement de Riom), frappé par un incendie en 1925, ne nous en a pas moins laissé un édifice d’un grand intérêt, serti dans la beauté sauvage des paysages d’Auvergne. Acquise par la Région en 2003, cette demeure chère à Louis-Philippe et à sa sœur Adélaïde, « Madame Adélaïde », est leur œuvre commune, composée à partir de ce que l’architecte Pierre Fontaine, qui conçut avec Charles Percier l’arc de triomphe du Carrousel, nomme en 1821 « un vieux château qui n’a jamais été achevé, sans fenêtres, sans portes, presque sans meubles ». Sur une bâtisse du XVIe siècle, propriété à l’origine des La Rochefoucauld, le futur roi des Français et sa sœur confièrent à Fontaine la réalisation, au cœur d’un immense domaine, d’une résidence de campagne qui témoigne des tendances esthétiques et des innovations techniques en pleine éclosion du romantisme et du « style troubadour ».

Points forts

Le château de Randan, tel que l’ont constitué les initiatives successives de ses bâtisseurs, est étudié ici, par une réunion de spécialistes, dans toutes ses dimensions et sous tous ses aspects. Architecture, bien sûr, mais aussi décor intérieur, jardins, parcs, bref la totalité de ce qui fit et fait encore le prestige de cette résidence princière et royale. Les vitraux de la chapelle, les tableaux des salons, les services en porcelaine, le mobilier et les tissus d’ameublement, sans oublier les collections zoologiques, sauvées des flammes, de Ferdinand, duc de Montpensier et nemrod infatigable. La part est faite au château voisin de Maulmont, rendez-vous de chasse élevé en forêt et qui se souvient des châteaux anglais du XVIe siècle.

On suit la genèse et le destin de cet ensemble à travers le XIXe et jusqu’au XXe siècle, avec le secours de repères généalogiques, de plans et d’une iconographie qui confèrent à l’ouvrage un charme et une richesse dignes d’éloge. Des reproductions de gravures, de magnifiques photographies, parmi lesquelles certains documents d’époque comme cette « vue partielle de la chaumière de la Garenne » du début du siècle dernier…

Ce beau livre consacré à un château éclaire en même temps une époque de “restauration” dans tous les sens du terme : achèvement d’un château incomplet, reconstitution par les Orléans d’un énorme patrimoine emporté par l’histoire récente, sur fond de reconstruction monarchique et de lyrisme médiéval à la Walter Scott.

Quelques réserves

Elles ne porteraient que sur des détails. Je doute par exemple (page 23) que Louis-Philippe, relatant une tournée en forêt aux environs du château, ait parlé de la « monstruosité du terrain », et j’inclinerais pour le mot, rare mais français, « montuosité ».

Encore un mot...

Le livre réserve des découvertes. Des documents anciens attestent l’emploi, pour deux statues de lion placées à l’extérieur, de la pierre artificielle, matériau nouveau sorti des ateliers montmartrois de Pierre-Anne Dedreux. Tout un chapitre est consacré à l’utilisation du fer et de la fonte et à l’intervention du fondeur François-Etienne Calla dans un ouvrage qui prétendait renouer avec le passé architectural et illustrer en même temps les progrès de l’industrie.

Le livre se lit aussi, du reste, comme un témoignage sur la personnalité de Louis-Philippe et de Madame Adélaïde, dont tout ici porte la marque et reflète les orientations.

Une phrase

« Cette création quelque peu chaotique, caractérisée par l’implication prégnante de ses commanditaires, a contribué à faire de Randan un objet atypique, une curiosité où la tradition se mêle à la modernité. » (p. 67)

L'auteur

Universitaires, conservateurs, spécialistes du patrimoine, dont les textes sont précédés d’avant-propos de Fabrice Pannekoucke, président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, et de Sophie Rotkopf, vice-présidente déléguée à la culture et au patrimoine.

Valérie Bajou, Jean-François Belhoste, Nathalie Buyssens, Anne Dion-Tenenbaum, Justine Gain, Jean-Philippe Garric, Audrey Gay-Mazuel, Jean-François Luneau, Amandine Péquignot, Delphine Renault, Lionel Sauzade, Noémie Wansart.

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