A la recherche du tombeau perdu. Sur les traces de Napoléon et du Général Gudin en Russie

Une recherche incroyable, un récit haletant, un conteur inclassable !
De
Pierre Malinowski, en collaboration avec Anne Pouget
Le Cherche Midi éditeur,
Octobre 2020 -
287 pages -
18,50 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Le général Gudin, qui fut ami de collège de Bonaparte, périt pendant la campagne de Russie en 1812, au cours d'un combat acharné au pied de la ville de Smolensk. Si sa mort et son enterrement, sur place, ont été précisément racontés par ses proches, l'emplacement de sa dépouille, maintes fois recherché, est resté introuvable. Pierre Malinowski, archéologue autodidacte, a vécu enfant proche des champs de bataille de la grande guerre ; son père a participé à la recherche de souvenirs, parfois de restes humains, des poilus de tout bord. Il décide de faire de la mémoire des soldats morts au combat une véritable vocation.

Après avoir retrouvé deux soldats russes inconnus enfouis près de Courcy dans la Marne, il décide de partir à la recherche de la tombe du Général Gudin, en Russie. Cet essai raconte sa passion pour le maintien de la mémoire des soldats morts au combat, ses premières fouilles dans la Marne, et la traque de ce "tombeau disparu" - qu'il finira par découvrir. Cet essai offre aussi un récit de la vie de ce Général ami de Napoléon, et de fait, une immersion dans la vie militaire et les combats du Premier Empire.

Points forts

1. Ce récit est mené tambour battant et témoigne d'une vraie passion. S'il associe récit autobiographique, enquêtes et fouilles sur le terrain, il offre beaucoup de détails sur ce qui fait les difficultés et les succès de ce type d'entreprise où se mêlent recherches historiques minutieuses, intuition, persévérance et diplomatie.

2. Cet essai est organisé en trois grandes parties : d'abord le récit de la recherche de ce tombeau, une grande partie, tout aussi intéressante, sur la vie et la mort du Général Gudin, enfin, des annexes qui éclairent de façon originale, le contexte des fouilles et de la vie de ce Général d'Empire.

3. Des hors textes agrémentent la lecture - coups de projecteur sur un aspect du récit, intéressants et souvent inattendus. Vous y  (re ?) découvrirez par exemple le sens de "casser sa pipe", "attendre de pied ferme" ou l'origine du "coude à coude".

4. Enfin, cet ouvrage présente des notes "rédigées", de nombreuses références bibliographiques, et deux cahiers de photos en couleurs qui illustrent les deux versants du récit ; les fouilles/les découvertes et des témoignages de la vie du Général, tableaux, gravures, fac-similés de documents d'époque.

Quelques réserves

A moins de n'avoir aucun intérêt pour le travail de mémoire de l'archéologue, et encore moins de la vie militaire sous l'Empire (ce qui n'est pas en soi un défaut majeur !), ce livre n'a pas de point faible, tant il se lit facilement.

Encore un mot...

Pour être vraiment succinct, ce récit bien écrit est simplement haletant. Pierre Malinowski est un passionné qui sait autant transmettre, avec l'efficace complicité d'Anne Pouget, la passion de son entreprise que la petite et la grande histoire. Il faut dire qu'il a déplacé des montagnes, suscité l'intérêt - et parfois l'agacement -des équipes françaises et russes, la curiosité et les encouragements du Président Vladimir Poutine.

La découverte de la tombe du Général, qui doit beaucoup à la persévérance de Malinowski, peut paraître anecdotique ; elle a pourtant été saluée comme un vrai événement, notamment par Hélène Carrère d'Encausse, historienne et Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, qui a préfacé ce livre. Elle témoigne d'une amitié franco-russe qui s'exprimera en 2021 (si la pandémie régresse) à Paris aux Invalides à l'occasion du retour des cendres du Général Gudin, qui sera inhumé aux côtés de Napoléon Bonaparte. Ce livre très atypique par son contenu, est une profession de foi autant qu'une belle plongée dans le quotidien des soldats qui ont façonné et subi la grandeur impériale au début du XIXème siècle.

Une phrase

[A propos de la découverte de deux corps de soldats russes de la Grande Guerre]
"Il était 21h30 ce jour là. Les intervenants déposaient leur matériel pour rentrer chez eux ou à l'auberge. J'observais le terrain retourné les jours passés, puis celui encore vierge de fouilles. Comme une prière, j'en ai intérieurement appelé à mon poilu russe, espérant qu'il allait me parler, me souffler une idée, m'envoyer un signe. "Creuse encore une fois avant de renoncer...". P 54

[ A propos de la découverte de la tombe du Général Gudin]
"Le 9 juillet s'était levé avec ses caprices. […] Nous étions sous notre abri de fortune, scrutant le ciel. J'implorais une nouvelle fois ma bonne étoile, la Fortune, le général, et tout ce qui aurait pu alors nous venir en aide. Enfin la  pluie cessait  et le soleil apparaissait […] Toutes les équipes se mettaient à pied d'œuvre dans la plus grande effervescence : une vingtaine de personnes, comprenant huit archéologues russes, dont Tatiana Shvedtchitkova, la meilleure de Russie. Aucun français n'était venu". P82

L'auteur

Pierre Malinowski, que certains surnomment "L'Indiana Jones" français, est un homme "inclassable" ! Après des "classes" d'archéologue de la Grande Guerre, passées aux côtés de son père, il s'engage dans l'armée française pour un service d'active qui le conduit de la Légion Étrangère au poste de pilotage d'un char Leclerc puis aux commandos parachutistes. Un temps assistant parlementaire au Parlement Européen, il est impliqué en 2015 dans l'exfiltration de deux pilotes inculpés et retenus en Haïti pour transport de cocaïne et volontaire pour aller combattre l'organisation Etat Islamique en Syrie et en Irak. "Fourvoiement" dira-t-il dans les premières pages de son livre. Pour soutenir sa passion pour l'histoire, il rejoint en 2017, puis préside la Fondation pour le développement des initiatives historiques franco-russes.

C'est dans ce cadre qu'il entreprend les recherches - et trouve - un avion disparu de l'escadrille Normandie Niémen (seule unité composée de pilotes français engagés sur le front russe aux côtés des troupes soviétiques pendant la seconde guerre mondiale), la tombe et la dépouille du Général Gudin (été 2019), puis les corps de 70 soldats de l'armée impériale, disparus pendant la retraite de Russie.

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