Murmures à la jeunesse

Des "murmures" aussi ennuyeux et prétentieux que bruyants...
De
Christiane Taubira
Philippe Rey
Notre recommandation
2/5

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Thème

Juste après avoir quitté ses fonctions, madame Taubira publie un nouvel opus. A la fois profession de foi et justification de son départ, cet opuscule s’intitule  donc Murmures à la jeunesse, une litote probablement, puisque, élaboré et imprimé en catimini, l’ouvrage est à l’évidence destiné à faire grand bruit.

Points forts

- L’ouvrage est court, 30 à 40’ de lecture.

- La pensée de madame Taubira a le mérite de la clarté et de la cohérence : d’un côté les agents de progrès, en quête d’un monde de lys et de roses, de l’autre les personnes “infréquentables“ (Jean-Karl Huysmans par exemple) ou méprisables, comme les djihadistes.

- Des références constantes aux écrivains et poètes dénotent une femme intelligente et cultivée, encore qu’elle se réfère plus à Césaire ou Glissant qu’à Baudelaire..

Quelques réserves

- Le style est surprenant : souvent abscons, dopé par une accumulation d’adjectifs, des figures de style, anaphores et autres…  pour une impression de lyrisme bien artificielle ?

- Le merveilleux monde de madame Taubira est celui des lendemains qui chantent, égalité, fraternité et liberté… sauf pour les ennemis d’icelle ? Peut-on à la fois manier l’anathème et glorifier la liberté d’expression ?

- Elle impute bien entendu une partie des causes du djihad aux conditions économiques dans lesquelles se débat aujourd’hui la République, mais la politique économique qui a ses faveurs emprunte plus à la version moderne de Robin des bois qu’à une juste appréciation des blocages dont souffre la société française : quid de “l’énergie sociale et de la crédibilité technique“ de la gauche ?

- Sa démonstration sur la déchéance de nationalité s’appuie notamment sur un distinguo entre la déchéance et la perte de la nationalité dont on peut questionner la pertinence.

Encore un mot...

L’œuvre d’une femme de conviction, mais un livre aussi ennuyeux que prétentieux!

Une phrase

« Nous faisons monde, en conscience et en ignorance. La mondialisation est. La dénégation ne riposte en rien à son âpreté ni à ses dérives, pas plus qu’à ses vertigineuses opportunités; la seule réponse viable et féconde est dans la mondialité, une poétique de la relation, selon Edouard Glissant. » Ouf !

L'auteur

Nul n’ignore qui est madame Taubira, Garde des Sceaux et Ministre de la justice depuis mai 2012, qui vient de démissionner de ses fonctions, à la suite d’un désaccord avec le Président de la République sur la question de la déchéance de nationalité. Diplômée d’économie, d’ethnologie afro-américaine, elle a suivi également un enseignement en agroalimentaire. Militante indépendantiste en Guyane, elle renonce à cet objectif louable dès 1981et devient député de la Guyane en 1993. Candidate radicale de gauche aux élections présidentielles de 2002, d’aucuns lui imputent la défaite de M. Jospin à ce même scrutin. Elle fut aussi le promoteur des lois mémorielles sur la traite négrière, façon subtile de réinsérer le blasphème dans la vie civile.

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