Samson et Dalila

Un régal pour l'oreille, pas pour l'oeil...
De
Camille Saint Saens
Mise en scène
Damiano Michieletto
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Opera de Paris
Place de la Bastille
75012
Paris
0892289090
Jusqu'au 5 novembre

Thème

S’inspirant du « Livre des Juges », l’un des livres de la Bible hébraïque, « Samson et Dalila » raconte la terrible trahison de Dalila, la Philistine,  envers Samson, l’Israélite.

L’action se passe à Gaza. Asservis par les Philistins, les Israélites semblent avoir perdu tout courage. Mais voilà que l’un des leurs, Samson, arrive, avec sa force surnaturelle, et les exhorte à se révolter. Mis en déroute, les Philistins vont  alors soudoyer la courtisane Dalila, pour qu’elle arrache, à Samson, qui l’aime éperdument, le secret de sa force. Une nuit, jouant à son amant la comédie de la passion, elle  l’attire chez elle et finit par lui faire avouer que sa force réside dans sa chevelure… qu’elle lui coupe aussitôt, avant de le livrer aux Philistins. Ivres de vengeance, ces derniers crèveront les yeux de leur prisonnier et l’exposeront à la vindicte populaire. Humilié, Samson implorera le Tout-Puissant pour qu’en échange de sa vie, il lui rende sa force première. Exaucé, Samson ébranlera les colonnes du temple, qui en s’effondrant, engloutira les Philistins.

Points forts

- L’œuvre, qui, sans hésitation, est, à classer dans la catégories des  chefs d’œuvre.  Couleurs, richesse d’invention de la mélodie, orchestration foisonnante,  contenu théâtral… Dans ce « Samson et Dalila », tout est parfait. On comprend pourquoi il fut un des piliers du répertoire lyrique français.

- La direction musicale de Philippe Jordan. Dans le programme, le patron de l’Orchestre de l’Opéra de Paris avoue être tombé amoureux de la partition, dès sa première rencontre avec elle. Cet « amour » l’inspire. Sa direction, précise, ciselée, d’un raffinement extrême, donne  à entendre toutes les beautés de l’écriture musicale  de ce Saint-Saëns qui le passionne. On peut dire, sans ambage, que le jeune chef est au sommet de son art.

- La Dalila d’Anita Rachvelishvili. La mezzo géorgienne, qui l’année dernière, sur cette même scène, avait été une fabuleuse Amnéris dans « Aïda » de Verdi, laisse ici, une fois encore, éclater son immense talent. Sa voix, aux timbres mordorés, est souple et  projetée sans effort. Les graves  en sont profonds et les aigus, brillants. En outre, la cantatrice est une  actrice hors pair ! Séduction, cruauté, perversité… Elle  sait tout jouer.

- Le Samson  d’Aleksandrs Antonenko.  Le ténor letton a la voix, la force, le gabarit, et la fragilité de son personnage de Samson, ce colosse aux pieds d’argile …

- Les chœurs. Comme à chaque production de l’Opéra, ils sont somptueux. Et tant pis, si ce compliment finit par faire redite…

Quelques réserves

- La mise en scène. Sous prétexte de modernité, Damiano Michieletto a transposé l’œuvre. Pourquoi pas ? Encore eût-il fallu que cela ait un sens qui apparaisse clairement. Ce n’est pas le cas. D’autant moins d’ailleurs que sur le plateau, deux époques semblent se télescoper. Fin du XXème, pour les Hébreux, enfermés dans un bâtiment gris et gardés par des soldats munis de mitraillettes, (accessoires très à la mode en ce moment sur les scènes de théâtre !). Mais Art déco, pour la chambre où Samson et Dalila sont face à face. Non seulement ces parti-pris n’éclairent pas l’œuvre, mais ils lui enlèvent du souffle et du lyrisme.

- Les costumes. Comme ils sont assez hideux, ils ne sont pas seyants. Les robes de Dalila sont particulièrement ratées.

Encore un mot...

Avec « Faust » et « Carmen », « Samson et Dalila » fut pendant longtemps, dans le trio des opéras français les plus populaires. Depuis vingt-cinq ans, sans qu’on sache très bien pourquoi, il avait été oublié des programmations. Le revoici donc à l’affiche. Pour le plus grand bonheur des amateurs. Car cet opéra est sans doute le meilleur ambassadeur de la  musique française du XIX ème siècle, celle dont les mélodies sont d’une richesse, d’une élégance et d’un charme sans pareil. On ne peut donc que s’y précipiter, surtout si, comme ici, il est dirigé et chanté avec ce talent et ce haut niveau d’exigence.

Et tant pis si l’œil n’est pas comblé, l’oreille est au paradis...

L'auteur

Né à Paris le 9 octobre 1835, Camille Saint-Saëns est un enfant prodige tant au piano et à l’orgue,  qu’en composition. A cinq ans, il donne son premier récital privé ; à dix, il se produit en public, salle Pleyel ; à treize, il entre au Conservatoire pour y remporter, trois ans plus tard, le premier prix d’orgue. Et il n’a pas dix-huit ans quand il compose sa première symphonie ! En 1857,  le voilà nommé titulaire des orgues Cavaillé-Coll de l’église de la Madeleine. Il y restera vingt ans. Parallèlement, il enseignera le piano (parmi ses élèves, Gabriel Fauré et André Messager) et composera, dans tous les domaines.  Infatigable, il écrira douze opéras dont, en 1872, « La  Princesse Jaune »  et, en 1877, « Samson et Dalila » ; des œuvres religieuses dont un « Requiem », de nombreux oratorios; des poèmes symphoniques (« La Danse macabre » en 1875), cinq symphonies, cinq concertos pour piano, trois pour violon et deux pour violoncelle, sans compter, de la musique de chambre et des œuvres « inclassables », comme, en 1886, «  Le Carnaval des animaux ».

Celui dont Franz Liszt  dira qu’il fut le premier organiste du monde, aura par ailleurs une activité débordante en matière d’édition musicale, de journalisme, et de promotion de la musique et de la culture française. Il mourra à Alger le 16 décembre 1921.

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