Otto Wagner, Maître de l’Art Nouveau Viennois

Otto Wagner, architecte visionnaire au tournant des XIX° et XX° siècles
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Cité de l’Architecture
Place du Trocadéro
75016
Paris
01 58 51 52 00
Jusqu’au 16 mars 2020

Thème

Si Gustav Klimt, Josef Hoffmann ou Koloman Moser jouissent d’une renommée qui a dépassé les frontières et les époques, Otto Wagner, bien qu’ayant été leur maître, professeur ou camarade, est une figure plus confidentielle du renouveau artistique du ‘’fin-de siècle’’ autrichien. Est-ce parce qu’il a presque toujours échoué aux concours d’architecture publics et que la plupart de ses rêves monumentaux pour Vienne ne sont restés que d’encre et de papier ? Ou parce qu’il était plus qu’un sécessionniste ? En effet, le style d’Otto Wagner n’a pas été défini par la Sécession : il s’est forgé avant elle, s’est structuré en son sein et s’est exalté ensuite, autant par ses travaux d’architecte, d’urbaniste que de ‘’designer’, anachronisme qui lui correspond bien tant son spectre de création était large et puissant. 

Points forts

• Mêlant structure chronologique et thématique, l’exposition retrace le parcours d’Otto Wagner au regard des évolutions sociétales et artistiques de Vienne : si son style à ses débuts emprunte largement à l’esthétique baroque chère à l’empereur François-Joseph, comme en témoigne l’aménagement de son domicile ou ses riches projets de monuments publics, Otto Wagner transite rapidement vers des lignes plus épurées. Il devient alors l’un des meneurs de la Sécession Viennoise, qui prône une rupture totale avec l’art occidental : l’ambassade du mouvement est le Palais de Sécession, dont l’exposition ne montre qu’une vidéo de la fresque intérieure - si vous passez par Vienne, ne manquez pas ce chef d’oeuvre de Klimt, moins prisé que ceux du Leopold Museum et tout aussi exceptionnel ! - et sa voix principale la revue Ver Sacrum, dont on appréciera de retrouver certaines couvertures au cours de l’exposition. Ainsi, prenant à la lettre le concept d’oeuvre d’art totale cher aux Sécessionnistes, l’exposition ne se contente pas de présenter les productions architecturales de Wagner : elle fait place belle à ses réalisations de dessinateur, décorateur, et enfin d’urbaniste voire d’ingénieur civil, capable de mêler le beau à l’utile. 

• Ainsi, la seconde partie de l’exposition est dédiée à la contribution architecturale de Wagner à l’expansion démographique et géographique de Vienne : il conçoit de nombreux immeubles de rapport, dont la fonctionnalité et la standardisation des intérieurs contraste avec l’esthétisme poussé des façades et fait honneur à son adage ‘’rien qui ne soit fonctionnel ne pourra jamais être beau’’ ; dès 1893, il prend part au projet de modernisation de la ville, et est notamment en charge de la mise en place du métro, le Wiener Stadtbahn. Il ne lui faudra que 7 ans (!) pour mener à bien ce projet, et avec lui l’une de ses plus célèbres réalisations : la station Karlsplatz, dont la structure et la richesse des motifs en font un glorieux exemple de l’Art Nouveau en architecture. Le visiteur appréciera aussi de découvrir d’autres réalisations de Wagner comme l’église Saint-Léopold am Steinhof ou die Postsparkasse, dont la modernité et la sobriété surprennent par contraste. Si les maquettes et les reproductions à l’échelle sont les bienvenues et évitent une exposition trop ‘’plate’’, elles ne rendent malheureusement pas justice à la beauté des monuments eux-mêmes - mais on reconnaît qu’il aurait été difficile de déplacer le bâtiment de la Caisse d’Epargne de la Poste de Vienne jusqu’au Palais de Chaillot !

• Enfin, le visiteur appréciera que l’oeuvre d’Otto Wagner, bien que plus que centenaire, soit restée un modèle de fonctionnalité qui répond aux enjeux contemporains de la métropole viennoise : la carte actuelle de Vienne et ses monuments achève de nous donner envie de partir pour l’Autriche et d’aller contempler l’oeuvre de Wagner de nos propres yeux.

Quelques réserves

• Pas un point faible, mais une réflexion : il semble toujours compliqué de marketer efficacement une exposition sur un artiste plus intime que certains de ses contemporains, et sans oeuvre ‘’majeure’’ - encore une fois, on sait peu commode de déplacer un monument entier ! et on le regrette d’autant plus que cette exposition est superbement didactique et bien pensée : elle attirera, pour sûr, les amateurs d’architecture et d’Art Nouveau, et on espère un public encore plus large !

Encore un mot...

Que vous aimiez le baroque ou l’Art Nouveau, que vous connaissiez Vienne ou cherchiez une destination pour un prochain week-end, ou que vous souhaitez tout simplement regarder des choses belles imaginées par un visionnaire et excellemment présentées, rendez-vous jusqu’en mars au Palais de Chaillot.

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