La disparition de Josef Mengele

Vertige aveugle du mal. Ahurissant, universel, important.
De
Olivier Guez
Editions Grasset - 240 pages
Notre recommandation
5/5

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Thème

À la fin de la Shoa, Josef Mengele, l’Ange de la Mort, comme beaucoup d’anciens nazis, quitte l’Europe et se réfugie en Argentine. Aidé par une famille et un Etat Argentin pour le moins compréhensifs, pour ne pas dire complices, il coule des jours heureux et prospères à Buenos Aires. Mais peu à peu la chance tourne, le changement de gouvernement et les succès du Mossad mettent un terme soudain à sa retraite paisible et ensoleillée. Commence alors une fuite continue qui devient sa seule et unique occupation. Voyant la mort partout il ne vit plus et devient totalement obsédé par des dangers supposés ou réels.

Malgré tout, à aucun moment il ne se rend compte de la clémence du sort qui ne le punit que trop peu pour ses actes odieux. Ilressasse ses idées perverses et honteuses telles des vérités absolues. Il accuse tous ceux qui l’entourent de ne pas comprendre la grandeur de son œuvre alors qu’en se rendant complices de sa fuite, ils sont aussi complices de tous ses crimes.

Olivier Guez utilise une imagination non dénuée d’humour pour décrire le manque absolu d’humanité qui a permis l’irréparable. Il imagine des situations et des personnages pour pallier les zones d’ombre de l’Histoire et mieux expliquer comment celui qui a été à l’origine de tant de souffrance a pu éviter tout procès et toute condamnation. 

Ce roman porte aussi un message bien particulier dans l’analyse qu’il fait de la liberté. Même si on ne peut que haïr le personnage principal, force est de reconnaitre qu’il est emprisonné dans la vision psychotique de son parcours et sa volonté absurde de justifier ses actes.

Points forts

Un livre qui nous touche universellement non seulement dans son sujet historique mais aussi dans l’analyse de la psychologie du mal et de l’horreur. Le sujet est malheureusement très actuel dans le contexte de violence et de haine dans lequel nous vivons.

Quelques réserves

L’humour peut en choquer certains même si à mon avis ce n’est un mode d’expression remarquablement utilisé en l’occurrence.

Encore un mot...

La folie n’est pas une excuse ni même une explication. Même s’il faut être psychologiquement dérangé pour participer à la Shoa et croire au nazisme, cela n’enlève rien à la culpabilité de ceux qui l’ont mis en œuvre… et de ceux qui aujourd’hui encore commettent l’irréparable sous couvert d’une idéologie quelconque.

Une phrase

« Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. »

L'auteur

Journaliste et écrivain, Olivier Guez a publié un scenario, des romans et des essais. Il vient donc de recevoir le prix Renaudot 2017 pour ce livre, La Disparition de Josef Mengele. Il avait déjà reçu un certain nombre de prix pour le scénario qu’il a écrit sur Fritz Bauer, qui a joué un rôle décisif dans la capture d’Adolf Eichmann

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