Maman a tort

Une excellente petite série, tout simplement !
De
Véronique Lecharpy, d'après le roman de Michel Bussi
Mini-Série TV, Netflix et coffret DVD
6 épisodes, première diffusion sur France 2 en 2018
Durée des épisodes : environ 50 mn
Avec
Anne Charrier, Pascal Elbé, Camille Lou, Tom d'Ornano, Sophie Quinton
Notre recommandation
4/5

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Thème

Malone est un drôle de petit garçon, qui a peur de la pluie, dessine des ogres et des fusées, et bien souvent, deux mamans. La directrice de son école, au Havre, prudente, demande à un psychologue scolaire d'explorer l'imaginaire de cet enfant, qui semble - à ce détail près - bien dans sa vie, bien avec ses parents. La traduction en mots de ces dessins amène Vasile (le psy) à contacter la commissaire de police du Havre, persuadé que Malone a connu un traumatisme qu'il ne peut oublier car des événements de son quotidien le lui rappellent constamment.

Marianne Aubrais, la commissaire est empêtrée dans un braquage à mains armées qui a fait trois morts, et reste à élucider - les braqueurs survivants se sont enfuis, les bijoux volés sont introuvables. Mais à force d'insistance des uns et des autres, et des questions d'Angie, la jeune amie du commissaire, après un "accident" tragique, ces deux affaires pourraient bien quitter leurs chemins parallèles pour n'en former qu'un. Mais alors, pourquoi un enfant de quatre ans, par la force de ses dessins, s'inventerait-il une autre Maman ?

Points forts

Cette série est courte et bien menée. Si l'intrigue doit évidemment beaucoup au talent de Michel Bussi, elle le doit aussi à la qualité des comédiens, au premier rang desquels on a envie de mettre Tom d'Ornano, 6 ans au moment du tournage. Dans son rôle d'enfant tendre mais habité d'un souvenir qu'il conserve comme un secret, il aimante l'écran, et donne à tous les épisodes une troublante crédibilité. 

Les autres comédiens, évidemment plus matures, sont aussi bien dans leurs rôles - de flics, dont il est donné à partager le quotidien, les doutes, et les pratiques pas toujours rigoureusement légales, de parents (de Malone), de malfrat buriné par la violence, d'ange peut être, tous, ou presque, slalomant avec leurs propres fantômes.

La ville moderne du Havre et son architecture si particulière due à Auguste Perret (dont l'église Saint Joseph) sont très joliment filmées, comme la côte normande, et les corons des Hauts de France - brève et importante escapade dans ce presque huis clos entre la ville et la côte. A ce titre, hommage au réalisateur, François Velle, pour la qualité des images, en particulier pour l'atmosphère étonnante et mystique de l'église Saint Joseph et de son remarquable clocher, ajouré des verres de couleurs.

Comme dans beaucoup de séries, le temps est donné aux "temps morts", portraits, expressions, autant d'évocations des tourments intérieurs des personnages, ou des ambiances particulières des lieux, dont il ne manquerait que les parfums et les embruns.

Quelques réserves

Contrairement à son titre, cette série est clairement "policière". Pas de cascades ni d'hémoglobine sur l'écran, pas d'angélisme non plus. Ce n'est pas une réserve, c'est une information pour éviter les malentendus ! Si elle mélange action et enquête, elle laisse assez largement place à l'expression de la psychologie des personnages plutôt que de puiser dans le registre d'une violence "exposée" pour attirer son public.

Encore un mot...

Si cette série est fondamentalement une histoire de femmes, sur des femmes dans la tourmente de leurs vies, il y a une mystérieuse poésie dans les tourments de Malone, une vraie tension dramatique à la percussion de deux affaires que rien ne semblait rapprocher. Maman a tort ? Si vous n'avez pas lu le roman, il vous faudra attendre la fin de la série pour en dénouer tous les fils, si bien tissés par le romancier, et bien tendus par Véronique Lecharpy qui en a assuré l'adaptation, prise en main par une équipe de comédiens sobres dans leur jeu, et vraiment crédibles dans leurs rôles.

Sorti en 2018 et première adaptation sous forme de série d'un thriller de Michel Bussi (publié en 2015), Maman a tort n'a  pas pris une ride. A voir pour découvrir le secret de ce petit garçon au rôle simple, discret mais hypnotisant.

L'auteur


Michel Bussi (né en 1965), professeur de géographie universitaire en Normandie, a publié son premier roman à quarante ans, en 2006 (Code Lupin, PTC). Il a véritablement décollé à l'édition de son deuxième roman Nymphéas noirs en 2011. Le roman Un avion sans elle (2012) est couronné du prix de la Maison de la Presse. S'ensuit une série de succès qui ont une large faveur du public :  Ne lâche pas ma main (2013), Gravé dans le sable (2O14), Maman a tort (2015)... Certains de ses romans ont été adaptés en BD, d'autres sont devenus des séries télévisées. Ses ouvrages sont traduits dans 37 pays. Les 5 romans cités ci-dessus sont édités aux Presses de la Cité. Cette synthèse a été empruntée à la chronique d'Anne Marie Joire-Noulens sur le Code 612, qui a tué le petit prince, publié en octobre 2022. https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/romans/code-612-qui-tue-le-petit-prince

Véronique Lecharpy est auteur, depuis 1997 de nombreux scénarii de séries, de documentaires, d'adaptations de romans pour la télévision ou le cinéma. Elle est également productrice.

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