Du domaine des murmures
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Thème
En l'an 1187, Esclarmonde, jeune fille pétillante et vive, est fiancée à Lothaire à la demande de son père. Mais habitée par une foi ardente, elle refuse cette union, provoque un esclandre le jour du mariage, et choisit de se faire enfermer dans la chapelle du château afin d’entrer « toute vive dans le domaine des murmures » pour prier Dieu.
La veille de sa réclusion, elle est violée par un soudard anonyme. En outre, elle découvre que son réclusoir improvisé, loin d’être un asile la mettant à l’abri du monde et lui offrant toutes les conditions de la perfection morale, la rend aussi dépendante de son environnement, avec lequel elle communique par une fenestrelle. En effet, le reclus n’est pas solitaire : pris en charge par la communauté il accueille pélerins en quête de salut et représentants du clergé.
- Et voilà qu’un jour, Esclarmonde se rend compte qu’elle « porte le fruit du démon »
Points forts
- Un bien beau sujet que celui de la recluse, figure féminine et familière de la ville médiévale, qui vit dans cet intermédiaire entre la maison et la tombe.
Quelques réserves
Le texte sonne parfois faux : c’est dû à la nature de l’écriture poétique, jolie mais apprêtée. • En utilisant la recluse pour dire la folie d’un père jadis affectueux, le viol, l’inceste, les stigmates, l’enfant volé, la condition féminine - dont on se demande si le propos est de la rendre intemporelle ? - l’écrivaine Carole Martinez passait déjà à côté de son sujet.
Et la qualité de l’interprétation de Jessica Astier qui clame, proclame et crie beaucoup sans toujours susciter l’émotion du spectateur, ne fait qu’ajouter de la confusion à cet amoncellement de pathos… pour dire quoi en définitive ?
La mise en scène est aussi chichiteuse que le réalisme onirique du décor se fait pesant : figurer une tour construite pour la circonstance comme une ruine est déjà surprenant, mais les projections sur les panneaux de tissus qui encadrent la ruine, la fumée, le jeu avec les bougies et les cierges peuvent déconcerter. On pouvait imaginer que, pour alléger un texte assez lourd, William Mesguich ferait des choix de mise en scène plus sobres.
Encore un mot...
Un conte, une fiction historique, un portrait de femme, un récit de ce qu’est l’amour maternel, une histoire d’inceste, une histoire de passion (puisqu’il s’agit de souffrir et, en se sacrifiant, de sauver le monde) : le spectacle montre tout cela.
L’enfermement est ici la voie de l’émancipation, de la libération pour une insoumise qui croit n’aimer que Dieu.
Une phrase
- « Il sentait le vin et la guerre. »
- « La douleur est une saison en soi. »
- « Mes peines ne supportent plus les leurs. »
L'auteur
- Après son premier succès Le cœur cousu, Carole Martinez a été récompensée en 2011 par le prix Goncourt des lycéens pour Du domaine des Murmures, publié chez Gallimard.
- Depuis, elle poursuit sa carrière de romancière à succès, contant souvent des histoires de femmes sur le chemin de l’émancipation.
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