Le secret de Sherlock Holmes

Quel régal de percer un tel secret !
De
Christophe Guillon et Christian Chevalier
DUREE: 1h35
Mise en scène
Christophe Guillon
Avec
Hervé Dandrieux, Christophe Guillon (ou Romain Ogereau), Emmanuel Guillon, Laura Marin, Didier Vinson
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Le Café de la gare
41, rue du Temple
75004
Paris
01 42 78 52 51
Jusqu’au 1er février 2026. Du mercredi au samedi à 19h30 ou 21h15, le samedi à 15h30, le dimanche à 16h

Thème

  • Nous sommes en 1881 à Londres, et assistons à un meurtre sur les quais embrumés de la Tamise. L’inspecteur Lestrade est sollicité pour mener l’enquête… mais il n’est pas seul sur l’affaire, heureusement d’ailleurs, car il « voit tout mais n’observe rien.d » 

  • En effet, voici que se présentent le docteur Watson, un ancien médecin major ayant servi en Afghanistan : devenu médecin légiste et un peu porté sur la bouteille, il est sollicité par Lestrade, et va s’acoquiner avec Sherlock, qui n’est pas encore le grand Holmes et cherche pour l’heure un colocataire pour partager son appartement sis au 221bis Baker street... 

  • Ce crime, dont il apparaît vite qu’il est lié au vol dans la Tour de Londres d’un diamant jaune à la valeur inestimable, intéresse notre célèbre détective pour une raison qui nous intrigue autant qu’elle nous échappe. 

  • Les trois protagonistes vont tenter de percer les mystères entourant ce cadavre éventré, nous entraînant dans un tourbillon d’énigmes, de duels, de coups de théâtre virevoltant, avec un humour rafraîchissant et omniprésent.

Points forts

  • Une intrigue très bien écrite et construite, avec des personnages complexes, mais intelligemment rehaussés de gags méticuleusement soignés.

  • Chaque personnage est parfaitement incarné, de la mystérieuse et ambivalente Laura Marin, au fourbe et cruel Christophe Guillon, au placide et sympathique Hervé Dandrieux, avec bien sûr Didier Vinson, qui campe un Sherlock à la fois trouble, magnétique et facétieux, avec ses airs à la Willem Dafoe.

  • Ce petit chef d’œuvre d’horlogerie est servi par une mise en scène intelligente, loufoque, précise, qui nous offre un spectacle populaire au rire salvateur, oscillant du subtil (l’éloge du Whisky « Pur Malt 68 ») au Grand Guignol dans sa plus belle tradition, avec des scènes d’anthologie – comme celle de l’autopsie – qui jalonnent la pièce, et un Emmanuel Guillon intenable qui campe un Lestrade irrésistible, s’essayant à la mastication d’un chewing gum, nouveauté importée des USA…

  • Tous les ingrédients d’une excellente soirée sont là. S’il est difficile d’écrire une intrigue policière au théâtre avec un personnage aussi fameux que celui de Conan Doyle, les auteurs ont su s’affranchir du carcan, en nous plaçant dans le rôle d’enquêteurs. Les temps laissés aux spectateurs pour réagir, l’écoute des comédiens à la perception du public favorisent une réelle complicité de la salle au plateau. On suit à la lettre le précepte de Michel Bouquet, pour qui les comédien-ne-s devaient être bien conscient-e-s que le public vient jouer avec eux autant qu’ils ou elles jouent avec lui.

  • Pas de place donc pour l’ennui, dans un spectacle facétieux et jubilatoire, mais aux mouvements d’horlogerie minutieusement réglés, dans ce Café de la gare, où l’on est « bien accueilli, mais mal installés. » 

Quelques réserves

  • Tout au plus peut-on relever que certaines blagues un peu grivoises ne sont pas vraiment indispensables, surtout si le spectacle veut (et peut) s’adresser à un jeune public ; du reste, l’humour anglais n’y retrouve pas vraiment ses petits.

  • Autre petit bémol : l’affiche du spectacle, Holmes vu de dos, fait plus penser à Arsène Lupin qu’à Sherlock avec son ensemble pied-de-poule et sa casquette reconnaissable entre toutes (alors, pourquoi un haut-de-forme ?).

Encore un mot...

  • Quel bonheur que cette représentation ! On se retrouve plongé dans l’enfance, et l’on s’émerveille des rebondissements, les méchants comme les gentils sont épatants. 

  • Ici, pas besoin de solliciter l’IA et d’abuser de décors sur écran pour recréer de manière convaincante celui d’une comédie policière, au contraire d’Arsène Lupin, roi des illusionnistes. De la même manière, il est possible de faire rire petits et grands avec le ridicule consommé de ce Lestrade, de manière bien plus efficace que pour le Ganimard d’Arsène Lupin cité plus haut. En somme, à trop vouloir imiter le 7e art, on perd de vue le célèbre aphorisme de Jean-Claude Van Damme : « le théâtre c’est différent que le cinéma. »

  • Cette comédie policière très réussie vous invite à venir percer ce mystère en famille et/ou entre amis et vous offre très belle occasion de finir l’année en beauté, ou de commencer la suivante dans les mêmes dispositions ! 

  • Bref, ne pas aller voir ce vrai polar d’époque serait... coupable !

Une phrase

  • Lestrade : « Tâchez donc de m’étonner Holmes, en nous révélant le nom de cet audacieux cambrioleur ; (…)  je n’aime pas beaucoup vos airs supérieurs !
    - Holmes Mes airs supérieurs ou… ma supériorité ? »

  • Holmes : Si vous êtes tendue, mademoiselle, vous n’avez qu’à appuyer sur la détente !
    - Kathryn [qui le menace d’un revolver] Retournez-vous ! 
    - Holmes : Rassurez vous Watson, il n’est pas chargé ! [elle tire en l’air, le coup part]… Pas de commentaires, Watson ! »

  • Le comte Silvius [se voulant rassurant envers Kathryn, dont il vient d’éventrer le père] : « Ton père est beaucoup plus ouvert que tu ne le penses… »

  • Lestrade [ivre mort] : « A quelle heure il faut l’agresser ce steak ? » [au lieu d’ « A quel ordre il faut l’adresser ce chèque ? »]

L'auteur

  • On a croisé Christophe Guillon aux côtés de Gérard Depardieu et d’Antoine de Caunes au cinéma, et au théâtre sous la direction de Jean-Marie Villégier et Jacques Lorcey.

  • Christian Chevalier a été dirigé par Alexander Lang et Roger Planchon à la Comédie Française, et s’est fait remarquer notamment au côté de Pierre Santini dans Cyrano de Bergerac.

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