Françoise par Sagan

Bonjour finesse !
De
Caroline Loeb
D’après « Je ne renie rien » de Françoise Sagan
Mise en scène
Axel Lutz
Avec
Caroline Loeb
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Marais
37 rue Volta
01 71 73 97 83
Jusqu'au 31 décembre 2016: Lundi et mardi à 19h Samedi à 17h

Thème

Seule en scène, Sagan évoque des souvenirs de jeunesse, dessine son autoportrait, parle de la vie, de sa vie, raconte sa profession d’écrivain et aborde tous les thèmes chers qui ont nourri son œuvre.

Points forts

1) Le texte du spectacle est un montage de réponses que Françoise Sagan a faites dans le cadre d’interviews. L’exercice n’est jamais facile. Face à un journaliste, surtout à la radio et à la télévision, tout est affaire de spontanéité puisque le repentir n’est pas de mise. Impossible de remâcher une idée, de revenir sur une pensée, de polir une phrase comme devant une feuille de papier. Sagan ne fut pas seulement un grand écrivain mais aussi une femme d’une remarquable intelligence, aiguisée, fine, de tous les instants. Pour preuve, ses interviews ont été conservées, éditées, rééditées et sont donc, aujourd’hui, interprétées sur une scène.

2) Que nous dit-elle exactement ? Bien sûr, elle évoque sa légende faite de verres de whisky et de voitures rapides, de boîtes de nuit et de casinos, de célébrité éclatante, de fortunes fluctuantes, mais derrière cette panoplie à la Fitzgerald qu’elle s’était résignée à porter « comme une voilette », Sagan laisse apparaître son vrai visage. Elle explique son rapport au temps – notre vraie richesse selon elle-, son goût pour la liberté, sa passion pour la littérature (Proust, Stendhal, Dostoïevski, Sartre, Faulkner…), l’importance qu’elle accorde à l’imagination et à l’humour, la prépondérance de la solitude dans nos existences, et enfin sa curiosité sans fin et sa tendresse sans fond pour les gens, les autres, ses semblables.

3) Caroline Loeb a fait une bonne adaptation de l’ouvrage « Je ne renie rien » publié chez Stock, un texte bien serré, dense, varié, bien rythmé, sans longueur.

4) Jouer le personnage de Françoise Sagan au théâtre, c’est aller au casse-pipe ! En cinquante ans de carrière, elle fut souvent invitée à la télévision. Du coup, chacun connaît son visage, sa frange blonde et surtout son phrasé rapide, saccadé, un peu bafouillant, pas toujours audible (Les Guignols de l’Info l’on suffisamment brocardée). Comment jouer tout cela ? Bien dirigée par Alex Lutz et conseillée par la comédienne Sophie Barjac, Caroline Loeb ne cherche pas à l’imiter, elle la recrée. Elle lui donne une lassitude amusée, une douceur désabusée.

Quelques réserves

Dommage qu’il y ait moins de souvenirs concrets dans la seconde partie. Sagan, qui maniait si bien l’humour, n’avait pas sa pareille lorsqu’elle évoquait des événements de sa vie personnelle.

Encore un mot...

Disparue en 2004, Françoise Sagan n’est pas oubliée. Après le film réalisé par Diane Kuris avec Sylvie Testud et un premier seule-en-scène de Prune Lichtlé, Caroline Loeb la fait donc revivre en disant des extraits de ses meilleurs entretiens avec la presse. 

Une heure d’intelligence absolue, de grande lucidité, d’humour, de gentillesse aussi. On ressort ébloui par sa pensée originale et intimement touché par son regard sur l’existence.

Une phrase

Françoise Sagan : « Je suis quelqu’un qui se blesse. »

L'auteur

Françoise Sagan (1935-2004) est entrée en littérature avec rapidité et fracas, à la manière dont elle conduisait ses voitures. Elle a dix-huit ans lorsqu’elle publie en 1954 « Bonjour tristesse », un premier roman court, superbement écrit et qui fait scandale. Elle reçoit le prix de la Critique ; Mauriac la qualifie de « charmant petit monstre » dans Le Figaro ; les ventes s’emballent ; elle est lancée. Tout en prétendant être paresseuse, elle voue sa vie à l’écriture, signant une vingtaine de romans et une dizaine de pièces. « Je suis romancière par vocation et écrivain de théâtre par amusement », disait-elle.  On lui doit aussi des chansons, des chroniques, des nouvelles, des Mémoires… Ceux qui lisent vite et sans attention la prirent à la légère, qualifiant avec condescendance son écriture de « petite musique ». Comment firent-ils pour ne pas se rendre compte qu’ils étaient face à l’une des plus jolies plumes du XXe siècle ?

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