
Rose Royal
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Thème
A 50 ans, Rose a roulé sa bosse. Elle bosse (!), elle a un bon job, c’est une belle femme pétillante et pleine d’énergie. Elle se débrouille bien, mais sa vie sentimentale bien remplie et passablement agitée ne lui a apporté que des déconvenues. Alors, de temps en temps, elle passe au Royal, sorte de café-concert du samedi soir, où elle se console discrètement et avec modération. Une petite bière par-ci, une autre par-là...
- Elle a surtout une très très bonne copine. Heureusement car pour les hommes ! Elle les a tous essayés, allant de déception en déception. Pour la plupart « Ce sont des gros c… ». Alors elle s’est acheté un calibre 38. On ne sait jamais. Et puis soudain, un homme bien bâti passe la porte du caf conc’. Il porte dans ses bras quelque chose de mou, enveloppé d’un linceul blanc, tout ensanglanté.
- L’homme s’appelle Luc. Luc a de belles mains. Ce qu’il porte est un chien gémissant. Pan ! Pour abréger ses souffrances, Rose a tiré. L’aventure de Luc et de Rose va commencer ; au début c’est un vrai conte de fées. Sauf que… Et tout va partir en sucette !
Points forts
Le jeu enlevé, enjoué, souvent émouvant d’Anne Charrier et, en particulier, son jeu de jambes, cible virtuelle des féminicides.
Armée de son .38, un gros calibre, et d’un humour désarmant (!) Rose se déchaine verbalement faisant monter l’adrénaline.
La mise en scène originale et décalée, avec un ameublement enveloppé à la Christo. Un lit encombrant avec ses draps d’un blanc virginal. Créatif, avec plein de signes et de symboles à décoder : ça sert de coussin, de plateau ou de piste de danse ? On reste ou on s’en va ?
L’écriture, excellente : Rose royal est un thriller psychologique au mécanisme dramatique et implacable, la tension s’accroit progressivement, le suspense progresse entre deux personnages dont l’un reste dans l’ombre. Mais “l’homme“ rode, on le sent. Après les moments d’ivresse, c’est la désillusion mais elle l’a aimé. On s’attend au pire et pourtant la conclusion est inattendue.
Quelques réserves
Il y en a assez peu sauf une, et de taille : on ne comprend pas très bien.
Rose emporte tout, même si l‘évocation de la scène des ébats non complètement aboutis du couple (en toute discrétion) nous ramène à un terre à terre dont le réalisme verbal nous éloigne des chemins de la poésie. Mais la question fondamentale demeure : qui et pourquoi ?
Une phrase
« Je m’appelle Rose. J’ai 50 ans Je m’en fous, j’ai de beaux restes, et avec les mecs, je sais me défendre. »
- « Je peux vous dire que le dernier mec avec qui je suis sorti a eu chaud . »
- « Il regardait le JT pendant que j’étais au téléphone ; tout d’un coup, il me sort “Tu vas la fermer ta gueule ?“. Le lendemain j’achetais mon .38 sur un site américain avec une boite de cartouche. 650 € ! »
L'auteur
Nicolas Mathieu, scénariste et écrivain, est né Epinal le 2 juin 1978. Après des études d’histoire et de cinéma, il écrit d’abord Aux animaux la guerre (Actes Sud), qui remporte le prix Erckmann-Chatrian, le prix Mystère de la critique et le prix Meilleur espoir polar, puis il publie Leurs enfants après eux (Lattès), récompensé par le prix Goncourt en 2018 et adapté au cinéma.
Très marqué à gauche, il est cité par Le Monde comme un des auteurs de sa génération qui compte. Rose Royal, livre écrit dans la foulée (2020) de la remise du prix Goncourt constitue un « petit pas de côté » !
Nicolas Mathieu fait partie d’une nouvelle génération de people, cf. son compagnonnage avec Charlotte Casiraghi, fille de la princesse Caroline de Monaco et ex-belle fille de Carole Bouquet.
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