« Le cas Eduard Einstein »

Un père génial, un fils dément: une pièce aussi percutante qu'intelligente et sobre.
De
Laurent Seksik
Mise en scène
Stéphanie Fagaudau
Avec
Avec Michel Jonasz, Hugo Becker, Josiane Stoléru, Pierre Benezit, Amélie Manet, Jean-Baptiste Marcenac
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Comédie des Champs-Elysées
15 avenue Montaigne
75008
Paris
01 53 23 99 19
Du mardi au samedi, 20h30. Dimanche, 16h. Jusqu'au 28 juillet 2019
Vu
par Culture-Tops

Thème

Génie de la science au 20ème siècle, il a publié la théorie de la relativité restreinte (1905) puis celle de la gravitation, appelée aussi théorie de la relativité générale (1915). Il a contribué au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie, et acquis la réputation éternelle avec une équation (E=mc²) montrant l'équivalence entre la matière et l'énergie d'un système. Son explication de l'effet photoélectrique lui vaudra, en 1921, le prix Nobel de physique. 

Voilà, pour la vie publique, ce qu'on connait d'Albert Einstein, né à Ulm (Allemagne) le 14 mars 1879. Côté vie privée, on sait à peine qu'il a eu trois enfants : deux garçons (Hans Albert et Eduard) et une fille (Lieserl). Et qu'il a vécu un drame immense avec Eduard, souffrant de schizophrénie et interné dans un hôpital psychiatrique de Zurich, le Burghölzli, pendant trente-trois ans, de 22 à 55 ans... 

D'un côté, donc, ce père pris par ses travaux, victime de la montée du nazisme, exilé en Suisse puis en Amérique où il sera soupçonné d'être communiste. Ce père qui, d'une formule, avoue que son fils est le seul problème auquel il ne trouve pas de solution. La solution... Ce père qui dit aussi, réfugié aux Etats-Unis, ce pays qui ne l'accepte pas vraiment : « Et la folie de mon fils me ferait plus peur qu'Hitler, Staline et Hoover réunis ? » 

De l'autre côté, donc, le fils, Eduard, le deuxième enfant Einstein, né en 1910. Interné parce que fou. Dans sa chambre-cellule, il n'aura de visites que celles de sa mère Milena et de l'infirmier. Son quotidien alterne entre crises et confidences. Un jour, avant de partir pour les Etats-Unis et l'exil à Princeton, le père viendra voir le fils. Ils ne se reverront plus jamais. En avril 1955, apprenant la mort de son père, Eduard Einstein dira : « J'ai vécu vingt-trois ans avec un père proche et vingt-deux sans père proche »...  et dix ans plus tard, devenu jardinier au Burghölzli tout en y étant toujours interné, il mourra. Il n'aura jamais revu son père...  

Points forts

-Dans son roman « Le cas Eduard Einstein » (paru en 2013), Laurent Seksik montrait un père glorieux et génie de la science, désarmé et impuissant face au drame de son fils. En l'adaptant pour le théâtre, il a parfaitement gardé ce dilemme; mieux, il lui a donné de l'épaisseur.

-La thématique du « fils de » ou comment survivre au génie d'un parent. En devient-on inévitablement schizophrène ?

-La mise en scène aussi intelligente qu'astucieuse de Stéphanie Fagadau, qui, pendant les trois premiers quarts de la pièce, sépare la scène en deux : à gauche, la chambre-cellule du Burghölzli où Eduard passera tant et tant d'années ; à droite, le bureau d'Albert Einstein en Suisse et à Princeton.

-L'interprétation impeccable et inspirée de Michel Jonasz en père de famille Einstein, l'élégance aussi subtile que discrète de Josiane Stoléru dans les habits de Milena, la mère, et la performance étourdissante d'Hugo Becker, plus que convaincant en Eduard,  le fils fou.

Quelques réserves

Le comportement du père, génie de la science, vis-à-vis de son fils peut paraître insuffisamment explicité.

Encore un mot...

Un père génial, un fils dément... Sur un drame familial peu connu, Laurent Seksik avait écrit un roman impeccable. Il en a signé, pour le théâtre, une adaptation encore plus prenante. Une pièce qui sait, avec pertinence et efficacité, évoquer une tragédie sans jamais plonger dans le pathos ou le ridicule.

L'auteur

Né en 1962 à Nice (Alpes-Maritimes), Laurent Seksik est un écrivain et médecin français. Interne des hôpitaux de Paris, il se spécialise en radiologie et rédige, en 1991, sa thèse « Extension pariétale des Cancers Bronchiques en Imagerie par Résonance Magnétique » qui paraîtra en anglais dans le journal américain « Radiology ». Il confie écrire depuis l'âge de 18 ans et avoir été, à 22 ans, encouragé par J.M.-G. Le Clézio à continuer et persévérer. Il publie son premier roman en 1999 : « Les Mauvaises Pensées ». Suivront « La Folle histoire » (2004), « La Consultation » (2006), une biographie- « Albert Einstein » (2008), « Les derniers jours de Stefan Zweig » (2010), « La Légende des fils » (2011), « Le cas Eduard Einstein » (2013, 120 000 exemplaires vendus en France, traduit en 18 langues), « L'Exercice de la médecine » (2015), « Romain Gary s'en va-t-en guerre » (2017) et « Un fils obéissant » (2018). Il prépare un « Dictionnaire amoureux de Stefan Zweig » (sortie prévue en 2021).

Un temps critique littéraire à la télévision (2003- 2006), Laurent Seksik écrit également pour le théâtre. Après avoir adapté pour la scène un de ses romans (« Les derniers jours de Stefan Zweig », 2013) et l'autobiographie de Stefan Zweig, « Le Monde d'Hier » (2016), il présente sa première pièce « originale » en 2017 : « Modi ». En ce début 2019, il présente donc l'adaptation de son roman « Le Cas Eduard Einstein »

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