L’homme à la tête de chou

Un hommage à Gainsbourg proche de la perfection, mais qui pèche là où on ne s’y attendait pas...
De
Serge Gainsbourg
Mise en scène
Jean-Claude Galotta
Avec
12 danseurs
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond-Point
Du 17 au 29 septembre à 18h30 (puis en tournée dans toute la France)
Lu / Vu par

Thème

• Cette chorégraphie pour douze danseurs fut présentée pour la première fois il y a dix ans, et créée par Jean-Claude Galotta à partir du concept-album éponyme de Serge Gainsbourg (1976). L’oeuvre fait ici l’objet d’une nouvelle orchestration et d’une version enregistrée par Alain Bashung peu avant sa disparition. 

• Un homme d’âge mûr, alias du compositeur-interprête (puisque son visage arbore aussi les mêmes « feuilles de chou ») fait la connaissance dans un salon de coiffure d’une belle, jeune et - apparemment - innocente shampouineuse : la passion charnelle qui le lie immédiatement à cette Marilou se transforme chez lui en délire de jalousie et de possession. Lequel des deux aura le plus d’emprise sur l’autre ?

Points forts

 • La chorégraphie et la troupe de Jean-Claude Galotta sont impeccables : danseurs et danseuses se relaient pour interpréter les protagonistes et les situations sensuelles et infernales du couple, sans tape à l’œil, c’est-à-dire ici sans recours récurrent à la nudité ou aux ébats des protagonistes. La précision des gestes et des placements, l’occupation de ce plateau noir et dépouillé de tout élément de décor (sinon un fauteuil de coiffeur), ainsi que la disponibilité et l’énergie des danseurs et danseuses sont un régal pour l’oeil

• L’orchestration et les musiques additionnelles assurées par Denis Clavaizolle témoignent qu’il a parfaitement saisi l’atmosphère électrique de la première moitié des années 1970, où les guitares saturées et mélodiques ainsi que la pédale wah-wah régnaient en maîtres sur le rock anglo-saxon, sans toutefois que soient négligés rythmes tribaux, accents symphoniques et premiers balbutiements du reggae.

Quelques réserves

• Nul ne semblait mieux indiqué qu’Alain Bashung pour une nouvelle version de L’homme à la tête de chou : après tout, les deux artistes s’estimaient et avaient déjà collaboré musicalement dans Play blessures. La voix et les atmosphères cultivées par Alain Bashung semblaient on ne peut plus compatibles avec les textes et les musiques de son aîné.

• Malheureusement, quand le projet se met en place, entre 2008 et 2009, la maladie empêche Bashung de finaliser son travail, de sorte qu’il livre un enregistrement pouvant pratiquement s’apparenter à une maquette. On entend bien qu’il s’agit d’une sorte de “mise en bouche“, et que l’artiste n’a, la plupart du temps, pas encore pu prendre la mesure de l’œuvre et définir précisément ce qu’il pouvait lui apporter. Et cela ne pardonne pas, car la plupart des textes interprétés le sont dans le talk over vers lequel Gainsbourg s’orientait de plus en plus résolument. C’est pourquoi la version inaboutie enregistrée par Bashung est moins honteuse que prometteuse, mais elle souffre de la comparaison avec l’originale, et tranche un peu avec l’extrême qualité des orchestrations et de la chorégraphie.

Encore un mot...

Quand l’extase sensuelle le dispute à la torture mentale sur fond d’un rock somptueux et hybride, la danse nous donne à voir ce que Gainsbourg martèle depuis Je t’aime, moi non plus : « l’amour physique est sans issue ».

Une phrase

« Là-dessus, cette Narcisse / Se plonge avec délice / Dans la nuit bleu pétrole / De sa paire de Levi’s...» (Variations sur Marilou)

L'auteur

• On ne présente plus Serge Gainsbourg (1928-1991), auteur, compositeur et interprète, mais aussi peintre et cinéaste à ses heures. Dès ses débuts dans la chanson française (à la fin des années cinquante), il lui apporte sa touche personnelle, toute en distance grinçante et provocatrice. Son éclectisme, son talent de parolier et son ouverture à des compositeurs issus de cultures musicales variées lui permirent d’échapper au dégagisme provoqué par la vague yé-yé en France, puis à creuser son sillon dans une œuvre aussi originale qu’ambitieuse au début des années 1970, dont Melody Nelson (1971) puis L’homme à la tête de chou - inspiré d’une statue achetée en 1968 et qui trôna dans le jardin de l’artiste et figura sur la pochette de son album - furent les points d’orgue. 

• L’homme... concept-album très abouti reçut pourtant à l’époque de sa sortie un accueil contrasté : succès d’estime, mais échec commercial patent. Il fait à présent l’unanimité et influença de nombreux artistes français de la nouvelle chanson française, dont un certain... Alain Bashung.

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