Chroniques festivalières d'Avignon - 11 juillet 2025

Notre recommandation
4/5

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  • A la lumière des Misérables - de Sarkis Tcheumlekdjian

Théâtre le Petit Chien les 6, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 24, 26 juillet à 10h15 

Mise en scène S. Tcheumlekdjian 

Avec : M. Marazita, I. Plancher et E. Ruffin 

24 décembre 1915 : une jeune réfugiée s’est endormie dans le Vieux Port de Marseille avec un exemplaire des Misérables de Victor Hugo entre les mains. Dans son sommeil, elle se réveille le 24 décembre 1831 à l'intérieur du roman et rencontre Gavroche, le gamin des rues qui se prépare à rejoindre la barricade. Une étrange relation s’établit entre eux. La jeune fille, consciente du destin tragique de Gavroche, tente de le mettre en garde contre la mort imminente qui l'attend. De son côté, avec la bravoure et l'insouciance qui le caractérisent, Gavroche cherche à aider cette inconnue privée de ses racines. Ensemble, ils décident de défier le destin, chacun essayant à sa manière de sauver l'autre, dans un monde de lutte et de sacrifice.

C’est un nouveau coup de cœur pour un spectacle profondément émouvant sur l’enfance en exil au travers du prisme de deux héros de fiction : Gavroche et la petite fille aux allumettes. C’est l’histoire d’une amitié qui se forge dans les vicissitudes, la force de la résilience et du combat pour la vie. C’est aussi la force de l’enfance à braver toute situation avec insouciance et bravoure, l’un protégeant l’autre face à un destin précaire (et c’est toute l’intelligence de ce spectacle que ce destin soit réel ou fictionnel). Une scénographie et une conception lumière poétique et picturale, quasi cinématographique nous embarque dès la première minute réveille en chacun de nous l’empathie trop souvent en sommeil face aux malheurs du monde. Un très beau spectacle profondément humain.

Recommandation :  5 cœurs

 

  • Le schpountz – de Marcel Pagnol

Théâtre de la Condition des soies du 4 au 26 juillet à 12h50 relâche les 9, 16, 18, 23 juillet

Adaptation : Arthur Cachia
Mise en scèneDelphine Depardieu et Arthur Cachia 

Avec : Axel Blind - Arthur Cachia, Patrick Chayriguès, Simon Gabillet, Milena Marinelli et Jean-Benoît Souilh 

Irénée est un modeste garçon épicier travaillant dans la boutique de son oncle qui l'a élevé. Il rêve de devenir vedette de cinéma. Une équipe de cinéastes parisiens passant par là, amusée par les prétentions de ce "Schpountz", lui signe un faux contrat de comédien. Sourd aux avertissements de ses proches, Irénée papier en poche, monte à Paris et se présente au studio.

Face à un monument du cinéma très marqué par l’acteur qui l’incarnait sur la toile, c’est un pari réussi de nous offrir cette version théâtrale du film éponyme de Pagnol. Dans une mise en scène virevoltante, Arthur Cachia offre au public une comédie attachante et une galerie de personnages hauts en couleurs ; interprétant lui-même un candide hâbleur infiniment drôle et touchant aux côtés d’un Axel Blind fracassant en oncle colérique et un Patrick Chayriguès caméléon irrésistible. Les autres partenaires ne sont pas en reste pour compléter la distribution de cette charmante comédie provençale qui vous met du soleil au cœur en plein cœur du festival. C’est aussi un vibrant hommage au métier d’acteur et un plaidoyer délicieux sur le rire.

Recommandation :  4 cœurs

 

  • Le manuel de la jeune mariée 1957 – de Virginie Lemoine

Atelier Théâtre Actuel du 4 au 26 juillet à 15h45 - relâche les 8, 15, 22 juillet  

Mise en scène : Virginie Lemoine

Avec : Stéphane Corbin, Valérie Zaccomer, Ariane Brousse, Nouritza Emmanuelian, Cloé Horry et Mathilde Moulinat 

Nous sommes en 1957.
À la veille de leur mariage, cinq futures mariées étudient consciencieusement un manuel de bonnes convenances qui leur distille de précieux conseils : éviter toute opinion politique, se montrer inlassablement dévouée à son époux, tenter de mettre au monde une douzaine d’enfants ou encore désinfecter sa maison avec de l’eau claire et du formol. Des conseils ahurissants et pourtant rigoureusement historiques !

« Vous mariez pas les filles ! » chantait Boris Vian dans ces années-là, on comprend bien pourquoi. Virginie Lemoine a eu la brillante idée de déterrer ce manuel hallucinant de conduite pour jeune femme en mal de mari, où les conseils les plus fous rappellent que, fort heureusement, pour les filles d’aujourd’hui la conquête de la liberté de la femme a nécessité un long chemin à nos aïeules pour s’en affranchir. Tout cela est traité avec la légèreté et l’humour propre à Virginie Lemoine avec la complicité de Stéphane Corbin qui signe de jolies chansons et mélodies. Elles chantent, elles dansent, elles témoignent de parcours touchants dans un décor et des costumes acidulés. Un charmant bonbon à déguster qui pétille sous les yeux et la langue. Un régal d’été.

Recommandation :  4 cœurs

 

  • Dans la forêt lointaine – de Clément Marchand

Théâtre des Corps Saints du 5 au 26 juillet à 17h40 relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scène Clément Marchand

Avec : Jean-Baptiste Guinchard, Peggy Martineau et Guillaume Tagnati 

Un père disparu, une mère qui refuse d’oublier, un fils qui voudrait avancer.
Quand une photo surgit du passé, débute alors un voyage haut en couleur sur les traces de ce drame qui les hante.Dans la jungle étouffante d'Amazonie, renaissent les souvenirs : entre colère et amour, il faudra affronter ce qui a été perdu pour espérer se retrouver.

Curieux et émouvant road-trip pour cette mère et son fils à la recherche de la trace de ce marie et père, perdu depuis 30 ans. Le deuil n’est pas fait et le chemin sera semé d’embûche pour arriver au pardon et à la résilience. Tout cela sous l’œil fantomatique d’un père qui tout à la fois n’a pas su grandir, a voulu vivre sa passion au péril de sa vie, sacrifiant pour cela la chose qu’il chérissait le plus : sa femme et son fils. Il les suit, commente leur voyage et tente désespérément d’entrer en contact avec eux pour crever l’abcès des non-dits et justifier son silence. Tout cela parce qu’une photo a resurgi. La rage et la colère noyées sous un flot de tendresse indicible et au bout du chemin… Pour le savoir il vous faudra emprunter la même pirogue que les trois brillants interprètes au cœur cette forêt lointaine qu’ils vont devoir traverser.

Recommandation :  3 cœurs

 

  • Frère – de Clément Marchand

Théâtre des Corps Saints du 5 au 26 juillet à 19h35 relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scèneClément Marchand

Avec : Jean-Baptiste Guinchard et Guillaume Tagnati 

Maxime et Emile préparent le CAP cuisine. Ils ont 15 ans et viennent de milieux très différents. Tout les oppose mais ils sont vite inséparables. Leur complicité est puissante et joyeuse. Elle aide à traverser les épreuves et la dureté de l'apprentissage. Puis ils se lancent dans la vie professionnelle et grimpent ensemble les échelons du monde de la haute cuisine. Le voyage dure 20 ans et les conduira dans un routier, un bistrot fooding, une trattoria minable, un restaurant étoilé. En passant par les gradins d'un stade de foot, une cellule de prison, l'Italie....Ils deviennent des hommes, découvrent la vie et n'en font qu'une bouchée. Et puis le lien s'abîme, rattrapé par la dureté du monde qui les entoure, celui des restaurants gastronomiques où pour survivre il faut devenir une machine.
Qu'adviendra-t-il de leur amitié ?

Une belle histoire de cœur et d’amitié ou la fraternité se heurte au fracas de la cuisine et de son dur apprentissage et de ses sacrifices.  Un portrait à l’acide du monde doré qui fait rêver les spectateurs de « Top Chef » mais dont la dureté met à l’épreuve une complicité. C’est aussi ce qui reste de nos souvenirs d’enfance et de celui ou celle qui était notre inséparable et dont la vie nous a éloigné, dont on croyait qu’il ou elle resterait notre complice pour la vie… Les deux interprètes sont époustouflants de sincérité, de fracture, d’humour et de sensibilité. Une ode à l’amitié, à la bienveillance et un foutu moment de tendresse.

Recommandation :  4 cœurs

 

  • Tres son multitud – de Ariane Liautaud (ballet tango)

Théâtre Golovine du 5 au 25 juillet à 22h00 relâche les 7, 14, 21 juillet

Avec : Karim El Toukhi, Clara Leymonie, Ariane Liautaud, Damien Orsal, Florencia Segura et Eneas Vaca Bualó

Pièce chorégraphique destinée à élargir l’intimité et la connexion du duo de tango argentin à un groupe, Tres Son Multitud est construite autour du pas de trois. Elle met en jeu six danseurs dont les réflexes corporels sont mis à l’épreuve. Sur scène, des trios s’enchaînent : 2 hommes-1 femme, 2 femmes-1 homme, 3 hommes, 3 femmes qui expriment à tour de rôle la richesse et la fragilité de nos relations sociales triangulaires.

Quand l’art du tango argentin se conjugue par 3 cela donne un spectacle animal, érotique, poétique et sensuel qui vient nous faire vibrer. Quel que soit le genre de musique sur laquelle évoluent les danseuses et danseurs, il n’y a plus de genre qui tienne, il n’y a qu’une danse nerveuse, langoureuse, athlétique mais surtout envoutante et fascinante. Tout cela est nimbé d’une création lumière qui vient frôler, caresser les corps et magnifier la fluidité des gestes et des mouvements. Ce spectacle est un voyage qui suspend le temps à chaque trio nous emporte, réveille nos sens engourdis et paradoxalement nous apaise au début de la nuit avignonnaise. Laissez-vous glisser.

Recommandation :  5 cœurs

 

  • Happy apocalypse - de Jean-Christophe Dollé

Au 11 Avignon du 5 au 24 juillet à 22h35relâche les 11, 18 juillet

Mise en scène : Clotilde Morgiève & Jean-Christophe Dollé 

Avec : Yann de Monterno, S. Demeslay, JC Dollé, Noé Dollé, Sol Espeche, Pierre Martin, C. Morgiève, Géraldine Roguez et Rodrigo Viana 

Elle s’appelle Perle. Elle est le premier enfant hybride de l’histoire de l’humanité. L’animal avec lequel elle est croisée est le Varan de Komodo. Happy Apocalypse est un conte musical électro-pop, une ode à la fragilité où le burlesque, la poésie, l’astrophysique et la métaphysique se croisent dans un tourbillon psychédélique. 6 comédiens et 3 musiciens font vivre des personnages fantasques et quelques animaux pour donner à l’humanité une chance de se réinventer.

Une fois de plus Jean-Christophe Dollé , Clotilde Morgiève et la compagnie FOUIC  inscrive ce spectacle comme l’un des plus novateurs, créatifs et originaux des spectacles de ce festival.

L’écriture de Jean-Christophe Dollé, profondément humaniste, se veut positive, poétique et résolument optimiste. Le propos dystopique et fantastique nous entraine dans une fiction où l’hybridation des êtres nous apparaît comme une chance pour une humanité décroissante et malade de ses schémas. La différence comme une chance pour l’évolution, repenser un avenir de tolérance et de respect. On est bousculé en permanence par la mise en scène de Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé  dans une forme qui tient du burlesque, du transgressif et de la poésie du chaos. Une scénographie foisonnante enrichie d’une musique créative qui nous nimbe d’une sensation d’extraordinaire qui nous fait osciller entre tragédie et émotion intense. C’est un théâtre généreux, avec une distribution éblouissante pour soutenir un propos audacieux, novateur. Philosophie, écologie, enjeu de société, éloge de la liberté tout cela condensé dans un spectacle unique ou muter pour mieux renaître apparait comme une clé possible du bonheur. Le propos final tenu par l’oncle de Perle est un magnifique message qui devrait être diffusé comme un mantra pour les futures générations.

Une apocalypse joyeuse à déguster sans modération.

Recommandation : 5 cœurs

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