Chroniques festivalières d'Avignon - 12 juillet 2025

• Brasser de l’air et s’envoler -  de Xavier Guelfi

Scala Provence du 5 au 26 juillet à 10h05 - relâche les 7, 14, 21 juillet

Mise en scène : François Rollin 

Avec : Xavier Guelfi 

Ou du moins essayer… Xavier patauge au milieu des questions existentielles, emmêlé dans les contradictions de notre temps. À deux doigts de l’implosion, il a une illumination ! Changer le monde. Redonner optimisme et foi en l’humanité, tout simplement. Il essaiera tout au moins…

Un spectacle plein d’optimisme, de joie de vivre sur fond de réflexions existentielles avec ce personnage unaire, délicieusement maladroit et naïf qu’incarne Xavier Guelfi. Jongleur de mots et de situations, il nous questionne et remet quelques pendules à l’heure dans un monde débordée de folies ordinaires qui mériteraient plus de recul et de simplicité. C’est un spectacle profondément altruiste et généreux et on en sort avec du baume à l’âme et un regain de foi pour l’humanité … la religion du cœur. A découvrir sans hésitation.

Recommandation :  3 cœurs

• Saint-Exupéry, le commandeur des oiseaux – de Mathieu Ranou

Atelier Théâtre Actuel du 4 au 26 juillet à 12h00 - relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scène : Benoît Lavigne 

Avec : Franck Desmedt  

Quand il était enfant, Saint-Exupéry avait deux surnoms : Le roi soleil et Pique-la-lune.
Découvrez un aventurier philosophe, épris de liberté, un rêveur qui s’accomplit dans l’action, un solitaire sensible et un penseur impulsif. Il voulait offrir un avenir libre à la France. Le sens du devoir était sacré pour lui et ses actions ont incarné sa pensée jusqu’à son dernier souffle.

Chaque fois qu’il s’empare d’une grande figure de la littérature, Franck Desmedt transcende le personnage et magnifie sa destinée. On (re)découvre Antoine de Saint-Exupéry, l’homme de toutes les luttes, l’aventurier, l’apôtre de l’engagement total. Dans une très belle scénographie épurée nous voyageons et traversons des paysages magnifiques qui stimulent notre imagination portée par la voix envoûtante (aux multiples modulations) de ce  comédien unique, conteur exceptionnel. D’expéditions en périples, nous n’avons plus qu’une destination à l’issue de ce spectacle, la librairie la plus proche pour nous précipiter  dans l’œuvre du « commandeur des oiseaux ». Une traversée pleine d’émotions et de sensations fortes vous attend. Bienvenue à bord !

Recommandation :  4 cœurs

• Paris-Biarritz – de Franck Lorrain

La Factory (Chapelle des Antonins) du 5 au 26 juillet à 14h20 - relâche les 8, 15, 22 juillet

Avec : Franck Lorrain

À 18 ans, Franck Lorrain traverse la France à pied, de Paris à Biarritz. Trente ans plus tard, il replonge dans ce voyage fondateur en relisant ses carnets. Sur scène, passé et présent se répondent, portés par un univers sonore, musical et visuel immersif. 
Entre souvenirs intimes, rencontres bouleversantes et questionnements d’aujourd’hui, il explore ce qui construit l’être humain. Une odyssée sensorielle et vibrante où le théâtre devient territoire de mémoire et d’éveil des sens.

Comment dire adieu à l’enfance ? Comment faire pour exister, enfin seul, aux yeux des autres et découvrir « ces autres » et la nature humaine. Un road-trip touchant qui retrace la révérence tirée à l’adolescence, la nécessaire résilience de l’enfance au gré des souvenirs égrenés dans un carnet, au fur et à mesure des étapes de ce voyage initiatique, émaillé de flash-back. Une mise en scène efficace et simple accompagne ce seul en scène dont la générosité n’a d’égale que sa simplicité et son authenticité. Un spectacle-partage offert avec un cœur gros…comme celui de Franck Lorrain.

Recommandation :  2 cœurs

• Des hauts et des bas – d’après Nick Hornby

Théâtre Baretta du 5 au 26 juillet à 16h25 - relâche les 7, 14, 21 juillet

Adaptation et mise en scène : Christophe Corsand 

Avec : Adeline Messiaen, Olivier Doran, Sylvy Ferrus, Denis Lefrançois et Manon Nobili 

Il est ce ces lieux de rencontre improbables. De ces lieux où l'on se retrouve nombreux à vouloir être seuls. Définitivement seuls. Et pourtant...
31 décembre. 23h30. Sur le rebord du toit de la plus haute tour de la ville, il y a Marc, célèbre présentateur télé, rattrapé par une histoire de moeurs. Puis arrive Solange. Puis Maya. Puis Marc. Ils ne se connaissent pas. N'ont aucune envie de faire connaissance. Ils sont tous juste là pour se balancer par dessus bord. Comment se retrouvent ils à s'engueuler autour d'une pizza?

Une charmante comédie à l’anglaise qui raconte le sauvetage de quatre âmes en déroute que tout oppose et qui vont, à la lumière d’un drame programmé, formé un groupe d’amis inattendus. Christophe Corsand a extrait le suc du roman pour s’attacher au lieu premier et donner à ses personnages une touche singulière et composé une galerie de personnages attachants. Les 4 interprètes se singularisent avec un sens de la rupture qui emporte le spectateur dès les premières minutes. C’est un rire bienveillant qui couvre le spectacle et on se prend à s’attacher à ces doux dingues au sommet de leur tour. Rien ne vous presse pour redescendre dans l’agitation du festival, alors profitez-en.

Recommandation :  2 cœurs

• XPM – de Daniel Borak et Daniel Leveillé

Théâtre Golovine du 5 au 25 juillet à 18h00 - relâche les 7, 14, 21 juillet

Avec : Daniel Borak et Daniel Leveillé 

Avoir (ou ne pas avoir) le temps / Perdre son temps
Prendre son temps / Gagner du temps / Faire son temps
Passer le temps / Tuer le temps / Temps mort
Vivre avec son temps, dans l'air du temps

C’est une performance extraordinaire à laquelle se livre ces deux artistes de claquettes. Leurs fers resonnent comme un dialogue sur des musiques aussi variées que surprenantes. Un parti pris esthétique audacieux les accompagnent et le travail sur la lumière est tout simplement remarquable. On est époustouflé par la maestria des duos ou des solos qui renouvelle un genre attribué à la comédie musicale ordinairement mais qui s’élève au rang d’art à part entière. L’originalité des chorégraphies surprend et le numéro d’ouverture est aussi saisissant que surprenant. Quand l’excellence se niche dans un lieu qui sait offrir à son public des moments inoubliables, il faut se précipiter et partager ses enthousiasmes.

Recommandation :  5 cœurs

• Les goguettes en trio mais à quatre - Valentin Vander,  Clémence Monnier,  Aurélien Merle et  Stanislas De Fournoux

Théâtre des Lucioles du 5 au 26 juillet à 20h00 - relâche les 9, 16, 23 juillet

Mise en scène : Yéshé Henneguelle 

Avec : Stanislas De Fournoux, Aurélien Merle, Clémence Monnier et Valentin Vander 

Prenez simplement 4 zigotos bourrés d’humour qui savent écrire, chanter et jouer de la musique, un public en manque de chansonniers, un bouche-à-oreilles toujours démultiplié, et puis SURTOUT : une actualité qui ne ramollit jamais, des politiciens qui inlassablement tendent l’autre joue, une intarissable envie de rire à leurs dépens dans la grande tradition des bouffons du Roi, et vous obtenez le succès stupéfiant des Goguettes.

Toute l’insolence et la verve de trio (mais à quatre) fait mouche à chaque goguette et les paires de claques se distribuent à tire-larigo pour le plus grand plaisir d’un public enthousiaste. Rien n’échappe à la sagacité, ni à l’humour corrosif de ces trublions.

Un très bon moment de « chansonniers » vous attend aux Lucioles 

Recommandation :   3 cœurs

• Bérénice – de Jean Racine

Théâtre du Balcon du 5 au 26 juillet à 21h45 - relâche les 10, 17, 24 juillet

Mise en scène : Marie Benati 

Avec : Sanae Assif, Ghina Daou, Edouard Dossetto, Leslie Gruel, Adam Karoutchi, Majd Mastoura 

Vespasien, empereur de Rome, vient de mourir. Tous les yeux se tournent maintenant vers son fils, Titus, appelé à lui succéder, et vers Bérénice, reine de Palestine et amante de Titus.
Une question flotte sur toutes les lèvres : Titus osera-t-il hisser sur le trône des Césars une reine étrangère ?

Un moment original vous attend au Théâtre du Balcon dans cette interprétation de Bérénice en version bilingue. Les personnages s’expriment en arabe  dans leur langue d’origine chaque fois que leur propos touchent leur intimité ( à l’exception de Titus, romain par excellence). Cela donne une force supplémentaire à l’interprétation qui permet aux interprètes de se libérer du carcan des alexandrins pour exulter dans leurs sentiments.

Le mariage des deux langues (dont la version surtitrée pour les passages en arabe littéraire ne gêne pas) nous donne à entendre la pièce différemment et l’ensemble de la distribution est remarquablement dirigé dans une mise en scène sobre et de belle facture. 

« Que le jour recommence et que le jour finisse sans que jamais braves gens ne manquiez Bérénice ». (L’auteur voudra bien m’excuser cet emprunt).

Recommandation :  4 cœurs