
La seconde surprise de l’amour
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Thème
La marquise, veuve inconsolable après un petit mois de mariage, se complait dans sa douleur et son infinie tristesse. Elle rencontre le Chevalier, sensiblement dans le même état : sa dulcinée, voulant échapper au mari imposé par son père, a décidé de se cloîtrer définitivement au couvent.
Ils se confient leurs malheurs mutuels, ce qui leur procure grand réconfort et décident, en toute amitié, de faire un bout de chemin ensemble… En toute amitié, vraiment ?
Points forts
Une fois de plus, on reste sans subjugué par l’écriture de Marivaux, tout en délicatesse et musicalité. Le langage fort courtois est truffé de bons mots, succulents au service d’une grammaire exigeante. Ah, ces envolées ponctuées d’imparfaits du subjonctif !
Là encore, la distribution est épatante. Ce sont les mêmes comédiens qui interprétaient la pièce précédente Les fausses confidences. Les costumes d’époque permettent aux comédiens d’évoluer avec grâce et élégance.
Avec cette pièce, Françon nous gâte avec une mise en scène alerte et par moments très moderne.
Il est tout de même incroyable de réaliser que tout le malheur des uns prête à rire chez les autres. Mais les personnages ont l’art de se mettre dans des situations “ingérables“, au moyen de confidences mal interprétées, entraînant des quiproquos inouïs.
Quelques réserves
- Rien : une histoire tirée par les cheveux, mais si merveilleusement contée !
Encore un mot...
L’écriture de Marivaux, jumelée au talent de comédiens maîtrisant parfaitement leur texte, nous offre une soirée inoubliable. Ces deux pièces venues du répertoire de Marivaux sont significatives de son œuvre. Du grand théâtre à ne pas manquer !
Une phrase
- La marquise : « Il n’y a plus de consolation pour moi, il n’y en a plus : après deux ans de l’amour le plus tendre, épouser ce que l’on aime, ce qu’il y avait de plus aimable au monde, l’épouser et le perdre un mois après !
Lisette : Un mois ! C’est toujours autant de pris, je connais une dame qui n’a gardé son mari que deux jours ; c’est cela qui est piquant. »
- La marquise : « J’ai tout perdu vous dis-je.
- Lisette : Tout perdu ? Vous me faites trembler : est-ce que tous les hommes sont morts ? »
L'auteur
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux dit Marivaux (1710-1763) nait dans une famille de petite noblesse et délaisse rapidement ses études pour fréquenter les salons célèbres de l’époque (Mesdames de Lambert et de Tencin).
Il y découvre la préciosité, élément essentiel de son langage littéraire. Marivaux se livre à différents genres d’écriture, mais ce sont ses pièces de théâtres qui vont le lancer, notamment le trio de tête : La surprise de l’amour, La double inconstance, Le jeu de l’amour et du hasard.
Ce sont des comédies d’intrigues, de mœurs, comédies sociales et philosophiques d’une grande finesse de propos. Il sera le témoin de l’art de vivre de la société du XVIIIème siècle et sera à l’origine du « marivaudage », néologisme désignant les sentiments avec galanterie ainsi que les procédés de séduction courtoise.
Marivaux, élu à l’Académie Française en 1742, mourra d’une pleurésie en 1763.
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