
Numéro Deux
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A l’origine, Martin Hill n’avait rien demandé à personne : fils d’un inventeur à la noix et d’une mère qui se lasse de ce farfelu sans le sou de mari, il est emmené sur un tournage par son père, devenu accessoiriste pour le cinéma (et spécialiste de la fixation des poignées de porte…).
Là, Martin croise le chemin de David Heyman, qui recherche désespérément un comédien pouvant satisfaire aux exigences de tous, et notamment de J.K. Rowling, l’autrice de la saga Harry Potter, qu’il compte adapter.
Courant 1999, Martin participe au casting, commence à croire à ses chances au fil des sélections, et arrive en short list ! Malheureusement pour lui, Daniel Radcliffe, revenu du diable vauvert, est retenu pour le rôle, car il a, selon l’équipe en charge de la sélection, ce « p’tit truc en plus » qui semble faire défaut à Martin, pourtant excellent.
Le jeune garçon ne se remet pas de cet échec, et ce d’autant moins que tout, dans sa vie quotidienne, vient lui rappeler le triomphe éditorial et cinématographique de la saga de l’apprenti-sorcier de Poudlard.
Points forts
L’adaptation respecte une intrigue plutôt bien ficelée, et le séquençage progressif et fractionné de la scène finale tout au long de la pièce donne une dynamique certaine à Numéro Deux.
Les comédiens emportent la décision, tout particulièrement Valentine Revel-Mouroz et Serge Da Silva, qui campent de manière convaincante une grande variété de personnages et montrent l’étendue de leur talent.
La mise en scène est dynamique et les comédiens ne sont pas statique dans un espace pourtant contraint…
Quelques réserves
… En effet, ce spectacle soulève un problème de décor, tant la scène encombrée :
l’arrière-scène est inutilement chargée d’objets-clins d’œil à la saga quasiment inexploités ;
à l’inverse, des éléments centraux dans l’histoire sont sous-utilisés, comme ce miroir « du riséd » qui renvoie à la problématique de la pièce comme à celle du jeune sorcier, et qui n’apparait qu’en toute fin du spectacle, alors qu’il est censé montrer ce que le personnage désire (riséd = désir) le plus au monde.
A cela s’ajoutent quelques affèteries inutiles, comme cette lampe sur pied que Martin Hill doit aller chercher sur le côté du plateau pour le placer devant lui au centre pour interpréter l’épisode séquencé du Ritz : n’eut-il pas été plus judicieux de faire descendre cette simple ampoule du plafond plutôt que d’obliger le comédien à des déplacements parasites ?
De la même manière, la surcharge des meubles sur scène conduit à des réaménagements bien trop fréquents (toutes les 5 à 10 minutes) et chronophages ! La présence du poste de télévision aurait pu inspirer des transitions montrant sur grand écran ces reportages sur la “HarryPottermania“ plutôt que de voir les comédiens s’échiner à déplacer bien trop fréquemment les éléments du plateau…
Encore un mot...
La pièce porte une réflexion tant sur les avanies de l’échec que de la réussite. La notoriété qui s’abat sur ceux qu’elle distingue, n’apporte pas forcément le meilleur, car les exigences et les sollicitations d’un public qui vit par procuration au travers ses “stars“ sont sans limite aucune !
Le hasard (de la rencontre fortuite entre David Heyman et Martin Hill) fait-il bien les choses ? C’est aussi la question qui se pose avec les mésaventures du jeune Martin, et il n’est pas certain qu’il faille s’en tenir à la réponse négative que rumine le restant de sa jeunesse le comédien non sélectionné.
Une phrase
Martin Hill :
- « A nous deux, Harry Potter !
- « De nous deux, je ne sais plus qui était la star… »- Ann (secrétaire du producteur David Heyman) : « Je ne peux pas vous accompagner, je dois nourrir Freud et Dolto, mes poissons rouges… »
L'auteur
David Foenkinos, né en 1974, vient tard à la lecture. Son premier roman, publié en 2002, est distingué, avant que les suivants (Le potentiel érotique de ma femme, La délicatesse) ne rencontrent un succès croissant et éclatant, qui culmine avec la parution de Charlotte en 2014. Numéro Deux paraît en 2022.
Les romans de Foenkinos, de facture assez simple, ont remporté de nombreux prix (Roger-Nimier, Renaudot, Goncourt des lycéens, François Mauriac) et l’auteur fait partie des plus gros vendeurs de romans dans les années 2010. Il est aussi devenu scénariste et dramaturge.
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