L’assiette du chat

A la recherche d’une mémoire familiale. Un livre tout en harmonie, à déguster
De
Frédéric Vitoux
Grasset
Parution en mars 2023
172 pages
18 Euros
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

 Au début des années 1950, le narrateur, sa sœur, son frère refusent de se voir attribuer pour le dessert « l’assiette du chat, cette soucoupe de faïence aux motifs décoratifs d’un bleu délavé » sous le prétexte qu’elle aurait servi au chat de la maison lors de l’enfance de leur père, et en l’occurrence à une chatte dénommée Fagonette. La fratrie fait de ces disputes un jeu.

C’est à l'occasion de ce point de départ que Frédéric Vitoux revisite son enfance dans l’appartement du Quai d’Anjou sur l’île St Louis - appartement où vit sa famille depuis plusieurs générations. Il se revoit enfant fasciné par les chiens de ses amis (il n’y a pas d’animaux chez lui) ; il évoque son parcours scolaire, les jeux de société en famille, les attentes de ses parents qui le voyaient en officier de marine mais qui le laissent libre de ses choix ; il retrace sa carrière, mais surtout s’interroge sur le silence qui semble avoir régné sur ce quai d’Anjou.

Qui était Clarisse qui a tenu une place si importante dans la famille Vitoux ? 

Qui était Odette, élevée près de son père , une « sœur de lait » comme le lui a dit sa mère ?

Frédéric Vitoux nous entraîne dans la quête fragile et incertaine de son passé.

Points forts

  • Une grande émotion lorsque Frédéric Vitoux évoque la maladie d’Alzheimer de son père avec les confusions qui s’ensuivent.
  •  L’évocation des chats, Mouchette, Papageno et Zelda (à qui est dédié le livre), passion partagée avec sa femme Nicole. 
  • A travers cette assiette du chat, tout ce livre est autobiographique, plein de sincérité, et de regrets de n’avoir pas fait parler ses aînés ; un livre tout en harmonie, d’un style maîtrisé, un livre à déguster.

Quelques réserves

Je n’en ai pas car, dans ce travail de mémoire, l’auteur ne cherche pas à écrire du sensationnel, mais il essaie de comprendre les non-dits, les secrets familiaux.

Encore un mot...

Après avoir trouvé et lu les carnets de son père, Frédéric Vitoux s’interroge sur les attitudes de ses aînés, et remarque tous les pans occultés. Pourquoi ce père était-il si silencieux. Que voulait-il effacer ? Tous ces non-dits frustrent l’auteur car il n’a plus de témoins à interroger ; il n’a pas de courriers à consulter, juste quelques photos que regarde son épouse Nicole. Mais dans la famille Vitoux, tolérance et silence sont de rigueur.

Une phrase

  • «  A ce titre, toute recherche du temps perdu enrichit l’auteur aussi bien que le lecteur du temps d’aujourd’hui. » p.68
  • «  En d’autres termes, à peine ai-je distingué une petite lueur que, rien, pour autant, ne s’éclaircit autour. Les années perdues, tout juste retrouvées et si pauvrement retrouvées, font surgir autour d’elles de nouvelles énigmes. J’écris pour savoir (pourquoi écrirait-on sans cela ?) et c’est l’ignorance, de nouvelles ignorances qui m'attendent au bout du chemin. » p. 170
  • « Cette assiette du chat semble flotter désormais devant moi sur un océan de silence et d’obscurité » p. 171

L'auteur

Frédéric Vitoux, écrivain et critique littéraire, est membre de l’Académie Française.  Il aura 80 ans l’été prochain. Ses domaines sont le roman, la biographie et les critiques littéraires et cinématographiques. Sa thèse de doctorat ès-lettres, soutenue en 1973, fut consacrée à Louis-Ferdinand Céline et elle deviendra son premier livre.

Chroniques des livres de frédéric Vitoux :
- L'express de Benares
- L'ours et le philsophe

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