Les Parents terribles

Vaudeville en famille
De
Christophe Perton
Durée : 1h55
Mise en scène
Christophe Perton
Avec
Charles Berling, Muriel Mayette-Holtz, Maria de Medeiros, Émile Berling, Lola Créton
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Hébetot
78 bis boulevard des Batignolles
75017
Paris
01 43 87 23 23
Jusqu’au 30 avril, du mercredi au samedi à 20h30, samedi à 15h et dimanche à 15h30

Thème

  • Dans un grand appartement vivent, d’une manière peu bourgeoise, Yvonne, une mère abusive qui étouffe son grand fils de vingt-deux ans Michel, Georges son mari qu’elle néglige, et la tante Léo. Georges et Léo se sont aimés autrefois. 
  • L’équilibre précaire de ce quatuor étrange se retrouve aujourd’hui menacé : Michel, au grand dam de sa mère, est tombé amoureux d’une jeune fille, Madeleine, qui est aussi sans qu’on le sache la maîtresse de son père, Georges.

Points forts

  • En écrivant délibérément une pièce de boulevard, Jean Cocteau ennoblit le genre en distribuant les grands emplois du vaudeville (l’épouse trompée, le cocu, la maîtresse, l’amant…) aux membres d’une même famille. Ce texte fort sur l’inceste et la fatalité, sans faux-semblants, vénéneux comme ceux de Tennessee Williams (Cocteau adaptera Un tramway nommé désir en 1949) n’est finalement pas si éloigné de sa Machine infernale ou de son Œdipe Rex. Pour la circonstance, Jean Cocteau change de plume, mais pas d’encrier.
  • Christophe Perton, comme il l’explique dans le programme, est revenu en partie au manuscrit originel de la pièce, qui avait été prudemment caviardé par les producteurs de l’époque. Sa mise en scène, qui privilégie une ambiance générale, donne à ce huis clos suffocant des accents de tragédie antique. Il signe aussi l’excellent décor étouffant, traversé in fine par des arabesques lumineuses de Cocteau. Une belle idée.
  • Au centre de la scène, vautrée, affalée sur son lit plus maternel que conjugal, trône Yvonne, échevelée, en peignoir ou en robe mal agrafée. Épatante, royale, Muriel Mayette-Holtz donne des intonations de petite fille dangereuse et des éclairs de ruse à cette pieuvre de mère, prête à toutes les bassesses, à toutes les trahisons pour garder son fils adoré dans son sein, le meilleur rôle de la pièce.
  • Maria de Medeiros a quelque chose de net dans son interprétation, qui sied bien à la tante Léo, quelque chose qui tombe droit comme les cheveux de son carré parfait ou les plis de ses vêtements bien coupés. Plus saine, plus équilibrée, elle n’en est pas moins dangereuse.
  • Ballotté entre son épouse qui le délaisse et sa belle-sœur qui l’aime, entre son fils et leur maîtresse commune, Georges a des incertitudes mais sait aussi se défendre. Charles Berling donne toutes les nuances de ce personnage aux pieds nus, relevant plus de l’aquarelle que de l’encre de Chine.

Quelques réserves

  • Aucune, même si l’on a préféré les interprètes des trois parents à ceux des deux enfants.

Encore un mot...

  • Écrite en 1938 à l’Hôtel de la Poste de Montargis, la pièce Les Parents terribles est directement inspirée de la vie de Jean Marais et de ses rapports avec sa propre mère. Cocteau souhaite offrir à son jeune protégé un personnage intense, moderne, traversé par des sentiments extrêmes.
  • Immense succès, la pièce fait scandale à la création. Près de quarante ans plus tard, en 1977, Jean Marais la reprend au Théâtre Antoine, en signe la mise en scène, mais joue cette fois le rôle de Georges, le père.

Une phrase

Jean Cocteau : « À Montargis, j’essayais d’écrire une pièce, qui loin de servir de prétexte à une mise en scène, servirait de prétexte à de grands comédiens. »

L'auteur

  • Véritable touche-à-tout avant-gardiste, doté de nombreux talents variés, Jean Cocteau (1889-1963) est un poète, romancier (Thomas l’imposteur, Les Enfants terribles), peintre, dessinateur, auteur dramatique (La Voix humaine, Le Bel Indifférent, L’Aigle à deux têtes) et cinéaste français (La Belle et la bête, Orphée, Le Testament d’Orphée).

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