Chronique festivalière du 14 juillet

Chers spectateurs,
Le festival suit son bonhomme de chemin avec un public au rendez-vous et enthousiaste.
Une bien belle édition.

OUBLIE MOI - de Matthew Seager

Théâtre Actuel – 11H55 – relâches les 11,18,25 juillet

Mise en scène et jeu : Marie-Julie Baup et Thierry Lopez

Jeanne et Arthur s’aiment. C’est une histoire d’amour fulgurante , simple belle qui marquera les temps. Mais le temps est facétieux et cruel et quand il s’invite à la table des amoureux, il fait feu de tout bois pour effacer les traces de son passage.

POINT FORTS
Un texte tendre, simple et bouleversant.
Marie-Julie Baup est merveilleuse de courage et d’abnégation
Thierry Lopez est déchirant d’authenticité et d’humour
Un petit bijou de jeu dans un bel écrin scénographique coloré

POINTS FAIBLES
Je ne vois pas l’intérêt de remplir cette rubrique

ENCORE UN MOT
Voilà un nouveau coup de cœur qui va vous entrainer dans une histoire d’amour qui inscrit dans les âmes des spectateurs, l’urgence et la nécessité de pas oublier ces moments uniques et forts qui construisent notre amour pour l’être aimé. Les petits mots, les petites attentions, toutes ces briques de bonheur que nous accumulons, sans en tenir le compte, qui cimentent nos relations amoureuses sont fragiles au regard du temps et d’une maladie cruelle qui peut nous prendre à tout instant. Voler nos souvenirs, effacer les traces, balayer les sentiments, c’est ce contre quoi Jeanne et Arthur vont avoir à lutter. Une très belle comédie sentimentale pétrie d’humanité, légère comme un éclat de rire, déchirante comme une larme retenue malgré soi au coin de l’œil. Il faut se faire un devoir de ne pas oublier de voir cette pièce qui marque le début du festival d’un talent, d’une complicité, d’une osmose remarquable entre les deux comédiens. Une belle déclaration à partager avec le public.

LA VIE EST UNE FETE – de Lilian Lloyd

Théâtre Actuel – 11H55 – relâches les 12,19,26 juillet

Mise en scène et jeu : Virginie Lemoine

Avec : Julien Alluguette, Ariane Brousse, Benjain Tholozan, Alexis Victor, Valérie Zaccomer

C’est l’épopée de Romain, jeune garçon des années 70, jusqu’à nos jours. Bouleversé dans son intimité, entouré d’une mère addicte aux tranquillisants et un père aimant que le jeune garçon va tenter de mettre de l’ordre dans ses amours contrariées. Refusant l’engagement pour une cause qu’il préfère occulter, partisan d’un hédonisme caché sous le manteau, nous suivons Romain sur le chemin difficile du choix et de la liberté d’identité.

POINTS FORTS
Une mise en scène délicate, à fleur de peau de Virginie Lemoine.
Un virevoltant Julien Alluguette, secondé par une pétillante Ariane Brousse, un généreux et touchant Benjamin Tholozan, le bouleversant Alexis Victor incarne avec tendresse un père et amant touchant et l’irrésistible Valérie Zaccomer compose le personnage de la mère dépressive avec brio.
Une écriture touchante sans aucun didactisme mais qui émeut les jeunes générations sur un combat trop vite oublié.

POINTS FAIBLES
Pas eu le temps d’en trouver un

ENCORE UN MOT

Voilà une comédie saine, franche, généreuse qui donnera de la force aux réservés et du plomb dans la tête de quelques récalcitrants. Un manifeste pour le droit au bonheur et à la liberté d’aimer sans concession. Dans un récit retraçant 40 ans de bouleversement sociétal important sur la libération des mœurs, Lillian Lloyd réussit le pari d’écrire une comédie drôle et émouvante qui retrace les luttes pour une cause chère à Virginie Lemoine dans son engagement de si longtemps. Ici pas de leçons données, pas de doigts accusateurs mais la pudique réalité d’un questionnement sur ce qui fonde notre ipséité dans nos désirs et nos passions sans jugement. Un joli cri d’amour, un hymne délicat à la tolérance, une bulle de fraîcheur qui fait pétiller les cœurs. Puisque vous avez tous le droit au bonheur, venez prendre votre part.

LES FOUTEURS DE JOIE – de Christophe Dorémus, Nicolas Ducron,Tom Poisson, Laurent Madiot, Alexandre Léauthaud

Présence Pasteur – à 20H05 , relâches les 11,18,25 juillet

Avec : Christophe Dorémus, Nicolas Ducron, Tom Poisson, Laurent Madiot, Patrick Neulat

Chansons à jouer, situations décalées, musiciens hors pairs, c’est un régal que ce moment partagé avec ces « fouteurs de joie ». Dérision et poésie font bon ménage chez eux. C’est du spectacle total qui nous entraîne dans un tourbillon de folie. C’est irrésistible, irrévérencieux, anticonformiste. C’est à voir à tout prix !

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON – de Bernard-Marie Koltès, Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

Théâtre du Balcon – 22H – relâches les 12,19,26 juillet

Mise en scène : Marie-Claude Pietragalla ; Chorégraphie : Julien Derouault

Avec : Julien Derouault, Pierre Claver-Belleka dit Dexter

Un client, un dealer, se rencontrent, se confrontent sur un terrain désert. Pouvoir, domination, soumission, désir se percutent et se dansent violemment avec âpreté et sensualité.
Une scénographie impressionnante magnifiée par une création lumière de toute beauté.
L’énergie époustouflante de Julien Derouault et Pierre Claver Belleka dit Dexter mettent à nu les individus déchirés dans une chorégraphie graphique et sensuelle. Tout le travail corporel réalisé sur la seule partition d’un texte dit, la mise en corps des mots est époustouflante.

Marie-Claude Pietragalla réalise une prouesse extraordinaire en transposant le pouvoir et matière littéraire des mots dans l’énergie des corps déchirés et le mouvement organique d’une parole portée par un des plus grands auteurs contemporains qu’est Bernard- Marie Koltès . S’avancer dans la nuit de ces deux protagonistes nous immerge dans un univers aux frontières du fantastique et de la sensualité exacerbée. Il faut tenter l’aventure et venir se perdre dans la solitude des champs de coton.

LA PRIAPEE DES ECREVISSES – de Christian Siméon

Chien qui fume – à 17H , relâches les 12,19,26 juillet

Mise en scène de Vincent Messager

Avec : Andréa Ferreol, Pauline Phelix, Vincent Messager, Erwin Zirmi

Une « Marguerite » aux petits oignons.
Marguerite Steinheil s’est rendue célèbre en épuisant de ses charmes le président de la République Félix Faure. Celle qu’on surnommera « la pompe funèbre » se livre au jeu de la vérité (enfin la sienne) dans sa cuisine. Tous les ingrédients du scandale sont prêts pour vous assaisonner.

POINT FORTS 
Une André Ferreol truculente à souhait
Un texte délicieusement anti-conventionnel
Une ode au féminisme dans toute sa démesure bouffonne
Un spectacle haut en couleurs à tout point de vue.

POINT FAIBLES
Une logique de départ qui nous échappe parfois au fil du spectacle mais dont on s’arrange très bien.

ENCORE UN MOT 

Quel bonheur de retrouver #andréaferreol sur un plateau de théâtre ! Christian Siméon a installé son héroïne dans une cuisine comme on placerait une perle précieuse dans une huitre. Quel personnage fantasque que cette Marguerite Steinheil ! André Ferreol dévore littéralement le texte comme une friandise. Tour à tour émouvante, élégante, obscène, cassante, autoritaire mais amoureuse, érotomane et machiavélique. Il faut percer le mystère de cette femme charismatique qui s’ingénie, toute une heure durant, à concocter la recette préférée de son divin amant en assurant sa propre défense dans cette cuisine-plateau de télévision (délicieux anachronisme) face à l’acharnement judiciaire dont elle est l’objet.
Emaillé de textes qu’elle inspira aux chansonniers de l’époque, le récit iconoclaste , parfois absurde de Marguerite Steinheil nous promène de certitudes en doutes. La mise en lumière de ce monstre libre et étourdissant est à consommer sans modération.