Juste un mot, le billet d'humeur de Pierre Bénard : l'état de droit

L’ « état de droit », expression politique et juridique,  désigne une organisation sociale fondée sur le respect des lois. Ce qu’on appelait jadis, au vieux sens du mot, la « police ». L’ « état de droit » s’oppose à l’hypothétique « état de nature », antérieur aux codes et aux institutions. Il est convenu, dans cet emploi du mot « état », de commencer le mot par une minuscule, pour distinguer d’avec « Etat », avec majuscule, au sens des pouvoirs et services qui régissent, administrent et structurent une nation.

Aussi écrira-t-on, ou devrait-on écrire par exemple, sans majuscule en tête de mot, que « l’état de droit est menacé par l’épidémie de délinquance ».

Peut-être la majuscule est-elle utilisée, dans ce cas, par respect pour cet ordre des choses, caractéristique des nations « policées ». En ces temps troublés, où la licence outrage le droit, on serait tenté par l’indulgence pour cette… licence orthographique.

Mais on observe à tout bout de champ la confusion avec « Etat ». « Nous sommes dans un Etat de droit ». C’est ignorer le sens du mot dans cette expression. « L’état de droit » existe, mais non pas « un Etat de droit ». Ce qui existe en revanche, ou devrait exister, c’est « un Etat fondé sur les règles du droit ».

Dessin Xavier Broxolle