A la Bourse de commerce de Paris : Au comble du « suppressif », l’exposition Minimal stimule la pensée.
D’entrée le contraste est saisissant. Au centre de la rotonde de la Bourse de commerce à la fois dépouillée, pure et imposante, figure au sol un polytope dispersé en plusieurs éléments naturels et très graphiques ; une composition de formes « premières » : bouquets d’arbres, cônes de sable ou de sel, dôme d’argile, qui stimulent l’imaginaire et le développement de la pensée. Il s’agit de l’espace dédié à la peintre de San Francisco Meg Webster (née en 1944), créatrice de la fameuse Mother Mound.
L’art minimal, puissant et rénovateur, est un courant de pensée, un état d’esprit, plus qu’un style. Nulle école pour l’art minimal qui apparait comme universel. En témoignent les origines mondiales des artistes invités : Inde, Chine, Corée, Amériques (Brésil, Etats unis, Canada, Mexique), Europe.
La centaine d’œuvres majeures présentées ici illustrent la diversité du mouvement né en 1960 :
- Au premier étage, la sérénité, le calme, l’émotion nous saisissent ; nous sommes en Extrême-Orient avec le Mono-ha, « l’Ecole des choses » en français, mouvement artistique japonais des années 60. Les œuvres des artistes sont disposées et agencées sur le sol dans une immense pièce en rotonde avec leurs formes géométriques dans l’espace et en volume, aux bords aiguisés comme une lame, pyramides, triangles, tétraèdres… Plus loin, une pierre en équilibre sur du verre, des poutres en bois adossées au mur. Les artistes fondateurs, Susumu Koshimizu ou Yoshi Wada par exemple, font naitre les connexions entre l’objet, l’espace et le spectateur. Une expérience sensorielle unique dans un musée. Les gens circulent comme des ombres, dans un silence absolu.
- Au deuxième étage, les matières solides ou liquides, fibre, eau, terre, cire, bois, huile, largement représentées dans les oeuvres des années 60 à 70, sont transformées en formes géométriques et sérielles que l’on retrouve dans la nature. Ainsi Michelle Stuart (avec Seyreville Stretta Quartet) nous montre 4 panneaux rectangulaires juxtaposés, terre sur papier chiffon doublé de mousseline, dans des tons orangés dégradés, explorant les « tensions » entre les formes conceptuelles et les substances organiques. Ici, avec le Land Art qui fit les beaux jours de la Fiac, les artistes interviennent dans le paysage naturel en le façonnant géométriquement ou en y plaçant des séries d’objets. Au même étage dans une autre salle sont exposées les peintures monochromes héritées du célèbre Carré noir sur fond blanc du peintre constructiviste Kasimir Malévitch.
Minimal, Bourse de Commerce Paris, jusqu’au 19 janvier 2026; Pour 39€ (gratuit pour les moins de 27 ans), on peut devenir "Membership Pinault collection" et accéder librement au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana à Venise et à la Bourse de Commerce de Paris rue du Louvre.