TROIS GRANDS AUTEURS AMOUREUX DU FRANCAIS
Le prix Senghor 2022 du premier roman francophone a été remis à Paris le 28 septembre 2022 à la dramaturge Mariette Navarro pour Ultramarins (Quidam, 2021). Bonne opportunité d'actualité pour notre chroniqueur "Francophonie", Axel Maugey qui recommande ici la lecture d' auteurs "optimistes" envers la langue française :
"Afin de reprendre confiance en notre avenir, rien de tel que de lire, relire et écouter ceux et celles qui nous apportent, tous les jours, les semences nécessaires à la renaissance. Au fil des lectures récentes, trois auteurs me semblent parfaitement incarner ce désir de français et en français. Il suffit de se plonger dans le Portrait d'une historienne (Flammarion) pour réaliser que l'auteure appartient à la lignée d'une Madame du Deffand ou d'une Germaine de Staël. Vous avez deviné qu'il s'agit de Mona Ozouf, toujours heureuse de dessiner l'universalité de l'esprit français. En ces temps agités, les amoureux de notre langue ont besoin de guides qui aiment que les choses durent. Mona Ozouf choisit avec soin et finesse ce qui peut servir la Civilisation française. Grâce à elle et à d'autres "chérisseurs" de notre Civilisation, la langue française s'inscrit au coeur d'une vaste réflexion mondiale.
Autre phare, autre guide précieux en la personne de l'écrivain libanais Alexandre Najjar lequel défend avec brio, en français, les valeurs universelles. Ce Camus libanais dans le Syndrome de Beyrouth (Plon) nous offre un plaidoyer en faveur de la justice. Sans justice, il ne saurait y avoir de démocratie. L'Académie française a su reconnaître son engagement en lui remettant le Grand Prix de la Francophonie, en 2020. Cet homme, héritier de Victor Hugo, participe à la construction de l'espace francophone moderne, synonyme de diversité culturelle, d'ouverture et de dialogue. Il nous apporte un grand souffle venu d'orient, qui ne peut que revivifier la langue et l'esprit français, enrichis au fil du temps par tant d'apports nouveaux.
L'espace francophone nous aide à mieux comprendre les réalités du vaste monde. Par exemple, lorsqu'un francophile polonais du nom d'Eryk Mistewicz, éditeur du mensuel Wszystko co Najwazniejsze, lauréat du Prix Pulitzer polonais, s'insurge contre l'image réductrice que nous avons de l'Europe de l'Est et pointe du doigt un certain déclin intellectuel français, il a raison de vouloir attirer notre attention et nous réconcilier avec notre histoire.
La Francophonie, c'est aussi un levier pour contrecarrer le règne de la pensée unique. Le renouveau du français est à portée de main, à condition toutefois d'écouter et de suivre l'exemple de ses meilleurs serviteurs ici et ailleurs. "
A noter :
1 - Axel Maugey donnera une conférence sur "Léopold Sédar Senghor, le chantre du dialogue des cultures", le samedi 8 octobre à 16 h à la médiathèque de la ville de Levallois-Perret, 111 rue Jean-Jaurès tél 01 47 15 76 43. Entrée libre.
2 - L'universitaire italien francophone Giovanni Dotoli organise une signature de livres de la collection qu'il dirige chez l'Harmattan "L'Orizzonte" le jeudi 6 octobre 2022, à 19h, à l’Espace L'Harmattan, 21bis rue des Écoles, 75005 Paris. Y sera présenté l'ouvrage L’héritage de Senghor, préface [de] Moustapha Niasse, Président de l’Assemblée nationale du Sénégal, conclusion [d’]Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, coordination [de] Mohamed Aziza, Alban Bogeat, Benjamin Boutin, Giovanni Dotoli, Michèle Guillaume-Hofnung, 2022.
