BIR BASKADIR (ou ETHOS)

Voyage dans une étonnante Turquie
De
Berkun Oya
Diffusion NETFLIX depuis le 12 novembre 2020 -
Série Turque de 8x (40-58’)
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Voyage dans une Turquie du 21ème siècle où le spectateur découvre les failles qui s’immiscent dans une société aux prises avec ses contradictions. Nous assistons à un face à face surprenant entre une élite intellectuelle et une population sous emprise de la religion et de son contexte environnemental.

Pour pénétrer ce monde laissez-vous guider par Meryem ; cette jeune femme voilée issue d’un milieu très modeste de la périphérie d’Istanbul va partager sa vie entre des ménages faits à Istanbul et ceux dans sa propre famille. Prise en étau entre l’autorité fraternelle et l’enseignement du Hodja (conseiller spirituel) elle va un jour, suite à de multiples évanouissements et hospitalisations, s’autoriser à pousser la porte d’une psychiatre…Ainsi commence « l’affrontement » d’un duo improbable qui n’est autre que l’image symbolique de la fracture sociétale mentionnée ci-dessus

Points forts

- Excellente actrice principale ! J’en profite pour souligner la pépite représentée aujourd’hui par de jeunes acteurs étrangers tels que ceux vus dans : Unorthodox, Le jeu de la Dame ou Itaewon Class… précédemment chroniquées sur CT.

- Le culot de pouvoir traiter d’un tel sujet dans la Turquie actuelle d’Erdogan qui montre et renforce le fossé existant dans cette population

- L’étude psychologique des personnages croisés, réalisée avec une exceptionnelle finesse

- Pour celles et ceux qui s’intéressent aux sciences sociales, on assiste à des séances de thérapie, véridiques et finement menées, montrant la complexité des situations et la manière dont un thérapeute aborde et rebondit suite aux contournements malins que peut utiliser tout patient : loin de l’humour et de la facilité, ce sujet est traité avec beaucoup de délicatesse

- Point à souligner : les prises de vue dans le lointain (et non pas en gros plan) nous montrent des personnages dans leur environnement à la façon de ces photos anciennes qui dégagent poésie et charme nostalgique

Quelques réserves

L’épisode 4 me semble inutilement trop long pour l’intérêt présenté.

Encore un mot...

Ayant eu la chance d’être entrée en contact avec un jeune producteur Turc (Mehmet Caan) lequel après des études à la Sorbonne a réintégré Istanbul, voici ce qu’il dit de cette série: « ce fut un choc car c’est la première fois que les « Turcs blancs » font leur autocritique dans une série. La notion de Turc blanc n’a rien à voir avec une couleur de peau ; il s’agit là d’une classe socio-culturelle et non socio-économique qui pourrait être considérée comme étant la classe néo-aristocratique de l’Europe. Ainsi ces Turcs blancs ont toujours refusé le voile, le conservatisme et tout ce qui venait de l’Anatolie centrale.

La série écrite par un de ces Turcs blancs a d’abord créé une véritable onde de choc car si leur refus était connu de tous, on n’en parlait jamais. Aussi la stupéfaction première générée par la sortie de  Bir Baskadir chez les intellectuels des deux bords (conservateurs et ces fameux Turcs blancs) l’appréciation fut de mise dans toute cette classe. Quant à la classe dite moyenne (culturelle) leur niveau d’éducation n’est pas suffisant pour bien comprendre et/ ou apprécier ce qui est relaté dans cette histoire. » 

L'auteur

Berkun Oya est un dramaturge, metteur en scène et réalisateur turc de 43 ans qui réalise ici sa première série internationale. Les acteurs tous Turcs sont des vedettes dans leur pays.

Et aussi

A voir également en ce début d’année confinée :

Sur NETFLIX :

 - LUPIN, dans l’ombre d’Arsène. Une adaptation très réussie du mythe d’Arsène Lupin inspirée de l’œuvre de Maurice Leblanc. Avec Omar SY.

- La chronique des Brigestone. Une histoire d’amour que ne renieraient ni Marivaux ni Shakespeare dans l’Angleterre du début du XIXème siècle avec quelques surprises que nous ne spoilerons pas !

-  SPY. L’histoire vraie du célèbre espion israélien Eli Cohen qui officia pour son pays en Syrie dans les années 60.

Commentaires

Hélène Sévigny
mar 08/06/2021 - 22:09

Comment pouvez-vous dire que la classe turque moyenne ne peut comprendre
cette série !
Je trouve cet énoncé très condescendant ou alors je ne comprend pas.

En tous cas il est certainement très courageux de l’avoir fait!

Une canadienne.

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