Ecrivains voyageurs, ces vagabonds qui disent le monde

Aux sources de l'inspiration de grands vagabonds de la littérature contemporaine
De
Laurent Maréchaux
Ed 2017, reed Mai 2021, Arthaud Poche
Ed 2014 pour la version illustrée, Beau livre Ed Arthaud
210 p - 5,90 € (version poche)
Notre recommandation
4/5

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Thème

Intimement convaincu qu'il est une race d'écrivains à part, "vagabonds qui écrivent le monde", Laurent Maréchaux - écrivain et voyageur lui-même - propose dans cet essai d'aller à la rencontre de 19 d'entre eux. Auteurs des XIX et XXème siècles, ils ont pour noms Soclum (le premier) et Chatwin (le dernier) ; ils sont femme (Alexandra David-Neel, la seule de l'ouvrage) ou monstres sacrés comme Kipling, Stevenson, London, Kessel ; moins connus comme tels, comme Cendrars (Blaise !), Simenon ou Montessier. Cet essai présente donc leurs parcours de vie, d'errance et d'inspiration, sur tous les véhicules, continents et mers du globe.

Points forts

Les points forts de cet essai sont simples : bien écrit, facile à lire, assez bref pour ne pas lasser ou pas se perdre dans des exégèses réservées à d'autres ouvrages, et que nous ne lirions peut-être jamais.

Les biographies sont introduites par une petite synthèse sur la "majeure" des auteurs qui vont suivre (y compris une intéressante prospective sur le XXIème siècle). Et se composent chacune d'une petite accroche en tête, suivie de l'essentiel de la vie, des passions et des anecdotes fondatrices de l'auteur, de ses œuvres, de son style. Le récit est émaillé de citations, courtes et révélatrices, mais aussi des extraits choisis des biographes plus "officiels", pour éclairer un pan du propos.

Sans doute décèlerez-vous un souffle plus passionné dans la description des vies de Jack London ou de Joseph Kessel, ou encore (re)découvrirez vous l'origine de leur nom de plume et le réseau d'amitiés qui les ont liés à d'autres monstres sacrés de ces deux siècles passés, écrivains, philosophes, musiciens, peintres ...

Quelques réserves

Choisir 19 écrivains "voyageurs" est un choix que certains trouveront peut-être étroit. Mais l'envers de la médaille est un essai qui se lit facilement, et ne renie pas le parti pris des passions littéraires de son auteur !

Encore un mot...

Ces vagabonds qui disent le monde, "ces romanciers voyageurs dont on a envie d'emboîter le pas" (P. 208) ont façonné ces histoires qui vous emmènent au bout du monde, dans des aventures tumultueuses et des lectures immobiles. Ce petit essai est aussi intemporel que facile à lire et à relire - et à conserver à portée de main. 

Car l'exercice de la biographie navigue souvent entre le trop court et le trop long, les 5 lignes d'un dictionnaire des noms propres, ou la litanie des dates et des exégèses multiples, certes utilement consensuelles, que nous livrent des sites internet connus et non moins bavards. 

"Voyageurs, ils devinrent écrivains. Écrivains, ils se firent voyageurs". Avec cet exergue, Laurent Maréchaux nous offre à la fois sa vision, sa passion et ses partis pris - et nous embarque sans difficulté dans ces petits voyages dans l'intimité des écrivains qu'il a choisis. "Je voyage pour vérifier mes rêves" prétendait Gérard de Nerval. Avec ces 19 là, pas de doute, entre rêves et fantasmes, entre fuites et quêtes, entre spleen et boulimie, nous y sommes !

Toujours disponible en librairie, la version "beau livre" apporte par une belle sélection d'images et de photos, un complément élégant au texte qui reste la matière de la version "Poche".

Une phrase

A propos de Pierre Mac Orlan
"A bord de l'Etoile Matutine ou encore Le chant de l'équipage, de figurer dans le gotha des auteurs de récits épiques. Alors quel est le secret de ce narrateur hors pair, capable d'entraîner le lecteur dans des contrées lointaines qu'il n'a jamais lui-même parcourues ? La réponse tient en trois mots : l'imagination, la sensibilité et la fantaisie. " P 140

A propos de Blaise Cendrars
"A New York, où il erre sans le sou, tout le déçoit : sa fiancée qu'il a idéalisée, la vie américaine qu'il trouve "pire qu'en Suisse" et la mégalopole qui lui paraît sinistre mais qui lui inspire une galerie de portraits, plus glauques les uns que les autres. Regroupés dans Hic, Haec, Hoc, ils sont signés Blaise Cendrar - le "s" viendra plus tard - un pseudonyme né de l'association des trois mots fondateurs : la braise, la cendre et l'art." P 149 

A propos de Bruce Chatwin
"Quelques temps avant sa mort -elle survient à Nice le 18 janvier 1989 -, Chatwin, épuisé et miné par le sida, avait, en guise de testament  griffonné quelques lignes : "Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison, mais la route, et la vie elle -même est un voyage à faire à pied", léguant ainsi à ses lecteurs comme ultime cadeau, sa passion raisonnée pour les voyages pédestres." P 205

 

L'auteur

Laurent Maréchaux est voyageur, marin, auteur d'essais et de romans. Ses récits s'intéressent particulièrement à la singularité et aux "assoiffés de liberté" - ceux-là même qui furent de grands voyageurs, découvreurs ou encore Hors la loi - Anarchistes, illégalistes, as de la gâchette (2009). Il a publié en octobre 2020 Les Défricheurs du monde, ces géographes qui ont dessiné la Terre, dont la chronique a été publiée sur Culture Tops.

Laurent Maréchaux contribue également à diverses revues littéraires et historiques.

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