Le monde est mon langage

A l'écoute enthousiaste de la rumeur du monde
De
Alain Mabanckou
Editions Grasset - 320 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Un beau voyage en mots à travers le monde des personnes croisées par Alain Mabanckou. Des personnes connues, d’autres anonymes. Des personnes qui ont aidé Mabanckou à comprendre, à aimer, à parcourir ce monde qui est son langage. 

Hâtivement, on pourrait ranger ce livre dans la catégorie « essai » ; l’auteur préfère, avec son élégance que lui confère son statut de membre de la Sape (Société des ambianceurs et personnes élégantes), évoquer une « autobiographie capricieuse ».

Au fil des pages, le voyage mène à Paris, Montréal, Londres, Marrakech, Pointe-à-Pitre, Buenos Aires, Port-au-Prince, on croise l’Haïtien Dany Laferrière (membre de l’Académie française) ou encore l’Américain Douglas Kennedy à Marrakech, on déambule dans les jardins du Luxembourg à Paris avec J.M.G. Le Clézio (prix Nobel de littérature 2008). On se retrouve au Congo avec Sony Labou Tansi qui écrivait dans des cahiers à spirales devant deux posters du Che Guevara. On se pointe à Château-Rouge dans le 18è-me arrondissement parisien et on retrouve Jocelyn le Bachelor, le styliste « sapeur » qui habille Mabanckou et qui veut à tout prix être un personnage dans un de ses romans- « Parle de moi, frère, tu ne le regretteras pas, je te ferai une pub énorme dans la communauté !, assure Jocelyn à Alain. Je vendrai ce livre dans mon magasin ! Et je te jure que même les illettrés l’achèteront ! »

Points forts

- A toutes les lignes, à toutes les pages de « Le Monde est mon langage » transpire l’enthousiasme communicatif d’Alain Mabanckou.

- Une « autobiographie capricieuse » que son auteur ne voulait ni traditionnelle ni linéaire. Elle est donc aléatoire avec des personnages qui partagent tous le même carburant : la conviction et la certitude que le monde façonne l’individu.

- Sans jamais donner la moindre leçon, Alain Mabanckou rappelle que le français est une langue parlée non pas seulement à Saint-Germain-des-Prés ou plus généralement en France, mais partout dans le monde. « Par les gens les plus passionnants et les plus inattendus », précise-t-il.

- Des portraits (une vingtaine) en forme d’hommage et dans lesquels, en creux, l’auteur rappelle sa trajectoire personnelle et culturelle, lui qui parcourt le monde avec « le sentiment d’appartenir aussi à l’aventure humaine ».

Quelques réserves

Parfois, Alain Mabanckou se laisse déborder par son enthousiasme et son empathie. Alors, il a tendance à devenir professoral…

Encore un mot...

Quand Alain Mabanckou passe du roman à l’essai, du moins à l’« autobiographie capricieuse », il conserve son style alerte et empathique. Mieux, avec « Le monde est mon langage », il signe un bel éloge de la langue française et de ses serviteurs croisés au hasard de ses voyages. C’est impeccablement lumineux, furieusement érudit, follement enthousiaste, empli d’espoir !

Une phrase

« J’ai choisi depuis longtemps de ne pas m’enfermer, de ne pas considérer les choses de manière figée, mais de prêter plutôt l’oreille à la rumeur du monde ».

L'auteur

Né le 24 février 1966 à Pointe-Noire (République du Congo), Alain Mabanckou est arrivé en France à l’âge de 22 ans, a travaillé pour le groupe Suez- Lyonnaise des Eaux pendant une dizaine d’années avant de se consacrer totalement à l’écriture. Il publie son premier roman « Bleu-Blanc-Rouge » en 1998, suivi entre autres de « Verre cassé » (2005), « Mémoire d epôrc-épic » (2006, prix Renaudot), « Black Bazar » (2009) ou encore « Petit Piment » (2015). Il écrit également de la poésie, des essais ou encore de la littérature jeunesse. En 2012, il a reçu le Grand Prix de littérature de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre, et a été finaliste, en Grande-Bretagne, du Man Booker International Prize. Ses livres sont traduits, à travers le monde, dans une quinzaine de langues.

Il enseigne la littérature francophone à l’UCLA, à Los Angeles, et depuis mars 2016, occupe la Chaire de Création artistique au Collège de France. 

Accessoirement, il est également producteur musical : il a produit deux albums, « Black Bazar » (2012, rumba congolaise) et « Black Bazar- Round 2 » (2013, rumba congolaise et dancehall).

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