Les lettres de prison

Mandela: un plus grand bonhomme encore que ce qu'on croyait.
De
Nelson Mandela
Editions Robert Laffont
Notre recommandation
4/5

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Thème

Je dois l’avouer : avant de lire ces lettres, j’avais une estime protocolaire pour ce héros éloigné, emblématique, trop commode. A cause de la violence de l’ANC, de son communisme africanisé sans avenir, de son visage de jeunesse ingrat devenu un beau et noble vieillard, de sa légende médiatique. Ses lettres, sans emphase ni calcul envers la postérité, offrent le visage d’un autre héros plus authentique qui transcende sa longue survie en une vie de combat. Dans ces 700 pages sombres, l’épistolier ne doute de rien ni de personne, se satisfait de joies simples malgré l’adversité de l’oubli, de l’incompréhension, de la censure tyrannique, du gardien au ministre. Tout ce que « Madiba » a tenté de faire en accédant à la fin de sa vie à la présidence de la République d’Afrique du Sud est déjà là, inscrit dans chacune de ces lettres qui filtrent un air de liberté.

Points forts

Qu’il s’adresse à Winnie, sa femme aimée, elle–même souvent emprisonnée, à ses enfants devenus orphelins, à ses proches, ses camarades, sa famille, ses geôliers qui confisquent la majorité de son courrier et s’évertuent à le contrarier, à l’empêcher d’étudier, de correspondre, de garder espoir, il reste le même, constant à ne pas vivre que pour lui, à porter la parole, à saper un ordre injuste. 

L’homme témoigne dans chaque lettre de sa soif d’apprendre et de savoir, de sa ferme mesure, de son extrême courtoisie, de sa délicatesse attentionnée à chaque deuil, de sa finesse de jugement sur les hommes et les choses, de son souci des détails qui témoignent qu’il n’a rien oublié, de sa cellule, du monde réel. 

Voilà un révolutionnaire qui ne renie rien de son éducation, des valeurs familiales, de ses racines et de sa condition de notable, de chef tribal et d’homme de culture.

Quand il aborde le quotidien ou rêve à l’avenir, il réclame la vérité et l’effort, pourfend l’injustice et veille à sa santé pour rester en vie et accomplir sa mission. 

Dans sa prison, Mandela est une sagesse, un bloc fragile, lucide, émouvant, visionnaire.

Dans la dernière partie du livre, l’horizon commence à s’élever, l’air de la liberté est en sourdine, l’énergie espère chaque jour un peu plus. Mandela, de sa cellule, reste le pivot des discussion politiques menant à la fin de l’apartheid et à sa libération, le dernier comme il se doit.

Quelques réserves

On est loin ici de ses mémoires, « Un long chemin vers la liberté », et de ses discours flamboyants de figure mondialisée croulant sous les honneurs. Ces lettres conservées, parfois recopiées, arrachées à l’oubli, n’ont pas toute la même portée mais elles ont la même force, un rappel, patient et sans haine, à la loi pour les geôliers et un rappel à la vie pour ses correspondants dans l’attente. Comme eux, Mandela ne sait jamais si ses missives sont parties et si elles vont finir par arriver. Le lecteur, lui, les reçoit dans leur forte faiblesse, sans censure ni délai.

Encore un mot...

De ces 255 lettres sorties de ses prisons, émergent le portrait en creux d’un grand homme simple. Cet épais pavé de papier pèse son poids de souffrance et d’impuissance. Il est comme une brique arrachée au mur humide et froid de sa geôle pour apercevoir la lumière. Cette Histoire finira bien pour laisser la place à une autre, non moins complexe, pour un pays symbolique.

Une phrase

Ou plutôt six:

- Tu es l’honneur de mon cœur (…) Etre l’objet de ton amour m’a rendu humble. J’aime beaucoup les grands rêves et ai aimé particulièrement le tien. Tu es plus importante pour moi que le reste du monde.

- Une fois encore, je me sens bien et prêt à faire face à tout ce que le destin garde en réserve pour moi.

- La cellule est un endroit idéal pour se connaître, pour rechercher le fonctionnement de son esprit et de ses sentiments. Ne jamais oublier qu‘un saint est un pêcheur qui ne cesse de se réformer.

- Tout mon corps vibre de vie et d’espérance.

- Les difficultés brisent les uns et construisent les autres.

- L’espoir est une arme puissante qu’aucun pouvoir sur terre ne peut vous enlever.

L'auteur

Né en 1918, Nelson Mandela, issu d’une famille royale de l’ethnie Xhosa, avocat et dirigeant anti-apartheid partagé entre l’action révolutionnaire et la non-violence, a passé 27 ans en prison, de 1962 à 1990. Il se vit décerner le prix Nobel de la Paix en 1993 en même temps que le Président Frederik de Klerk, à l’issue du processus de transition à la fin de l’apartheid. Elu démocratiquement premier Président noir de la République d’Afrique du Sud, de 1994 à 1999, il décède en 2013. 

Commentaires

Aïchatou n'diaye
mar 22/10/2019 - 13:36

J l'ai toujours apprécié depuis mn enfantce Nelson Mandela bien vrai qu'il est mort mais j garde intact ses souvenirs dans ma mémoire car ce que nous aimons ne meurt jamais réellement il demeure avec nous à tout jamais et emprunte dans nos souvenirs les plus précieux

Fatou ba
ven 08/05/2020 - 17:59

Nelson mandela a etait lun des idoles et le restera pour toujours tout ce qui la vecu est travers3 ma rend fiere de lui

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