Le Livre des Baltimore

Joël Dicker s'installe parmi les meilleurs
De
Joël Dicker
Editions de Fallois
Notre recommandation
4/5

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Thème

Au gré de ses souvenirs de jeunesse, l'auteur se penche sur les trajectoires et destinées de deux familles cousines qui se fréquentent régulièrement mais que néanmoins tout oppose. Le livre des Baltimore c'est l'histoire "dramatisée" de l'American way of life via les parcours que suivent parallèlement  la branche laborieuse et très " middle class" des GOLDMAN DE MONTCLAIR, reflet de la classe moyenne dont est issu Marcus, à son grand regret, et la branche prospère, huppée et vénérée par notre héros, des GOLDMAN DE BALTIMORE, à qui tout sourit jusqu'au jour où....

C'est le cadre : précis, illustré, vivant. Vient se greffer l'intrigue, le "Drame" tel que l'annonce l'auteur dés le milieu du livre et qui nous sautera à la figure quelques pages avant la fin, bien que le lecteur en aura pressenti les prémisses ; drame mystérieux, inexorable, aux multiples conséquences sur tous les membres de cette communauté de bon aloi...a priori.

Points forts

1/ Grandeur et décadence

"Le Livre" est certainement un grand roman sur la fragilité des destins. sur les inégalités et l'instabilité de la société américaine notamment ; sur le caractère éphémère de l'aisance économique et celui, obsessionnel, de la réussite.                                                                                                        "La Roche Tarpéienne est près du Capitole" tel est donc le pitch du livre qui aurait pu aussi être titré "La Chute" . Joël Dicker se dit d'ailleurs "fasciné, sinon hanté, par la chute".

2/ Le Gang de Goldman

Sorte de Saga familiale, "Le Livre des Baltimore" brosse, avec insistance, un tableau des fantasmes, des hantises, des sentiments exacerbés qui, aujourd'hui, comme hier, animent la jeunesse et les ados de nos sociétés. Au premier chef l'amour et son pendant, la jalousie, les trahisons, les désespoirs. Tableau contrasté avec ses amitiés indéfectibles, ses aspirations au bonheur et en même temps le goût de la morbidité, des solutions définitives et des challenges impossibles. 

Roman noir, dirons certains, roman nostalgique plutôt. Il y a beaucoup de nostalgie de la jeunesse dans cette saga, du culte du héros, du modèle de la " bande", à l'instar du "Gang des Goldman , sorte de "A la vie à la mort", que Marcus a fondé avec ses deux cousins Hillel , le surdoué, et Woody, l'adopté, le désespéré. De ce point de vue, "Le livre des Baltimore" est aussi fort que la "Fureur de vivre"!

3/ Le style, toujours

Joël Dicker est un maître de l'écriture... et de la mise en scène. Son style, fluide,  se fait, tour à tour, haletant et tonique, paisible et émouvant. Son livre, très bien construit, faisant vivre avec clarté deux, voire trois époques en parallèle, multiplie les fausses pistes et ménage les zones d'ombre nécessaires. Les "acteurs " sont vrais et attachants. Ce n'est pas un drame, c'est une tragédie qu'on nous donne à lire

Quelques réserves

Comparaison n'est pas raison

"Le Livre" est certes un cran en dessous de "La vérité' que nous considérons comme un chef d'œuvre. Le "page-turner "de ce best seller est certainement dans le top 5 de la décennie tandis qu'on peut être tenté de sauter quelques lignes du "Livre des Baltimore" . Le sujet est moins complexe, la dramaturgie plus simple, le Drame un peu "téléphoné", le suspense moins abouti ; mais ne considérons pas le dernier livre de Dicker comme un polar. C'est un drame psychologique, un roman sociologique criant de vérité, aux personnages attachants.

Trop est l'ennemi du bien

Ce livre est rempli de bons sentiments. Trop parfois. Certains passages, aux deux tiers du livre, trainent en longueur. l'Amour avec un grand A fait place parfois à des sentiments dignes d'amourettes puériles. Les éditions Harlequin ne sont pas loin pendant quelques pages; mais l'ennui est fugace, le narrateur d'Harry Quesbert reprend le dessus. La conclusion est sublime de simplicité et d'émotion contenue.

Encore un mot...

Le Livre de la fraternité perdue.

Une phrase

"Parce que les livres sont plus forts que la vie, tout est réparé, tout est pardonné" (épilogue)

L'auteur

Joël Dicker est né à Genève en 1985. Après "Les derniers jours de nos pères" et surtout "la vérité sur l'affaire Harry Québert", publié en 2012 et qui a connu le phénoménal succès de librairie qu'on lui connait (3 millions d'exemplaires, Grand prix de l'Académie Française, Prix Goncourt des Lycéens..), notre très jeune romancier prodige, qui a fait son miel du genre thriller psychologique,  présente "Le livre des Baltimore". Signe particulier : même héros que dans "La vérité", Marcus Goldman, romancier néophyte en mal d'inspiration, témoin d'une certaine Amérique d'aujourd'hui.

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