Névroses médiatiques

De parti-pris et inégal, mais aussi profond que brillant
De
Gilles-William Goldnadel
Editions Plon
Notre recommandation
3/5

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Thème

Gilles-Willliam Goldnadel revient sur un thème qui lui est cher, déjà  abordé dans « le Nouveau Bréviaire de la haine » publié chez Ramsay en 2001, celui de la névrose de l’homme blanc occidental engagé dans un exercice d'auto-destruction suicidaire pour s'être commis dans le crime nazi, le plus abject jamais connu; il y ajoute ici l’ampleur donnée à cette dérive par l'écho qu'une presse dévoyée donne à ce crime, une presse qui a abandonné l'investigation et rangé son esprit critique au placard, se vautre dans le suivisme et la pensée unique, avec pour terre d'élection, la curieuse détestation de soi et de la société toute entière.

Cette tardive introspection à l'heure où les faits sont prescrits et les coupables enterrés explique selon l'auteur l'oeuvre de flagellation collective et par l’effet d’un amalgame imbécile ou pervers, invite à croire que tout ce qui représente l’ordre, à commencer par la police et l’armée et avec elles la droite qui les soutient, est synonyme de répression et de violence et s’assimile à cet état nazi.

La preuve tient en deux mots qui procèdent d’une analogie verbale inepte et dangereuse, "CRS-SS", refrain du joli mois de mai, pour se répéter un peu plus tard sous la forme d'une petite main jaune portée sur le cœur (celle de SOS RACISME), à l’instar de l’étoile jaune réservée aux juifs sous Vichy, qui distille confusément l’idée selon laquelle l’immigré (Touche pas à mon pote) est devenu la victime contemporaine de la même exclusion, avant son nouvel holocauste.

Autant de dérives intellectuelles que dénonce l’auteur qui prennent aujourd'hui et selon lui, à la moindre occasion, une dimension démente grâce à une presse nourrie au sein d'une école qui réécrit la légende nationale pour en faire un roman noir et d'un journalisme militant, adepte des propos séditieux et des images orientées, donnés en pâture à la foule numérique qui envahit la toile, plus violente et plus nombreuse que la foule physique qui envahissait  le château de Versailles en 1989 ou celui des Tuileries en 1792. 

Points forts

Une démonstration souvent brillante qui tient en trois parties, la première, de l’ordre de la thèse, sinon arbitraire du moins engagée,la troisième intitulée « Travaux Pratiques » qui fourmille d’exemples et autres illustrations du propos, assortis de quelques citations et comportements ridicules attribués pour une bonne part à l’intelligentsia classée à gauche.

Une plume acide de la nature du pamphlet, mode littéraire abandonné dans une société étranglée par le discours médiatique obligé, souvent dénoncé sous le vocable du « politiquement correct », pour amener le lecteur à réagir, rétablir le vrai sens des mots, provoquer pour débattre.

Quelques réserves

La deuxième partie qui traite plus spécifiquement de ce suivisme béat et de l’instinct grégaire de la foule, la foule physique d’hier étudiée par Le Bon et par Freud et la foule médiatique d’aujourd’hui, hystérique, névrosée; la comparaison avec la foule d’hier étant sans doute pertinente sans qu'il fut nécessaire de refaire l’exégèse de la thèse un peu absconse de ces deux philosophes désormais vieux de deux siècles.

Encore un mot...

La « voix » de Goldnadel, toujours dissonante dans le discours ambiant,  dénonce ici la dérive des journalistes qui ont perdu, selon lui, l’idée même de l’investigation, voire de la déontologie et  aseptisent la pensée, des professeurs qui sacrifient le roman national et des juges qui s'éloignent du service de la règle de droit en privilégiant leurs convictions personnelles, politiques et syndicales.

Une phrase

"La cruelle désaffection à l'égard du politicien, désormais plus mal mené que meneur, trouve pour moi sa source principale dans son rejet par le système médiatique. En le moquant, en le ridiculisant, celui-ci trouve son comptant populiste de plaisir sadique et de revanche narcissique sur les puissants d’autrefois et dévalorise la classe dirigeante. Devenu de rigueur, le négativisme est presque au cahier des charges du journaliste-rebelle chargé de malmener la dernière victime expiatoire de notre société névrosée. En l'espace d'un demi siècle, l'interview passa d'un excès à l'autre, de la brosse à reluire au poil à gratter."

L'auteur

Gilles-William Goldnadel est avocat, essayiste et éditorialiste au Figaro. 

Soutien très engagé de la cause israélienne, il se définit lui même comme un juif de combat, sécuritaire et réactionnaire.

Il a publié à ce jour une dizaine d'essais.

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