L'Éternité, montre en main
Publication le 18 février 2025
320 pages
23€
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Thème
Dans un volume couvrant essentiellement la période de 2000 à 2015, Patrick Tudoret dévoile au fil du temps, le journal intime de ses pensées, de ses trouvailles de lectures et de ses voyages en se plaçant sous le patronage de l'Éternité à laquelle il croit. Son regard allie la bonté de l’indulgence vis-à-vis de l’essentiel et la sévérité de la vie accessoirisée et des lubies débraillées de ses contemporains.
Points forts
A Paris, dans son presbytère de Marcilly en Vendômois ou dans son fief familial de La Rochelle, dans des ailleurs plus lointains (Venise, Shangaï, Figueras, Singapour, Grèce), l’auteur aime à observer, inspirer, admirer et parfois conspuer, tenir à distance. L’instant comme goutte à goutte salutaire, le verre rubis goûté auprès d’un maître doublé d’un ami es Lettres, la forêt jouant avec le paysage, les mots sortis des livres pour prendre l’air frais, l’observation pour songer et réfléchir. Tout ce qui survient, à l’école des moralistes d’antan, est un prétexte à penser, à noter et à laisser sa marque, souvent drôle, comme une empreinte sur un chemin de terre.
Quelques réserves
« Passer du coq à l’âme » éloigne des routines casanières sans totalement abandonner la nostalgie de l’idéal et le parti pris du caractère. Un prix à payer pour rester droit dans les bottes de sept lieues d’un marcheur, oublié de l’actualité, pour convier à sa table de travail une belle récolte d’auteurs et d’idées. Il n’y a rien à retrancher à ce choix délibéré d’indépendance et de liberté.
Encore un mot...
Dégustation littéraire à savourer dans la lenteur, exigences hautes, références nobles, carte des menus plaisirs et des vastes extases, les épanchements et inclinations de Patrick Tudoret offrent le charme des lectures parallèles, des chemins rarement empruntés. Cet écrivain, critique d’une modernité débridée, possède un authentique art de lire et d’écrire. J’ai bien aimé le suivre sur son chemin intemporel, sans regarder ma montre tournant au ralenti.
Une phrase
“Tous les maçons de la terre auront beau faire, il n’y a que les livres pour en tenir les murs.” (p. 66)
“La France et son syndrome de la plainte, permanente, lancinante, fatigante, usante” (p.119)
“Il serait urgent de créer la notion de crime contre les Humanités.” (p. 127)
“Le jour ne sera jamais qu’une pâle imitation de la nuit.” (p. 133)
“Le monde va mal, c’est décidemment ce qu’il fait de mieux.” (p. 148)
“Bonheur(s). Cette écume qui danse sur la crête des vagues avant de céder aux caprices du vent.” (p. 156)
“Combien le détachement est salutaire quand l’indifférence peut être mortelle.” (p. 168)
“Il est plus simple de préférer les idées qui résonnent à celles qui raisonnent.” (p. 183)
“Criblé de doutes, je ne pourrai jamais partager l’arrogance bêtasse de ces vastes « intelligences » qui pensent avoir tout compris.” (p. 202)
“Il faut laisser infuser la vie en soi pour, un jour, en être enfin .” (p. 216)
“J’ai toujours pensé que si l’on écrivait des livres, c’était pour se dispenser d’en parler.” (p. 230)
L'auteur
Patrick Tudoret, né en 1961, est universitaire (thèse de doctorat sur Les émissions de télévision littéraires en France), écrivain et auteur dramatique. Docteur en science politique, chroniqueur pendant quinze ans au journal La Montagne, il est l’auteur d’une vingtaine de livres dont L’écrivain sacrifié (2009, prix de la critique littéraire), L’homme qui fuyait le Nobel (2015, prix Claude Farrère), Petit traité de bénévolence (2019), La Gloire et la Cendre (Les Belles Lettres, 2021) et En marchant, petite rhétorique itinérante (Tallandier, 2023).
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