TURENNE. Génie militaire et mentor de Louis XIV

Un pilier de la gloire militaire

Arnaud Blin

Tallandier / Ministère des Armées
Publication le 28 août 2025
528 pages
Prix : 26,90 euros

Notre recommandation

4/5

Infos & réservation

Thème

Plus connu sous le nom de Turenne, Henri de la Tour d’Auvergne, né en 1611, fut un chef militaire de premier plan sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV. Frappé mortellement par un boulet de canon le 27 juillet 1675, à Sasbach, près des bords du Rhin, au sommet de sa gloire, il reste une figure encore mal connue dont ce livre dévoile les facettes familiales, religieuses, diplomatiques et militaires.

Souvent associé à Vauban, son voisin sous le dôme des Invalides par la volonté de Napoléon, Turenne, par ses origines, sa longévité, sa lente montée en puissance, ses éminentes qualités de chef inspiré et de rude soldat, occupe une place singulière dans l’histoire : protestant, binational franco-hollandais, proche des princes allemands, étranger rallié à la monarchie française, frondeur tiraillé avant de sauver le règne du jeune roi Louis XIV, sa vie a été une succession d’engagements au combat et d’obstacles de tous ordres avant une consécration tardive, disputée et inachevée.

Points forts

Dans cette solide biographie de référence, Arnaud Blin dessine autour de ce portrait, avec ampleur et talent, une époque chargée en conflits internes et externes. Une ère de rupture historique qui va de la fin de la guerre de Trente ans bien au-delà des termes de l’ordre westphalien érigé par le traité de 1648, au moment où la France, bénéficiaire avec l’Angleterre et les Provinces-Unies du nouvel ordre européen au détriment de l’Empire Austro-Hongrois, de l’Espagne et, dans une certaine mesure, de la Suède, commence à s’aliéner durablement une grande partie de ses rivaux et de ses anciens alliés.

Dans ce contexte troublé, Turenne, frère cadet de Frédéric-Maurice, l’instable duc de Bouillon, mène une ascension balisée par ses qualités morales et guerrières, par son expérience des armes (infanterie et cavalerie), par sa loyauté – bien avant sa conversion tardive au catholicisme - mais aussi animée par l’ambition de faire reconnaître à sa maison un rang que son rival et ami le grand Condé tirait, outre sa haute naissance, de son tempérament flamboyant. En butte à Louvois, tenu à l’écart du cercle restreint autour d’un Louis XIV qui réservait la gloire à sa seule personne, Turenne sut, entre deux périodes marquées par la guerre de siège et le manque de moyens permanent, mener à de rares occasions sa « guerre de choix » : surprise stratégique, guerre de mouvement grâce aux fonctions opérationnelles (renseignement, logistique) encore à l’œuvre aujourd’hui qui fit merveille, au meilleur de son âge, lors de la fameuse campagne d’hiver de 1672-73 puis en Alsace et en Allemagne en 1674-75.

Quelques réserves

Aucune. L’auteur ne fait pas mystère des échecs - personnels et militaires - et des limites avouées de Turenne, notamment à l’écrit et à l’oral même si ses intéressants Mémoires participent à une meilleure connaissance de sa dimension spirituelle, de sa vision lucide, de sa personnalité secrète et de ses difficultés à faire valoir son point de vue, coincé entre la stratégie de cabinet de Louvois et l’avènement de la défense du « Pré carré » chère à Vauban. Il ne cache pas non plus les horreurs de la guerre de l’époque, le peu d’empathie de Turenne - à l’instar de ses pairs - pour les pertes humaines et le sort misérable des populations notamment lors des ravages de sa campagne dans le Palatinat en 1674.

Encore un mot...

Issu de la haute aristocratie, figure internationale éminente avant l’heure, Turenne a incarné, avec constance, loyauté et courage, une figure de chef militaire craint, estimé et élevé « par le Mérite » dont l’action a été décisive dans des moments cruciaux de l’Histoire. Son action, bonifiée par l’expérience, étudiée avec soin et admirée par Napoléon Bonaparte, a inspiré plusieurs souverains et chefs militaires ennemis et reste un modèle pour de nombreux stratèges. Cet ouvrage conforte à bon droit la réputation d’intégrité d’homme-soldat et la légende d’un de nos inoubliables « grands capitaines ».

Une phrase

« De tous les généraux qui m’ont précédé, et peut-être qui me suivront, le plus grand de tous est Turenne. » (Napoléon Bonaparte, exergue).
« Il est mort aujourd’hui un homme qui faisait honneur à l’homme. » (Montecuccoli, p. 12)
« Jamais homme n’a tant dû à son mérite et si peu à sa fortune. » (Saint-Evremond, p. 97)
« L’habileté est d’aller à ce qui fait achever les choses. » (Lettre à sa sœur, p. 317).
« Turenne avait été grand jusqu’en 1673. Mais depuis que Montecuccoli lui fut opposé jusqu’à sa mort, il fut sublime. » (Comte de Grimoard, p. 424)
« Que lui faut-il de plus ? Il meurt au milieu de sa gloire. » (Madame de Sévigné, p. 457)

L'auteur

Arnaud Blin, né en 1960, politologue et historien franco-américain, a contribué à la renaissance de l’histoire militaire classique des années 2000 ; il collabore depuis 2014, à la revue Guerres et Batailles. Formé en science politique à la Tufts University et à Georgetown, en histoire à Harvard et en droit international à la Fletcher School of Law & Diplomacy, il est un expert des relations internationales et l’auteur de nombreux livres, publiés en plusieurs langues, soit en collaboration (Gérard Chaliand, François Géré) soit seul : des biographies (Tamerlan , FD Roosevelt), des ouvrages consacrés aux batailles (Iéna, 1806 - Perrin, 2003 ; Wagram. 5-6 juillet 1809 -Tallandier, 2010 ; Les conquérants de la steppe, d’Attila au Khant de Crimée, Vème-XVIIIéme siècle - Passés Composés, 2021), au terrorisme et à la dialectique paix-guerre : 1648, la Paix de Westphalie (collection « Texto », 2025). Turenne est publié avec le soutien du Ministère des Armées.