Fabio Alessandrini: L'équation

On ne rigole pas, mais c'est aussi passionnant qu'ambitieux
Mise en scène
Fabio Alessandrini
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de la Reine blanche
2 bis passage Ruelle
75018
Paris
01 40 05 06 96
ATTENTION: dernière, le 28 avril, du mercredi au samedi à 20h45 / dim. 15h
Vu
par

Thème

  • Un singe - le narrateur - capturé dans sa jungle africaine, est acheminé jusqu'en Amérique, où il va assimiler de manière accélérée toutes les connaissances scientifiques réunies à ce jour par l'homme.
  • Retourné à l'état d'anémone, il revient par étapes sur l'évolution du vivant et sur la création de l'univers.

Points forts

  • Vulgariser les découvertes scientifiques n'est pas aisé ; pour cela, Fabio Allessandrini s'est informé aux meilleures sources (Einstein et Hawking bien sûr, mais aussi les astrophysiciens Michel Cassé et Laurent Nottale, le généticien Marcello Buiatti...), et propose un spectacle dont les qualités pédagogiques ne tiennent pas à son seul talent d'orateur, d'animateur, de mime ou de comédien.
  • Alessandrini veut rendre son propos le plus vivant possible, et même restituer la dimension poétique des sciences. Dans cette optique, il exploite de manière pertinente le vaste plan situé à l'arrière de la scène, tout à la fois fenêtre ouvrant sur l'extérieur, écran de projection de diapositives, aquarium, tableau pour l'écriture de ses fameuses équations, espace d'expression polychrome des phénomènes scientifiquement établis (expansion de l'univers, circulation des photons), et qui finit par nous rappeler la populaire "ardoise magique" des années soixante... Soulignons ici la qualité de la contribution apportée par le vidéaste Claudio Cavallari.
  • Le défi qu'Alessandrini s'impose et parvient à relever est ambitieux, car il parvient à faire dialoguer de manière assez fluide les sciences entre elles (physique, astrophysique, biotechnologie et optogénétique), tout en établissant diverses connexions entre celles-ci et la littérature, représentée ici par des références au Kafka des Nouvelles, à Italo Calvino (Cosmicomics) et même à Érik Orsenna (L'avenir de l'eau), et avec la poésie, qui, comme la démarche scientifique, sollicite puissamment l'imagination.
  • De là découle l'un des points forts du spectacle : cette capacité d'alterner entre moments poétiques - ainsi l'évocation des diamants en fragments d'un monde perdu - et mises en garde, sur le contraste contemporain entre gain (des connaissances) et perte (d'orientation), ou sur les dérives redoutables, comme lorsque la sélection des espèces revient au goût du jour grâce aux nouvelles techniques de manipulation moléculaire.

Quelques réserves

  • Si le dispositif de narration partant du singe est assez astucieux pour rappeler les origines de l'homme, les diapositives qui  montrent le comédien en primate au milieu d'un aréopage de savants de réputation mondiale constituent un procédé un peu répétitif.
  • Sans être hors d'atteinte du vulgum pecus, il arrive un moment où l'on peut se sentir un peu perdu dans le balai de photons, de neutrons, d'ondes et de molécules, faute d'acquis scientifiques suffisants... Il convient alors de se laisser porter par la poésie du texte, car Fabio Alessandrini parvient toujours à nous récupérer à l'étape suivante !

• De la même manière, il ne faut pas s'inquiéter du titre du spectacle : les équations ont  ici (et à notre grand soulagement...) un rôle purement décoratif, dont elles s'acquittent de manière fort convaincante.

Encore un mot...

Outre une approche assez accessible des découvertes opérées par les sciences dites dures, on appréciera dans cette sorte de parabole les passerelles existant entre ces dernières et la littérature. C'est un plaidoyer pour  une éthique des sciences, pour la beauté et la poésie de ces disciplines.

Une phrase

« Nous sommes tous des restes d'étoiles explosées. »

L'auteur

Fabio Alessandrini, metteur en scène, auteur et comédien pour L'équation, a travaillé sur le répertoire classique et contemporain au théâtre de Gênes, puis mis en scène et interprété ses textes ainsi que ceux d'Erri de Luca avec le théâtre de Compiègne (2000-2008). Responsable artistique de la Compagnie Teatro di Fabio, il travaille actuellement avec la Scène Nationale de Dieppe.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Seul en scène
Gelsomina
De
Pierrette Dupoyet, d’après La Strada de Federico Fellini
Seul en scène
Un sac de billes
De
de Joseph Joffo – adaptation Freddy Viau