La Traviata

Halte aux mises en scène gâchis !
De
Giuseppe Verdi
Mise en scène
Benoît Jacquot
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Opéra de Paris/Bastille
Place de la Bastille
75012
Paris
0892289090
Jusqu'au 29 juin

Thème

Ecrit par Piave, le livret de «  la Traviata » est l’ adaptation d’une pièce d’Alexandre Dumas fils , «  la Dame aux camélias », qui avait été inspiré à son auteur par sa maitresse, Marie Duplessis.  Après avoir fait tourner la tête de ses nombreux amants et protecteurs, cette courtisane très belle, très convoitée et très onéreuse, était décédée de phtisie à l’âge de 23 ans, seule et abandonnée par presque tous. Dans l’œuvre de Dumas, l’héroïne, considérée aujourd’hui comme l’archétype de la femme « dévoyée », s’appelle Marguerite ; Pour« la Traviata », elle est devenue Violetta…

 A l’instar de la pièce dont il est tiré, l’opéra raconte l’histoire de la  passion  que la demi-mondaine Violetta va développer pour  Alfredo Germont, un jeune comte follement épris d’elle. Une passion  pour laquelle elle va mettre fin à sa vie dissolue, mais qui va pourtant se briser sur l’autel de la bienséance, le père d’Alfredo venant un jour demander à Violetta, au cours d’une scène déchirante, de mettre fin à sa liaison, pour des raisons  de « convenance sociale ». Déjà atteinte de cette tuberculose pulmonaire qui va   l’emporter,  Violetta va consentir au sacrifice. Quelques minutes avant qu’elle ne meure, le fils et le père Germont viendront la retrouver, dans une autre scène très bouleversante, et rendre à «  la femme dévoyée » son honneur et sa pureté.

Points forts

-D’abord l’œuvre en elle-même.  

Sur le plan  littéraire, «  La Traviata »   offre l’un des portraits de femmes les plus bouleversants du répertoire lyrique, celui d’une femme « perdue » qui,  en allant par amour jusqu’au sacrifice de son bonheur, pourtant enfin trouvé après des années d’errance, va finir par gagner (trop tard, puisqu’elle va mourir !) le droit  au respect et à la dignité. 

Sur le plan musical, c’est une œuvre éblouissante, d’une  force émotionnelle incroyable. Son expressivité presque sans pareille,  porte, jusqu’à l’incandescence, le drame qui s’y joue. 

Tout ceci explique  pourquoi « La Traviata »  est l’un des opéras les plus joués dans le monde. Pourquoi aussi, quand on le programme, les locations montent en flèche...

-La direction musicale de Michele Mariotti. Est-ce son atavisme italien ? En tous cas, le (presque) tout nouveau chef du Teatro Comunale de Bologne  dirige avec autant de maitrise que de  théâtralité, de précision que  d’expressivité, cette partition de Verdi. Le public lui réserve une ovation méritée.

- « La  Traviata »  d’Irina Lungu. Le soir du 29 mai, la chanteuse d’origine moldave, qui venait de triompher  sur cette même  scène  dans « Rigoletto »  (rôle de Gilda) a remplacé au pied levé Sonya Yoncheva,  qui avait déclarée forfait pour des raisons familiales. Ligne de chant parfaite, présence scénique indéniable, engagement dramatique très touchant,  la jeune soprano a réussi à faire frissonner la salle, pourtant venue applaudir Sonya Yoncheva. Logiquement, devant le succès qu’elle a remporté, l’Opéra de Paris devrait  réinviter cette jeune artiste au timbre superbe.

- Le Germont père du serbe Zeljko Lučić. Dans la scène où il vient demander à  Violetta d’abandonner son fils,  le baryton est impressionnant  à la fois de sensibilité et d’inflexibilité. C‘est un formidable musicien doté d’une  voix splendide. Son timbre, d’une sonorité de cuivre, est , pour l’oreille, un enchantement.

Quelques réserves

- La mise en scène de Benoit Jacquot. Pourquoi l’Opéra la reprend-elle, alors qu’à sa création, en 2014, elle avait déjà déclenché des critiques. Certes elle offre des décors spectaculaires et somptueux  ( Ah ! celui de l’acte deux, avec un plateau coupé en deux  avec, à jardin, un arbre majestueux et  à cour, un escalier monumental, tous deux très bien éclairés). Mais elle est, le plus souvent,  à périr d’ennui.  Toutes les scènes sont statiques, même celle des fameux bals. C‘est dire !

- La danse des bohémiennes : quelle idée absurde de l’avoir confiée à des hommes. C ‘est  aussi inesthétique (pour ne pas dire grotesque),  qu’« illisible » !

Encore un mot...

Peut-on recommander cette « Traviata » ? A condition de faire abstraction de la mise en scène, si lourdingue et si inexpressive, de Benoit Jacquot, on peut ! Car l’ opéra de Verdi dégage une telle expressivité, la direction musicale de Michele Mariotti , une telle puissance dramatique, qu’on est  malgré tout emporté.  Et puis aussi, on est ému par la prestation (presque sans faute) d’un plateau de chanteurs qui, galvanisés par un chef de haut rang, donnent à entendre la magnificence de la partition. 

L'auteur

Né près de Busetto (Province de Parme), à la Roncole, dans un milieu modeste, Giuseppe Verdi commence très tôt sa carrière musicale puisqu à onze ans, il est « nommé » organiste de l’église de son village. Grâce à un mécène (dont il épousera la fille), grâce aussi à une bourse, il part approfondir ses études à Milan où, en 1839, il a la chance exceptionnelle de recevoir la commande d’un opéra de la part de la Scala. Son « Oberto , conte di San Bonifacio » lui vaut un succès suffisant pour qu’il décide de continuer dans cette voie de compositeur d’’opéra. Mis à part les quelques mois qu’il met à surmonter l’épreuve terrible de la mort de sa jeune épouse et de leurs deux enfants, et aussi le fiasco de son deuxième opéra (« Un giorno di regno »), Verdi va devenir rapidement l’un des compositeurs d’opéras les plus prolixes et les plus novateurs qui aient jamais existé. A partir de 1850, ayant déjà signé, entre autres, les partitions de « Macbeth » et de « Luisa Miller », il se retrouvera sans rival dans son pays et sera acclamé dans le monde entier. Il mourra à Milan le 27 janvier 1901. Sans enfant,  il léguera sa fortune à la maison de retraite pour vieux musiciens qu’il avait fondée dans cette ville.

Parmi ses œuvres les plus connues « Aïda », « un Bal masqué », « Otello ».

Créée à Venise en 1853, « La Traviata » est la dernière œuvre de ce qu’on a appelé sa trilogie populaire. Elle vient après « Rigoletto » (1851) et  «Le Trouvère » (1853).

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