Le Chevalier à la rose

L'excellence sur tous les plans
De
Richard Strauss
Mise en scène
Herbert Wernicke
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Opera de Paris
Place de la Bastille
75012
Paris
0892289090
Jusqu’au 31 mai

Thème

Créé en I911, en Allemagne, sur un livret, signé Hugo von Hofmannsthal, conçu en hommage à Mozart et à ses « Noces de Figaro », «  Le Chevalier à la rose » est sans doute l’une des œuvres les plus lyriques et les plus sensuelles de Richard Strauss. Situé dans la Vienne impériale, si raffinée, de la seconde moitié du XVIIIème siècle, cet opéra débute par une scène d’amour enflammé entre une aristocrate d’âge mûr (pour l’époque), la Maréchale, princesse Werdenberg, et son jeune amant, Octavian, un seigneur d’à peine vingt ans, qu’elle surnomme Quinquin. Ils se jurent amour toujours… Mais voici que surgit le baron Ochs qui vient annoncer à la Maréchale ses fiançailles avec une jeune fille, appelée Sophie. Un mariage est en vue. Mais avant, il faut, selon la tradition, qu’un chevalier aille offrir à la fiancée, de la part de son futur mari, une rose d’argent. Le bouillonnant Octavian est choisi pour porter cette fleur à Sophie. Quand il la rencontre, le coup de foudre entre eux est immédiat. Ce qui tombe à point nommé, car le baron Ochs se révélant être un grossier personnage devra renoncer après être tombé dans un piège. La Maréchale, magnanime, s’effacera aussi, non sans avoir versé quelques larmes au cours d’une scène déchirante.

Points forts

- La partition, d’une richesse sonore incroyable, où on entend, tour à tour, Wagner, Mozart, Verdi, valse viennoise et bel canto italien, le tout, bien sûr, dans le style, si personnel, du compositeur.

- Le livret. Il est signé d’un grand poète, et cela se perçoit dans chacune de ses phrases. Même dans les scènes de farce ou de comédie dont est truffé ce livret, Hugo Von Hofmannsthal ne se départit jamais de son élégance, de son raffinement, et de sa profondeur. Son lyrisme nous emporte, nous émeut, même, et surtout, dans les scènes où il évoque les méfaits du temps, la fugacité de l’amour, et la nostalgie de la passion.

- La direction d’orchestre. Clarté, précision, amplitude, nuances et dynamisme… Dès le prélude d’ouverture, on est conquis. Une fois de plus,  Philippe Jourdan est époustouflant, qui aime cette œuvre et la connaît pour l’avoir déjà dirigée en 2006 dans cette même fosse. Il la revisite ici, avec encore plus de cohérence, d’enthousiasme, de fluidité, bref plus de… maestria. Et, bien évidemment, aux saluts, lui et son orchestre croulent sous les vivats.

- La mise en scène. L’Opéra de Paris a eu mille fois raison de reprendre la création d’Herbert Wernicke (décédé en 2002). Elle date de vingt ans, mais elle est toujours aussi « magique », aussi belle et aussi efficace. Ses décors de hauts miroirs tournants, disposés en paravent, visuellement splendides, permettent de démultiplier les effets, ceux de la comédie (certaines scènes évoquent l’ambiance de la farce bouffonne de la commedia dell’arte), comme ceux de la tragédie des amours finissants ou des sociétés en déclin. Symbolisant aussi à merveille l’ancienne société aristocratique de Vienne, ils forment un écrin pour les interprètes, dirigés ici, comme des comédiens, et qui donnent à voir, au delà de leur chant, les moindres intentions de leur personnages.

- La distribution. Elle est à la hauteur des ambitions de cette « recréation ».  La salle frissonne  devant la prestation  déchirante de la soprano Anja Harteros qui reprend ici le rôle de la Maréchale, un de ses personnages fétiches. La Basse Peter Rose nous amuse avec son interprétation désopilante du grossier et balourd Baron Ochs. Quant à la mezzo soprano Daniela Sindram,  qui est Octavian, elle stupéfie par sa présence, sa vivacité et son agilité vocale. Le reste de la distribution ne dépare pas. Et les chœurs, non plus.

Quelques réserves

La perfection apparente de cette production est telle qu’en rechercher les points faibles équivaudrait à essayer de retrouver une aiguille dans une botte de foin...

Encore un mot...

Quelle riche idée a eu l’Opéra de Paris de reprendre ce « Chevalier à la rose » dont la musique, tour à tour, nous étourdit, nous subjugue ou encore, dans ses passages de valse, nous enveloppe. Voilà quatre heures d’une production qui, mise en scène, chant, direction musicale, émeut et enchante, fait rire aussi. Avant de revenir à Paris, ce spectacle, créé en 1995 à Salzbourg, avait fait plusieurs fois le tour du monde. On comprend pourquoi.

Une phrase

Qui sera presque un  petit paragraphe, dû à Hugo de Hofmannsthal :

« Le temps est une étrange chose. Quand on se laisse vivre, il ne compte pas. Mais tout d’un coup, on ne sent plus que lui… Il ruisselle dans nos miroirs. »

L'auteur

Né à Munich le 11 juin 1864 dans une famille de musiciens, Richard Strauss fut, comme son illustre ainé Mozart, un enfant prodige, capable de composer dès l’âge de six ans! Fort d’une solide formation musicale, il devint non seulement l’un des chefs d’orchestre les plus fameux de son temps, mais aussi l’un de ses compositeurs les plus prolifiques et les plus éclectiques puisqu’il a abordé à peu près tous les genres, de la musique instrumentale pour orchestre au poème symphonique (notamment «  Ainsi parlait Zarathoustra » en 1896), en passant par le lied et le ballet.

Mais c’est  avant tout grâce à trois opéras que son nom est connu du grand public : « Salomé » (1905), « Elektra » (1909) et « Le Chevalier à la rose » (1911).

S’il ne fut pas très novateur sur le plan de la composition, en revanche, son importance, du point de vue du style et de l’esthétique, fut considérable.

Et s’il introduit des valses dans son œuvre, ce n’est pas en raison de son patronyme (il n’a rien à voir avec les deux Johann Strauss, père et fils, d’origine autrichienne !), c’est surtout à titre de clin d’œil à la tradition  viennoise.

Ce musicien complet, qui affectionnait les poètes - d’où, sa longue collaboration, entre autres, avec Hugo van Hofmannsthal - s’éteignit le 8 septembre 1949 à Garmisch-Partenkirchen. Un an auparavant, il avait composé «  les Quatre derniers lieder », un cycle de lieder pour orchestre et soprano. Soprano, la tessiture de Pauline de Ahna, la cantatrice qu’il avait épousé quarante-cinq ans plus tôt, et qu’il n’avait jamais quittée.

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