Madama Butterfly

Raymond Duffaut termine en beauté
De
Giacomo Puccini
Mise en scène
Nadine Duffaut
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Chorégies d'Orange
Place Silvain
84100
Orange
04 90 51 83 83
ATTENTION: dernière, mardi 12 Juillet

Thème

Inspiré d’une pièce de David Belasco, elle même tirée d’une nouvelle de John Luther Long, et cette dernière sans doute écrite d’après une histoire vraie, l’opéra « Madame Butterfly » a été créé le 17 février 1904 à Milan .

D’une structure inhabituelle (il ne comportait que deux parties), il connut un échec retentissant. Mais Puccini, qui croyait profondément en son œuvre, la remania sur le plan musical, et la réorganisa en trois actes. Présentée trois mois plus tard à Brescia, sa nouvelle version connut un triomphe... qui ne s’est plus démenti.

L’action se déroule dans le Japon contemporain de la création. Pinkerton, un officier américain fait le simulacre d’épouser une jeune geisha de quinze ans, Cio-Cio-San, dite Butterfly (en français, papillon). Le drame commence au lendemain de la nuit de noces : Pinkerton retourne dans son pays et Cio-Cio-San, qui a renié pour lui sa religion et ses traditions, est rejetée par sa famille. Trois ans vont passer pendant lesquels la jeune femme, qui est devenue mère, va attendre chaque jour vainement le retour de son mari, refusant de nombreuses propositions de mariage. Quand Pinkerton revient enfin, il est marié à une américaine. Après avoir remis son petit garçon à  la garde de son père, Cio-Cio-San, de désespoir, se fera Harakiri avec le sabre de son père sur lequel est gravée cette phrase : « Celui qui ne peut vivre dans l’honneur, meurt avec honneur ».

Points forts

- L’œuvre en elle-même qui brosse le portrait de l’une des plus déchirantes héroïnes du répertoire lyrique. On comprend que cette très jeune femme,  victime de sa naïveté et de la force de son amour pour un homme qui s’est joué d’elle, soit devenue l’une des préférées du public d’opéra. D’autant que la musique qui sertit son portrait est d’une bouleversante somptuosité.

- La prestation d’Ermonela Jaho. La soprano albanaise, qui affronte pour la première fois dans un rôle-titre le public des Chorégies (8.9OO personnes !),  éblouit par son engagement physique et surtout vocal. Ses aigus très purs, ses graves bien tenus, sa ligne de chant parfaite en font une Cio-Cio-San idéale. L’ovation qui l’accueille aux saluts est amplement méritée.

- Le reste de la distribution, qui est au même niveau d’excellence que celui d’Ermonela Jaho. Et, notamment, le ténor  Bryan Hymel, qui, donne à saisir toutes les facettes de Pinkerton, sensualité passionnée d’abord, désinvolture ensuite, et enfin, compassion. Lui aussi, qui est un nouveau venu aux Chorégies, est totalement engagé dans son personnage. Et il l’interprète avec une vaillance qui ne souffre d’aucune défaillance. Au diapason, la mezzo canadienne Marie-Nicole Lemieux qui compose, grâce à sa voix, unique, et sa présence, bienfaisante, une époustouflante Suzuki (la servante de Cio-Cio-San).

- La direction musicale de Mikko Franck qui, tout en précision, légèreté et sensibilité, fait entendre toutes les subtilités harmoniques de la partition de Puccini. Il faut dire que le chef est face à l’une des meilleures formations françaises, l’Orchestre Philarmonique de Radio France.

- La somptuosité élégante de la production. Devant le haut mur du théâtre antique, la metteuse en scène Nadine Duffaut a joué la sobriété. Son dispositif scénique, qui découpe l’immense plateau en petits espaces comme revêtus de tatamis, et décorés de ravissants  paravents et de jolies lanternes, donne  l’impression, quand il le faut, que l’action se déroule dans l’intimité d’un intérieur. Le minimalisme du décor laisse exploser le raffinement des costumes, surtout ceux des geishas, réalisés avec des soies anciennes d’un chatoiement inouï.

Quelques réserves

A part éventuellement, un soir, un caprice du temps qui ferait se lever ce méchant mistral qui emporte les voix (quand il ne les casse pas), il n’y en a pas…

Encore un mot...

Les Chorégies d’Orange ont changé de directeur. Cette « Madame Butterfly » est, de ce fait, l’avant-dernière production de celui qui présida à leur destinée pendant plus de trente ans, Raymond Duffaut. Ce valeureux capitaine ne rate pas sa sortie. Réussie sur tous les plans (scénique, vocal et musical) sa production de l’opéra le plus populaire de Puccini restera, sans aucun doute, dans les annales du Festival. 

Une phrase

« Ma Butterfly reste l’opéra le plus sincère et le plus expressif que j’ai jamais conçu ». Giacomo Puccini.

L'auteur

Né le 22 décembre 1858, issu d’une longue lignée de musiciens, Giacomo Puccini, formé très jeune à la musique religieuse, commence par gagner sa vie en étant organiste.

En 1858, entendant « Aïda », il découvre sa vraie vocation : compositeur d’opéra. Ses études, au Conservatoire de Milan vont être difficiles. Orphelin de père depuis l’âge de six ans, le jeune compositeur tire le diable par la queue. En 1883, un « Capriccio Sinfonico », d’un style très personnel et novateur, lui vaut d’être remarqué. En 1884, il écrit « Le Villi ». Le climat romantique de cette œuvre, allié à une originalité mélodique, lui vaut un succès tel que l’éditeur Ricordi décide de le prendre  sous son aile.

Débarrassé dès lors de tout souci financier, Giacomo Puccini n’arrêtera plus, ou presque. Il va composer notamment, en 1884, « Manon Lescaut », en 1896, « La Bohême », en 1900, « Tosca » et en 1904, « Madame Butterfly », toutes des œuvres d’un romantisme ardent.

Après six années de silence, il créera à New York, en 1910, «  La Fille du Far West », plus audacieuse encore dans ses harmonies. Trois ans après, «  La Rondine », achevée en 1917. Il entreprend son monumental « Turandot », une œuvre qu’il n’achèvera pas : atteint d’un cancer de la gorge, ce compositeur génial, qui avait su trouver, comme personne auparavant, le parfait équilibre entre une écriture vocale très lyrique et un langage harmonique d’une grande richesse, décède à Bruxelles le 29 novembre 1924.

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