Wheeldon / McGregor / Bausch

A voir, si vous n'êtes pas réfractaire à la modernité
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Opéra de Paris: Palais Garnier
Place de l’Opéra
75009
Paris
0 892 89 90 90

Thème

Trois ballets :

- « Polyphonia » : une œuvre  écrite pour huit danseurs par le britannique Christopher Wheeldon, sur des pièces pour piano de György Ligeti, qui fut  ami de Pierre Boulez. Cette pièce à la gestuelle acrobatique, créée en 2001, qui fait la part belle aux duos et exige un grand sens de l‘équilibre, fait ici son entrée au répertoire de l ‘Opéra de Paris.

- « Alea Sands » : un septuor conçu par l ‘américain Wayne McGregor sur « Anthèmes 2 », une musique pour violon solo et électronique signée Pierre Boulez. C' est la création de la soirée. Interprétée par des danseurs en collants beige et noir à dessins géométriques, devant un décor zébré d’éclats de lumière qui dessinent, de façon aléatoire semble-t-il, des figures abstraites, cette chorégraphie, qui est donc une création, est la plus ardue de la soirée. Parce que sans doute la plus futuriste, la plus arythmique, la moins mélodieuse.

- « Le Sacre du printemps » : donné dans la chorégraphie de Pina Bausch, sur la partition signée Igor Stravinsky. Une partition que Pierre Boulez dirigea souvent et qu’il affectionne particulièrement. Mobilisant trente trois interprètes qui vont danser jusqu’au bout de leur souffle, cet impressionnant ballet, met en scène un rite sacrificiel dont la victime – une jeune femme - finira, exsangue, sur le plateau, après une époustouflante prestation. Il constitue le clou de la soirée.

Points forts

- D ‘abord le concept même de cette soirée : La danse, pour célébrer un compositeur de musique contemporaine ! L’idée est d’autant plus justifiée  que Pierre Boulez ne cessa d’associer son art à celui de la déesse Terpsichore… Elle permet en outre, à la troupe de l’Opéra, d’ajouter deux ballets à son répertoire.

- L‘audace aussi de cette soirée qui, personnalité de son dédicataire oblige, joue délibérément la carte de la modernité.

- La perfection de l’interprétation. Incroyable troupe que celle de l’Opéra de Paris, capable de passer avec une aisance stupéfiante du vocabulaire le plus académique à la gestuelle la plus contemporaine !

- La (re)découverte d’un des ballets les plus poignants et spectaculaires du XXème siècle : « le Sacre du Printemps » chorégraphié par Pina Bausch. On ne se lasse pas de la beauté dramatique de cette pièce  créée en 1975 par la chorégraphe allemande.

Quelques réserves

A dire vrai, dans la conception de cet hommage, il n y en a pas.

En se rendant à cette soirée hommage, le spectateur sait qu’il va assister à un spectacle entièrement (musique, décors, costumes,  gestuelle) placé sous le signe du contemporain. Les tenants du classicisme en sortiront sans doute les oreilles et les yeux ulcérés; apaisés  peut-être quand même, après le second entracte, par le « Sacre du Printemps », devenu , au fil du temps, intemporel .

Encore un mot...

Quelle soirée que celle-ci, qui nous plonge dans la modernité, pour ne pas dire l ‘avant-garde! Qu’on aime ou pas, saluons l’Opéra de Paris qui offre cette plongée dans l ‘art du XXIème siècle, permet à des artistes de créer des œuvres de plain-pied avec leur époque.

L'auteur

Ou plutôt, en l'occurrence, LE DEDICATAIRE DE LA SOIREE:

Pierre Boulez, quatre-vingt-dix ans le 26 mars dernier, est sans aucun doute le compositeur et chef d ‘orchestre français le plus emblématique de sa génération.  Non seulement parce que cet ancien élève d’Olivier Messiaen, qui fit d’abord de hautes études mathématiques, ne cessa de défendre, en tant que directeur musical, les répertoires des XXème et XXIème siècles, mais en plus, parce qu’il est à l’origine de la création, en 1975, d’un laboratoire de recherches musicales sans équivalent au monde : L’IRCAM. Et cela, bien sûr, sans compter son activité  insatiable de compositeur, qui débuta en 1955 par le « Marteau sans maître » et se poursuivit par une trentaine d’autres créations, allant de la pièce soliste aux œuvres pour ensemble et électronique.

Pierre Boulez et la musique, donc. Mais aussi, Pierre Boulez et la danse. Car  cet infatigable arpenteur des musiques contemporaines n’a cessé d ‘être associé à l’art du mouvement. En inspirant des chorégraphes, à partir de ses  propres compositions et en dirigeant des œuvres écrites pour le ballet, comme le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky.

Il était logique que l’Opéra de Paris rende hommage à ce créateur en lui dédiant une soirée chorégraphique, avec des ballets ou des musiques proches de son univers.

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