Pina Bausch: Sur la montagne, on entendit un hurlement

La poésie et la beauté comme réponses: superbe hommage à une grande dame
De
Pina Bausch
Avec
Tanztheater Wuppertal
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre du Chatelet
1, place du Chatelet
75001
Paris
0140282828
ATTENTION: dernière, le 26 mai
Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

« Sur la montagne, on entendit un hurlement » a été crée en 1984, et explore au plus près les relations hommes-femmes. 

Sur scène, un homme, un archétype de super-héros version Mr Propre, gonfle des ballons, et les éclate. Une femme portée par deux hommes marche sur les murs, les hommes se singent, battent les femmes, ces dernières se soudent entre elles et éclatent. 

Cette pièce rentre dans les rapports de soumission et domination, et explore tous les archétypes que la société et nous-mêmes nous nous créons, ces différents modes censés régir les relations hommes-femmes.

Points forts

Le travail de Pina Bausch a marqué plusieurs générations, et cette représentation prouve que cela risque de continuer. On n’en ressort pas indemne dès lors qu’elle nous confronte avec ces règles, ces peurs, ces douleurs qui pétrissent les relations humaines. Les danseurs alternent des moments de cruauté avec des danses d’une beauté inégalables. Les tableaux se succèdent, inégaux, et absolument renversants dans le surgissement du groupe. A plusieurs reprises le plateau (de terre) est pris d’assaut par la cinquantaine de danseurs, hommes d’un côté, femmes de l’autre, et les voilà qui rament dans une galère, qui se noient et périssent dans d’atroces souffrances, qui se heurtent, tombent, se relèvent, et les hommes en choisissent un, et les femmes en choisissent une, et l’un et l‘autre doivent, à leurs corps défendant, s’embrasser.

Il est vain de tenter de raconter ou d'intellectualiser cette pièce qui fait appel aux renégats de l’enfance mais surtout à un monde d’adultes, fait de frontières et d’isolement, de questions sans réponses, de séduction vaines, de forêts abattues pour, quand même, tenter d’y jouer à cache-cache;

Pina Bausch ne peut que nous reconnecter à ce qui est essentiel. Les éléments, terre, feu, air et eau se mêlent et forment des tableaux qu’on ne peut voir ailleurs, devenant de réels personnages, contexte de l’histoire qu’elle nous raconte. Puis les êtres jaillissent, s’enterrent, s’élèvent, parlent, crient, ou restent muets. C’est donc toujours soit au corps soit à notre terreau mental commun qu’elle s’adresse, et chaque tableau vient trouver sa place dans un réseau de symboles et décryptages de la réalité homme-femme.

Quelques réserves

Le second acte est moins maîtrisé, plus long et abstrait. Peut-être que sous sa coupe, « Sur la montagne, on entendit un hurlement » aurait été adaptée à notre monde actuel. On y trouve aussi moins d’humour que dans d’autres compositions et ça peut parfois manquer.

Encore un mot...

Cette pièce peut laisser un peu circonspect ceux qui ne connaissent que Café Müller ou Nelken, mais on y trouve des clés pour continuer à affronter la réalité et la vie d’aujourd’hui, tout en poésie et en regardant du côté de la beauté…

Une phrase

Le choix d'une phrase sera remplacé par l'évocation d'un son: le hurlement de la femme, redevenue sauvage, qui pousse son cri au pied de la montagne, éclairée seulement par la pleine lune.

L'auteur

On peut expliquer le succès mondial qu’a connu Pina Bausch par le fait notamment qu’elle ait choisi pour centre de son travail un dénominateur commun universel : le besoin d’amour, d’intimité et de sécurité émotionnelle. A travers des excursions poétiques sans cesse renouvelées, elle explore ce qui peut nous permettre de nous rapprocher ou nous éloigner de notre besoin d’amour perpétuel. Son théâtre n’est ni didactique, ni ne prétend détenir les clés des questions qu’elle soulève; au contraire, il s’agit de générer des expériences : grisantes ou douloureuses, apaisantes ou conflictuelles –parfois comiques et absurdes aussi. Le tanztheater crée ainsi des paysages intérieurs émouvants, explorant au plus près les émotions humaines, sans jamais abandonner l’espoir que notre quête d’amour puisse être comblé.

Aux côtés de l’espoir siège la réalité, une autre clé de son travail : les différents éléments de ses spectacles empruntent à un socle commun de choses que le public connaît, avec lesquelles il peut s’identifier personnellement ou physiquement.

Pendant 37 années, Pina Bausch a sculpté le travail du Tanztheater Wuppertal ; jusqu’à sa mort en 2009, elle a crée une œuvre qui jette un regard infaillible sur la réalité, tout en nous donnant le courage d’être chacun en lien avec nos propres désirs et nos souhaits les plus intimes. Elle a assemblé une troupe unique, riche d’une variété de personnalités différentes et qui continue de perpétuer ses valeurs sur les scènes des plus grands théâtres du monde entier.

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