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Thème
Il ne faisait pas bon être femme en Italie au début du XVIIe siècle si l’on rêvait d’émancipation, a fortiori par la peinture…
Artemisia Gentileschi, née à Rome en 1593, n’est initialement autorisée qu’à broyer les couleurs dans l’atelier de son père, peintre respecté qui reçoit des commandes des Cours européennes jusqu’à devenir en 1626 le peintre officiel du roi Charles 1er d’Angleterre. Toute formation académique lui est interdite.
Mais sa combativité et sa force de caractère hors du commun lui ouvrent la voie d’un parcours exceptionnel commencé officiellement en 1610, année de sa première toile signée, qui connaîtra son apogée grâce à sa renommée auprès des plus grands mécènes et sa reconnaissance par ses pairs.
L’exposition permet d’apprécier les nombreuses facettes de sa carrière grâce à des chefs-d'œuvre qui se sont imposés comme pièces de référence de l’ère baroque, complétés très à propos par certaines toiles très rarement exposées au public.
Artemisia Gentileschi, Judith et sa servante 1615 Galerie des Offices, Florence © Ministera della Cultura
Points forts
L’expression d’une personnalité particulièrement affirmée qui cherche à :
- S’émanciper du père tout en assumant sa filiation artistique.
- Porter une voix nouvelle entre féminisme et féminité ; Artemisia peint beaucoup les femmes et les expose entre puissance et sensualité. La marque d’une grande audace et d’une quête éperdue d’identité.
- Montrer au monde la violence de la lutte pour l’affirmation de soi à laquelle les femmes de son temps sont confrontées, n’hésitant pas à recourir régulièrement à l’autoportrait en guise de messager
- Attacher une grande attention à l’expression des émotions de ses personnages, qu’il s’agisse de scènes bibliques ou historiques ou de portraits de nobles. Elle assume une continuité artistique avec son contemporain le Caravage par son interprétation des thèmes choisis, les cadrages, la tension dramatique des scènes, le réalisme des corps, les teintes de sa palette, les puissants jeux d’ombre et de lumière…Une innovation majeure dans l’histoire de l’art.
L’œuvre d’une héroïne qui osa braver les conventions de son époque pour vivre sa passion et gagner son émancipation. Un modèle universel.
Quelques réserves
Aucune réserve pour cette exposition qui met bien en lumière la fulgurance d’Artemisia.
Encore un mot...
Le musée Jacquemart André présente dans son écrin haussmannien de superbes collections permanentes, sans omettre son merveilleux restaurant/salon de thé installé dans l’ancienne salle à manger sur laquelle veille un splendide plafond du maître florentin Tiepolo.
Une illustration

Une phrase
« Belle main, qui manie le pinceau et la plume Si bien qu’elle confère l’immortalité. » Sonnet de Pietro della Valle (1586-1652) à propos d’Artemisia.
L'auteur
Artemisia (1593-1656) naît à Rome. D’abord assistante dans l’atelier de son père, elle sera au fil de sa carrière appelée à Florence et à Venise, passera enfin un moment à Londres avant de s’établir à Naples. Les épreuves de sa vie personnelle émaillée de drames, en premier lieu son viol à 17 ans par son précepteur privé de dessin Agostino Tassi, imprègneront toute son œuvre. Elle aura deux filles dont une née hors mariage, qu’elle élèvera seule en femme indépendante. Une autre facette de sa fascinante originalité.
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