Aubrey Beardsley (1872-1898)

Au musée d’Orsay, 1re monographie en France de l’étrange et virtuose illustrateur Aubrey Beardsley
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée d’Orsay
1 rue de la Légion d’Honneur
75007
Paris
01 40 49 48 14
Jusqu’au 10 janvier 2021

Thème

Le Musée d’Orsay propose jusqu’au 10 janvier 2021 la première monographie en France consacrée à illustrateur britannique Aubrey Beardsley. Bien menée, l’exposition illustre à merveille le talent d’un artiste prolifique de la fin du XIXe siècle.

Mort à l’âge de vingt-cinq ans, Aubrey Beardsley avait réalisé plus de mille dessins, dont une centaine d’originaux sont réunis pour l’exposition au Musée d’Orsay. Le public français découvre alors une Oeuvre méconnue car confidentielle. En effet, ses dessins étaient surtout destinés à l’époque à être publiés dans des revues, livres et magazines britanniques comme The Savoy ou The Yellow Book.

Le parcours chronologique permet de retracer l’évolution du style de Beardsley au fil des ans, et de mieux comprendre la complexité d’un artiste dandy, anticonformiste et provocateur, qui se plaisait à dévoiler l’hypocrisie du puritanisme de la fin de l’ère victorienne.

« Aubrey Beardsley était définitivement un pionnier dans la représentation des identités et désirs associés à la liberté sexuelle et à la fluidité des genres » explique-t-on dans le texte de présentation.

Les salles et leur thème respectif se succèdent avec rythme et brio. Nous comprenons bien les différentes étapes de la vie mouvementée de l’artiste et ses inspirations, parfaitement expliquées. Beardsley illustre des opéras de Richard Wagner et collabore avec des figures du pré-raphaélisme comme Edward Burne-Jones ou des grands écrivains de son temps comme Oscar Wilde ou Théophile Gauthier, entre autres. Logiquement, les travaux de Beardsley tournent autour de thèmes mythologiques et bibliques. Plus largement, nous découvrons l’originalité d’un univers étrange, audacieux et érotique propre à l’illustrateur.

Les oeuvres fines et sensibles de Beardsley ne sont pas particulièrement mises en valeurs par la scénographie de l’exposition, qui, somme tout, reste sobre. En fait, les murs pastels (orange, vert kaki ou violacés) ne rendent ni hommage à l’intimité des illustrations de l’artiste, ni autrement à leur dimension licencieuse. Seule la petite salle « Antiquité paillarde: illustrer Aristophane et Juvénal », aux oeuvres explicitement sexuelles, est colorée en rouge plutôt vif.

Bien que mort à vingt-cinq ans, l’artiste aura connu la postérité, et sera imité et copié au début du vingtième siècle. Un véritable « Beardsley Boom » lui rendra hommage.

Points forts

- La situation de l’Oeuvre de Beardsley et sa mise en contexte sont parfaitement expliquées. Nous comprenons bien les relations, les influences et les sources de motivation de l’artiste dans l’Angleterre de la fin de l’ère victorienne. Par ailleurs, la mise en perspective est aussi pertinente, car l’Oeuvre de Beardsley est d’actualité par son questionnement sur le genre et la sexualité.

- Le commissariat et le choix des oeuvres est très bon. Sur la centaines d’illustrations exposées, nous observons aussi bien des chefs d’oeuvre connus que des dessins plus confidentiels, sur différents supports de surcroît.

- Cette exposition est un événement car il s’agit de la première monographie d’Aubrey Beardsley en France.

Quelques réserves

- La scénographie aurait pu être plus ambitieuse pour illustrer la complexité des thèmes de l’artiste.

Encore un mot...

L’exposition, première monographie d’Aubrey Beardsley en France, rend un bel hommage à l’artiste. C’est une occasion unique de découvrir la vie et l’Oeuvre d’un illustrateur prolifique, provocateur et libre dans l’Angleterre sclérosée de la fin de l’ère victorienne.

Une illustration

Une phrase

- «  Je ne suis rien si je ne suis pas grotesque » ( Aubrey Beardsley).

- «  Beardsley n’était attiré dans la vie que par ce qu’elle a d’excitant, de brillant, de rare et par le grotesque, le monstrueux, le comique » (Jacques-Émile Blanche).

L'auteur

Aubrey Beardsley (1872-1898) disparaît à l'âge de vingt-cinq ans, en pleine ascension. La grande diffusion de l'œuvre de cet artiste prolifique en a fait un acteur incontournable de la scène londonienne des années 1890.

A vingt ans, Aubrey Beardsley reçoit sa première commande importante de l'éditeur J.M. Dent : l'illustration de La Mort d'Arthur de Thomas Malory, pour laquelle il réalise plusieurs centaines de dessins et qui lui permet de vivre désormais de son art. Revues, recueils, poésie, romans, en quelques années, son travail se diffuse à travers la production éditoriale anglaise. Les illustrations qu'il réalise pour Salomé d'Oscar Wilde figurent parmi les plus célèbres de l'artiste.

Les dessins de cette figure originale de l'Angleterre fin-de-siècle, dessins vifs et virtuoses, en noir et blanc, mettent en scène un univers étrange, érotique, audacieux et anticonformiste. Son style très personnel, aisément reconnaissable, allié à la large diffusion de ses travaux, font de lui un phénomène, à tel point que le critique Max Beerbohm qualifie les années 1890 à Londres de "Beardsley Period".

Au musée d’Orsay, l’exposition déroule le parcours de cet artiste d'exception, de ses premières réalisations publiées en 1891 jusqu'à ses dernières œuvres en 1898.

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