L’étendard sanglant est levé

Intrications entre monde politique et grand banditisme, rivalités policières…La suite des aventures des héros de Bleus, Blancs, Rouges aux premières heures de la présidence Mitterrand
De
Benjamin Dierstein
Flammarion
24 septembre 2025
914 pages
24.50€
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Les années Giscard se terminent. L’arrivée de Mitterrand va rebattre les cartes. Les deux héros, sortis de l’école de police dans le premier tome (Bleus, Blancs, Rouges), Jackie Lienard (RG) et Marco Paolini (BRI) poursuivent leur rivalité. Le brigadier Gourvennec a infiltré les groupuscules gauchistes au péril de sa vie. C’est l’époque de la montée en puissance d’Action Directe, des premières armes de Gaston Defferre au ministère de l’Intérieur, de l’explosion du SAC. 

Points forts

  • Une plume alerte ; une intrigue parfaitement menée ; des rebondissements permanents. Ce gros roman se dévore à la vitesse de l’éclair.
  • Dierstein utilise avec virtuosité la matière historique des premiers mois de la Présidence Mitterrand. Il fait appel à des personnages historiques comme François de Grossouvre, Defferre, les gauchistes, Rouillé, Ménigon, Carlos, des caïds du milieu comme Tany Zampa. Les évènements de l’époque sont intégrés, comme la tuerie d’Auriol qui mit fin aux activités criminelles du SAC ou les naïves tentatives de pacification menées par le gouvernement vis à vis des terroristes gauchistes… C’est toute une époque troublée qui ressuscite aux yeux du lecteur.
  • Les héros du roman sont très bien campés et crédibles dans leurs interrogations et leurs faux pas. Ils sont l’illustration de la guerre que se livrent les différents services de police. Ils sont prêts à tout pour triompher de leurs concurrents, obtenir les premiers l’information capitale ou arrêter les criminels avant les autres, au risque de faire échouer des opérations menées de longue date dans l’ombre, par leurs collègues.
  • Évidemment, entre corruption et fidélités alternatives, entre chantage et meurtres en série, la morale ne sort pas grandie de ces activités, généralement dissimulées au regard du public.

Quelques réserves

Peut-être Dierstein se complait-il dans l’hémoglobine au-delà du vraisemblable. Les liens qu’il tisse entre grand banditisme, prostitution, police et monde politique furent-ils aussi intimes qu’il le laisse supposer ?

Encore un mot...

Un excellent “polar“ dont la longueur ne doit pas dissuader le lecteur, tant il est captivant. En prime il a droit à une fresque travaillée, précise et fondée sur les archives, qui donne une idée assez juste des errements de la première année de la présidence de François Mitterrand: un gouvernement contraint par l’idéologie post soixante-huitarde, capable de détruire en quelques décisions le travail de longue haleine mené par les services de police.

Bien sûr les lecteurs qui ont vécu ces évènements seront peut-être plus intéressés que les autres par L’Étendard sanglant est levé.

Une phrase

« Marco traversa la salle des fêtes, suivit Agnès dans un couloir, monta le long d’un grand escalier et débarqua dans une vaste galerie avec des vitraux en guise de fenêtres, Charles Pasqua, Robert Pandraud et Georges Albertini les attendaient là, assis sur des fauteuils rouges. Des blasons de Paris étaient cousus au fil d’or sur les coussins. Charles Pasqua affichait son rictus habituel - celui qui amenait systématiquement à se demander à quelle sauce on allait être mangé. Robert Pandraud avait les bras croisés sur la poitrine, une pipe au coin des lèvres et un regard sec - malgré les purges socialistes, il en imposait toujours comme à l’époque où il était directeur général de la Police Nationale. Georges Albertini était livide - les rumeurs disaient qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même depuis l’arrivée des ministres cocos dans le gouvernement. » p. 628

L'auteur

Benjamin Dierstein, en dépit de son patronyme qui fleure plutôt les marches de l’Est, est un romancier breton, né après les événements qu’il décrit. À son propos, les journalistes, sensibles au bruit et à la fureur qui émanent de ses romans, l’ont parfois comparé à l’américain James Ellroy. Il promet le dernier opus de la série pour l’an prochain. Il a été couvert de prix littéraires récompensant son évident talent (Prix Landerneau 2025, Prix polar en séries 2025…)

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