Un oeil dans la nuit

Avis aux amateurs ! Un polar qui excelle dans le genre horrifique et humoristique
De
Bernard Minier
Editions XO
Parution le 6 avril 2023
500 pages
22.90 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

L’intrigue tourne autour d’un film d’horreur  Orpheus ou la spirale du mal réalisé par Morbus Delacroix, un dingue génial qui ne l’a jamais fait distribuer ; il s’est retiré à 35 ans au fin fond des Pyrénées avec son épouse après le suicide de son producteur et l’assassinat (horrible) de deux de ses techniciens, un preneur de son et un responsable des effets spéciaux, meurtres que le commandant Martin Servaz, de la SRPJ de Toulouse, est chargé d’élucider avec l’aide de Pierrat, un flic parisien de la Crim.

En parallèle, la jeune Judith, étudiante en esthétique du cinéma, s’efforce de prendre contact avec le metteur en scène reclus pour des raisons beaucoup plus personnelles.

Points forts

  • La remarquable érudition de Minier qui donne en appendice une liste de 150 films d’horreur sélectionnés par l’auteur avec leur date de parution et leur metteur en scène « (classiques, cultes, terrifiants, maudits, malades, chocs, poisseux, pervers, déments, mutants, flippants gores, dérangeants, morbides, scandaleux, et dont certains peuvent sévèrement choquer le spectateur sensible) ».
  • Malgré ses thèmes intemporels, le roman est ancré dans le réel avec beaucoup de précision et d’humour. Ainsi, la pluie, les orages, la tempête sont omniprésents durant toute la durée de l’enquête qui court du 21 au 28 juin alors que le solstice d’été aurait dû flamboyer ; les héros de l’histoire sont donc trempés en permanence et le nouveau 36 quai du Bastion (et non plus le légendaire 36 quai des orfèvres) édifice ultramoderne, hyper sécurisé, est inondé dès la première averse au grand dam de ses 7 000 occupants qui doivent barboter sans broncher.
  • Les personnages hors pair sont très typés :
    • Martin Servaz, d’abord, l’enquêteur récurrent, peu sûr de lui, mal dans sa peau, poursuivi par les morts qu’il a croisés tout au long de sa vie,
      Morbus Delacroix, le réalisateur culte et cinéaste maudit, génie ou faiseur, surfait ou sous-estimé, sorte de gnome au visage « magnifiquement laid ».
      Judith Taillandier, l’étudiante entreprenante qui se croit douée pour découvrir des correspondances secrètes invisibles aux autres
      Et beaucoup d’autres qui, tous, ont un trait particulier, une forme de visage, une taille exceptionnelle, une voix inquiétante ou juste une tenue hors normes ...

Quelques réserves

Il faut savoir, avant de l’ouvrir, que ce livre n’est pas un simple thriller mais un roman horrifique traitant avec beaucoup de détails d’un thème morbide, diabolique et pervers qui peut faire rire certains lecteurs mais pas tous.

Encore un mot...

N’est pas Huysmans qui veut mais il faut reconnaître que Bernard Minier a si bien travaillé son sujet qu’il en devient -presque- crédible. En tous cas, malgré les outrances inhérentes au genre, son ouvrage se lit avec plaisir.

Une phrase

C’est Delacroix qui parle : 

« Il y a deux sortes de films d’horreur, ceux qui donnent au Mal une origine externe : un virus, une mutation, le diable… Et ceux qui cherchent son origine dans l’homme… »
« J’ai fini par comprendre que la culture vivante n’est pas la culture de l’intelligentsia et de la bourgeoisie où même la transgression est attendue, codifiée, immédiatement reconnue comme telle et donc sans véritable potentiel subversif -mais la culture grossière, remuante, viscérale, dérangeante du peuple… » p. 249/250

L'auteur

Bernard Minier, né en 1960 au pied des Pyrénées, a fait ses études à Tarbes et à Toulouse avant de faire carrière dans l’administration des douanes. Il publie son premier roman Glacé en 2011 qui inaugure la série  Commandant Martin Servaz qui en comprend sept. Son œuvre est couronnée par de nombreux prix dont le prix du polar (2011) puis le prix du meilleur roman francophone au festival de Cognac (2015).

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