Dernières notes. La dernière soirée de Romain Rolland

Crépuscule musical
De
Michel Mollard
Mise en scène
François Michonneau
Avec
Guilhem Fabre
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Studio Hébertot
78 bis bd des Batignolles
75017
Paris
01 43 87 23 23
Jusqu’au 22 octobre. Du jeudi au samedi à 19h, les dimanches à 17h

Thème

  • 24 décembre 1944. C’est le dernier Noël de Romain Rolland dans sa maison de Vézelay (Morvan). Tandis que son épouse Macha assiste à la messe de Minuit, le vieil homme qui sait qu’il lui reste peu de temps à vivre, veille, médite et va droit au but, c’est-à-dire à l’essentiel.
  • Celui qui fut considéré comme la conscience morale de sa génération, revient sur les questions qui l’ont habité tout au long de sa vie et le basculement, décisif dit-il, que furent les années 1900-1902 (le premier Congrès international d’histoire de la musique ?) : le pacifisme et l’attitude à adopter face aux totalitarismes ; l’engagement en faveur de l’URSS et la dénonciation du fascisme ; le rôle des intellectuels en politique et l’héroïsme ; l’avenir de la France et le projet Européen ; la religion et la foi. 
  • Et, dans l’ordre, Romain Rolland convoque et invoque Claudel, Péguy, Aragon, Zweig, Goethe (« Meurs et deviens » !), Richard Strauss et Beethoven, bien sûr, puisque c’est avec l’ultime  Sonate pour piano n° 32, opus 111 composée par Ludwig van Beethoven entre 1820 et 1822, que s’achève ce spectacle.

Points forts

  • Le quart de queue qui occupe la scène est évidemment le héros du moment. Un peu déporté côté cour, le fauteuil et les livres de l’écrivain témoignent ainsi du rôle qu’a joué la musique dans la vie de l’écrivain.
  • La lumière ainsi que la sobriété d’une mise en scène qui garde l’équilibre entre la parole, les notes et les jeux de lumière.

Quelques réserves

Elles seront de rigueur… si l’on n’aime pas Romain Rolland - encore que le spectacle peut fournir à ceux que la longueur de Jean-Christophe a rebuté un jour, l’occasion de renouer… - ou si l’on n’apprécie pas le mélange des genres…

Encore un mot...

  • En interprétant dans l’enceinte d’un théâtre la dernière sonate pour piano et son arietta d’une puissante spiritualité, qui est une des ultimes pages pour piano de Beethoven, Guilhem Fabre et François Michonneau unissent le théâtre documentaire et le concert, mettant ainsi en relation deux veillées mortuaires ou presque. 
  • Composé à partir de citations de lettres et de fragments de textes, le spectacle est l’occasion de confronter Roman Rolland au musicien qu’il aima tant, et qui seul savait « faire tenir un univers dans un accord », mieux : « dans deux notes » !
  • Le bilan que fait le grand écrivain à quelques jours de la fin, du « changement de décor », est aussi le moment, le dernier, où il n’est plus temps de feindre ou de tourner autour du pot, il ne s’agit que d’être vrai avec soi-même et de jouer ses dernières notes. C’est pourquoi sans doute il n’est pas question du Nobel de littérature, ici. Non plus que du mouvement européen Amsterdam Pleyel, qui lutta contre la guerre et le fascisme, et doit tant à Romain Rolland. 
  • Ce spectacle n’est ni un biopic ni une leçon d’histoire, juste un moment musical et poétique, suspendu.

Une phrase

Quelques aphorismes du maître : 

  • « S’il existe je refuse à Dieu de rejeter les hommes et les femmes de bonne volonté. »
  • « Une foi est un orgueil car c’est une certitude. » 
  • « Il n’y a qu’un seul héroïsme au monde : c’est de voir le monde tel qu’il est, et de l’aimer. »
  • « Ne pas se lasser de vouloir et de vivre. »
  • « Arrive un moment où ne pas mourir ce n’est pas vivre, c’est se survivre. »

L'auteur

  • Romain Rolland, dont le roman-fleuve Jean-Christophe, publié de 1904 à 1912, assura la renommée, a aussi été critique musical. Il enseigna même l’histoire de la musique à la Sorbonne avant d’être couronné par le prix Nobel de littérature en 1915.
  • Polytechnicien et docteur ès sciences économiques, Michel Mollard développe des activités d’investissement, dans le secteur culturel (édition et musique). Il a déjà publié Le voyage à Leipzig : de fugue en fugue, à la découverte du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, Zhu Xiao-Mei : retour en Chine, et signé un film : Le retour est le mouvement du Tao (prix du meilleur essai, du Festival International du film sur l'Art en 2015).
  • Guilhem Fabre, comédien et pianiste (il fut lauréat du Conservatoire National Supérieur de Musique en 2015) assure depuis cinq ans un duo complice avec François Michonneau au sein de la compagnie uNopia, qui organise, depuis le printemps 2019, des tournées de concerts mêlant texte et musique, le tout dans un camion-scène.

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