Coupes Sombres

Un drôle de couple, pas toujours facile à vivre
De
Guy Zilberstein
Mise en scène
Anne Kessler
Avec
Anne Kessler, Pierre Hancisse, Serge Bagdassarian
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond Point
2 bis, Avenue Franklin D. Roosevelt
75008
Paris
01 44 95 98 21
Jusqu'au 15 avril: Du mardi au dimanche, 18h30 - Relâche: les 1er, 3 et 4 avril

Thème

A partir d’une situation conflictuelle et d’une querelle d’égos entre un auteur et une metteuse en scène, Guy Zilberstein restitue avec intelligence et humour un combat en apparence dérisoire mais vital sur l’intégrité d’une œuvre. Un texte court et percutant sur la représentation d’une pièce et la dépossession de son auteur.

Points forts

- Anne Kessler joue parfaitement le « mauvais » rôle de metteuse en scène (rôle qu’elle endosse réellement pour Coupes sombres), tout comme Serge Bagdassarian incarne très justement le « beau » rôle de l’auteur. 

- Sur un sujet a priori austère, qui rappelle les pires débats « théâtreux » des années 70, Guy Zilberstein créée une pièce teintée d’humour et d’ironie (l’auteur se couvre de plaques rouges pour une phrase qu’on veut lui enlever, comme si on l’amputait tragiquement), avec des dialogues incisifs et un ton comique inattendu.

- La densité des personnages, au-delà des postures convenues qu’ils empruntent pour mieux s’affronter, constitue tout l’intérêt de la pièce. Le personnage de l’auteur, archétype pédant et narcissique de prime abord, masque maladroitement une sensibilité qu’il tente de maîtriser. Sans succès, car son eczéma le trahit et finalement lui rend service. L’arrogance et le rejet cèdent peu à peu face aux arguments, et le travail de mise en scène peut commencer. Le spectateur vit alors un moment privilégié : celui des répétitions, des ajustements et des confrontations.

Quelques réserves

Un point faible qui n’en est pas vraiment un : la pièce semble trop courte et on aimerait que le dialogue se poursuive. Ironiquement, on pourrait reprocher à l’auteur de s’être lui-même infligé des coupes sombres…

Encore un mot...

Ne pas céder à l’élimination d’un mot ou d’une phrase, dispensables en apparence : le combat semble dérisoire, rigide et égocentrique. Pourtant, c’est une lutte qui va bien au-delà. On commence par renoncer à un mot ou supprimer une réplique, pour le « confort » du spectateur (et parfois de l’auteur), mais jusqu’où ne pas aller ? Guy Zilberstein restitue à merveille ce conflit entre le pragmatisme mal vu et pourtant bienveillant du metteur en scène, et la « radicalité » de l’auteur, tout aussi nécessaire pour maintenir l’exigence de son propos. Partant de cet affrontement binaire, il offre au spectateur une troisième voie, un art du compromis dans le meilleur du sens du terme et qui ne peut se construire qu’avec la sincérité des deux parties en apparence opposées. Pour cela, il faut être prêt à abandonner son pouvoir, être passionné et pouvoir dépasser les querelles immanentes…

Une phrase

- L’auteur : "J’ai décrit l’espace de jeu de manière tout à fait précise, j'espère que vous ne vous êtes pas trop éloignée de ma vision.

- Le metteur en scène : Il faut bien laisser un peu de place pour l’expression du scénographe, mais…

- L’auteur : Le scénographe ? Vous savez qu’il faut régler la bride assez courte avec tout ce qui est décorateurs, scénographes, dramaturges, aussi. Tous ceux qui ont tendance à avoir trop d’avis. Il faut s’en tenir au texte de l’auteur, plutôt. Vous voyez ? Chez moi, c’est simple, tout est indiqué. Il n’y a plus qu’à jouer la partition."

L'auteur

Scénariste et écrivain, Guy Zilberstein est l’auteur d’une dizaine de pièces de théâtre et de scénarios. Depuis une vingtaine d’années, ses œuvres et ses adaptations ( La Musique d’Excilar, Davenport swing, Allers-simples,  Grief[s], Les Naufragés…) ont été jouées à la Comédie française, au Théâtre de l’Œuvre, au Théâtre Essaïon et au Théâtre national de Chaillot. Il a également publié plusieurs romans et essais chez Ramsay, Balland et Grasset. Guy Zilberstein est Président, depuis 1996, de l’Institut français de veille sémantique.

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