Faust

Magie spectaculaire mais où est passé le message?
De
Goethe
Adaptation: Valentine Losseau et Raphaël Navarro
Mise en scène
Valentine Losseau et Raphaël Navarro
Avec
Véronique Vella, Laurent Natrella, Christian Hecq, Elliot Jenicot, Benjamin Lavernhe, Anna Cervinka, Yoann Gasiorowski et Marco Bataille-Testu, Thierry Desvignes
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre du Vieux-Colombier
21 rue du Vieux-Colombier
75006
Paris
01 44 58 15 15
Jusqu'au 6 mai 2018

Thème

Goethe envisage une sorte de pari entre Dieu et Méphistophélès à propos de l’âme du Docteur Faust. Même si Dieu pense que Faust penchera du côté du Bien, Méphistophélès obtient de lui la possibilité d’utiliser tous les moyens utiles pour le tenter et le faire passer du côté du Mal. 

Faust est un savant qui a souhaité apprendre tous les mystères de l’univers et qui, désespéré de n’avoir pas abouti, fait appel à la magie. 

Méphistophélès intervient, l’empêche de se suicider. Il lui promet tous les plaisirs  auxquels il n’a jamais eu accès, ainsi que la jeunesse. Le pacte est conclu. Méphisto lui obéit en tout jusqu’au jour où Faust devra lui rendre la pareille. 

Dans ce voyage initiatique, il y aura plusieurs victimes, dont une jeune fille innocente, Marguerite, que Faust va déshonorer en la poussant à des actes infâmes. Faust choisira le côté obscur, pour tenter de sauver Marguerite, à laquelle Dieu offrira la rédemption.

Points forts

1- Valentine Losseau et Raphaël Navarro signent une mise en scène complexe, très élaborée autour de la magie et de tous les avantages de la machinerie à l’italienne. On sent que les acteurs se sont prêtés allègrement et avec talent aux exercices physiques que cela nécessitait. Christian Heck est tout à fait surprenant d’agilité et de postures improbables. 

Chacun dans la troupe joue de multiples personnages. Benjamin Lavernhe incarne un Directeur vociférant, volontaire et drôle ainsi que le personnage plus romantique de Valentin, frère de la pauvre Marguerite (touchante Anna Cervinka). Véronique Vella, avec son talent habituel, passe d’un convainquant compagnon de taverne à un rôle de duègne séductrice. Laurent Natrella est un Faust crédible dans son désespoir, surtout en fin de spectacle.

2- Il convient de saluer toute la troupe, car chacun devient manipulateur de marionnette ou de magie. Elliot Jenicot est un Dieu très jeune (intéressant postulat) et devient une sorcière manipulatrice et caricaturale qui fait beaucoup rire le public.

3- Bravo aux effets spéciaux très réussis. Qu’il s’agisse des « vols », des marionnettes, où des effets de projections visuelles, tout est très abouti. Je me suis amusée au moment de « la nuit de Walpurgis », en reconnaissant notamment la silhouette de Didier Sandre, superbe Géronte des « Fourberies de Scapin ».

Quelques réserves

1- En dépit des coupures intelligentes, la pièce est longue et les dialogues à portée métaphysique, entre Faust et Méphistophélès, ralentissent le rythme alerte du spectacle. Peut-être que la magie ambiante prend le pas sur la philosophie ? Peut-être est-ce aussi du au décor très beau mais très chargé du bureau du savant, peint dans des couleurs sombres. On comprend que la magie omniprésente ne doit pas recevoir trop de lumière, mais de ce fait, les visages sont peu éclairés. Au surplus, j’étais au milieu de l’orchestre et j’avais du mal à tout entendre. 

2- Le problème est récurant pour la scène de la Taverne, où le décor sombre et le peu de lumières frontales dissimulent les visages. Il y a des moments où l’on décroche car, lorsque l’on ne voit pas, on n’entend pas non plus, ne sachant plus qui s’exprime.

3- J’ai été surprise que la fin un peu abrupte de Marguerite, se termine dans des lumières rougeoyantes évoquant plutôt l’enfer que la rédemption bien rendue dans l’opéra éponyme de Charles Gounod, avec l’air célèbre « Anges purs, anges radieux ».

Encore un mot...

Un grand texte, un grand auteur, une mise en scène brillante font honneur à la Comédie-Française et à sa troupe. Néanmoins, je regrette que l’omniprésence, certes réussie, de la magie et de ses illusions, détourne le spectateur de l’aspect philosophique, initiatique et métaphysique de ce Faust, qui fut pour Goethe, l’œuvre de sa vie.

L'auteur

Johann Wolfgang von Goethe.

Né à Francfort (Allemagne) le 28/08/1749 ; Mort à Weimar (Allemagne) le 22/03/1832.

Né dans une famille aisée, il fait des études de droit à Leipzig, tout en étant passionné de littérature. Au fil de ses rencontres et de sa santé, il va écrire de nombreux poèmes puis se passionnera pour Shakespeare. Il s'intègre parfaitement dans le courant littéraire du "Sturm und Drang" (Tempête et élan) du romantisme allemand. En 1774, il publie  "Les Souffrances du jeune Werther", inspiré d'un amour malheureux. 

Il est appelé à Weimar pour des fonctions administratives auprès du prince. Sa passion amoureuse avec Charlotte von Stein laissera quelques 1700 lettres.

Il publie poèmes et pièces de théâtre. Après un séjour en Italie, son histoire d'amour avec Christiane Vulpius fait scandale. Nommé à la direction de la culture, il étudie alors les sciences. Son amitié avec Schiller lui permettra d'approfondir ses conceptions littéraires. Il publie le premier Faust en 1806.

Après une longue vie tumultueuse, passionnée et riche de nombreux ouvrages en tous genres, il trouve une sorte de sagesse pour écrire son deuxième Faust en 1831. Il meurt en 1832. 

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