La Maison de Bernarda Alba

De
Federico Garcia Lorca
Mise en scène
Lilo Baur
Avec
Claude Mathieu, Cécile Brune, Véronique Vella, Sylvia Bergé, Florence Vialla, Elsa Lepoivre, Valentin Rolland, Solenn Louer, Thomas Guené, Eliott Jenicot, Jennifer Decker, Adeline d'Hermy, Claire de La Rue Du Can
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Comédie Française: Salle Richelieu
1 Place Colette
75001
Paris
0825101680
Jusqu'au 23 juillet

Thème

Dans l'Espagne des années 30, à la mort de son second mari, Bernarda, femme autoritaire et d'une austérité farouche, veut imposer à ses cinq filles un deuil total de huit années, les obligeant à vivre recluses dans leur maison. Un enfermement qui va être à l'origine de bien des pourrissements. L'une des filles, Adela, va se révolter, n'hésitant pas à conquérir le fiancé de l'une de ses soeurs. Une attitude de défi qu'elle paiera de sa vie.

Points forts

1 Comme souvent, la troupe du Français est remarquable et homogène. 2 Personnellement, j'ai particulièrement apprécié l'interprétation d'Elsa Lepoivre dans le rôle de Poncia, l'une des servantes, d'une lucidité ravageuse, partagée entre des sentiments de haine et de fascination à l'égard de sa maîtresse, qui ne peut se passer d'elle tout en la traitant avec une dureté et un mépris de caste effarant. Elsa Lepoivre est tout à la fois truculente et tragique, hurlante de vérité. A mon sens, c'est son meilleur rôle depuis son entrée au Français. 3 Paradoxe apparent, les moments les plus forts de la représentation sont des instants sans texte: - la danse d'Adela, la jeune révoltée, qui ose s'habiller en vert et non en noir. - et surtout deux moments d'intense émotion esthétique, Lilo Baur sachant utiliser le décor- immense paroi de bois ajourée, comme une prouesse de dentelle, et servie par des éclairages somptueux: le passage derrière la grille majestueuse du cortège funéraire, rentrant à la maison; les filles aux fenêtres, s'imbibant de l'orage.

Quelques réserves

Au risque de choquer les tenants d'un "théâtre à messages", je dirai que cette pièce a pris un terrible coup de vieux parce que, malgré le talent de Lorca, ce théâtre militant où la dénonciation sociale et culturelle prend le pas sur le respect de la vie dans toute sa complexité, est lourdement schématique et bien trop prévisible... En regardant ce spectacle, pourtant formidablement monté, je pensais à une autre création du Français cette saison: "Les Estivants", de Gorki. Même travers et même ennui parfois, d'un théâtre se voulant "documentaire", mais qui est daté et pauvre dans toute sa violence. On est loin de Tchekov et de tout ce que son théâtre exprime d'essentiel et d'universel.

Encore un mot...

Une question toute simple, adressée au Comité de Lecture de la Comédie-Française: pourquoi, alors que la troupe a atteint aujourd'hui une forme d'apogée, donner tant d'importance à des oeuvres de demi-sels du génie ? Lorca n'est pas Neruda et Gorki n'est pas Tchekov... A quand Tennessee Williams, par exemple, et tant d'autres ?

Une phrase

Qui seront deux: - De Bernarda, la mère, s'adressant à l'une de ses filles qu'elle a vue, à l'église, détourner son regard de l'officiant: "Tourner la tête, c'est chercher la chaleur des pantalons". - D'Adela- la jeune fille qui a osé se révolter contre sa mère-, s'adressant à Poncia :"Je peux bien te passer sur le corps, tu n'es qu'une servante". Le ton est donné...

L'auteur

Dans l'oeuvre de l'auteur de "Noces de sang" et de "Yerma", "La Maison de Bernarda Alba" suscite d'autant plus l'attention qu'elle a été écrite deux mois seulement avant que Lorca soit exécuté par les franquistes. il avait 38 ans.

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A voir, pour la mise en scène et la performance des actrices.

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