L'échange

De très bonnes choses, mais problème d'homogénéité
De
Paul Claudel
Mise en scène
Christian Schiaretti
Avec
Francine Bergé, Louise Chevillotte, Robin Renucci, Marc Zinga
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre les Gémeaux
49 Avenue Georges Clemenceau
92330
Sceaux
01 46 61 36 67
Jusqu'au premier décembre puis au TNP de Villeurbanne du 6 au 23 décembre

Thème

• Deux jeunes gens – Louis et Marthe – viennent de se marier : elle, très pieuse, a quitté son foyer pour suivre son bien-aimé,et le couple vit de peu dans une contrée rurale d’Amérique du Nord.

• Louis aspire bientôt à retrouver une liberté que son nouveau statut d’époux semble contrarier. Dans le même temps, il trouve à s’employer chez de riches propriétaires terriens qui vont lui proposer un curieux échange : l’homme, Thomas Pollock, lui propose une somme pour qu’il parte et lui abandonne Marthe ; la femme, avec qui Louis a une liaison, lui offre de manière un peu paradoxale ladite liberté en échange de sa jeunesse et de son attachement.

• Marthe, de son côté, se trouve prise dans ce terrible champ de forces contradictoires, mais reste fidèle à ses attachements, au prix d’une souffrance considérable.

Points forts

• Une fois que l’on a admis que les protagonistes d’un drame se déroulant dans l’Amérique profonde pouvaient s’exprimer comme les personnages de Corneille ou Racine (que de « ô ! », que de salutations quand même…), le public se régale de la maestria des deux comédiens que sont Francine Bergé et Robin Renucci. La première est absolument éblouissante d’aisance et de présence quand elle incarne une “forme-femme“ tentatrice, caustique, diabolique et désarmée. Robin Renucci se fait l’incarnation parfaite de “l’évangile de la richesse“ et le promoteur d’un échange-marchandage douteux, non sans laisser deviner des failles considérables que le dollar-roi ne peut combler.

• La mise en lumières est remarquablement conçue, qui épouse parfaitement l’économie générale de la pièce et la baigne d’ambiances fortes et variées.

Quelques réserves

• Mettre en présence des comédiens chevronnés (Bergé et Renucci) avec de plus jeunes artistes peut avoir des effets bénéfiques, ou l’inverse. C’est plutôt le cas ici, quand on aborde un texte compliqué à interpréter, parcouru de tunnels métaphoriques (pratiquement tous les éléments naturels y passent, de la marée au soleil…), et cherchant sans relâche à accommoder la poésie au théâtre. Tout ceci met en valeur  l’aisance des premiers à surmonter les difficultés que n’évitent pas toujours les seconds.

• Si la gestuelle et la souplesse de Marc Zinga sont de véritables atouts au service de son jeu, est-il nécessaire d’écarquiller les yeux à tout propos ? De la même manière, on entend trop souvent et trop distinctement Louise Chevillotte reprendre son souffle entre deux lamentations, ce qui nuit considérablement aux sentiments qu’elle exprime, sur des registres assez peu variés. Enfin, les deux comédiens prennent vite l’habitude de crier pour un oui ou pour un non, et l’un sur l’autre, piège qu’évitent soigneusement leurs aînés.

• On sait le soin que Claudel portait à la diction, mais était-il vraiment besoin d’exiger de Louise Chevillotte et de Marc Zinga qu’ils prononcent toutes les syllabes et les lettres, si ce n’est pour aboutir à les placer dans une situation de récitation passablement handicapante ; Renucci et Bergé savent s’en émanciper pour le plus grand bonheur du texte.

Encore un mot...

Un échange qui tourne au marchandage à la fois sordide et sublime, mais un peu inégal…

Une phrase

«  Justice ! Justice ! Mon cri est humble et mon cri ne sera point inentendu »

L'auteur

• Paul Claudel (1868-1955), issu d’un milieu aisé, se convertit au catholicisme après avoir été saisi un soir de Noël 1886 dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Outre sa carrière de diplomate (notamment en extrême-orient), il accomplit un parcours de dramaturge, poète et essayiste, et connait la consécration avec Le partage de midi (1906), L’annonce faite à Marie (1912) et surtout Les souliers de satin (1929), désormais considérés comme des classiques du répertoire.

• Au théâtre, ses textes ont une indéniable dimension poétique et spirituelle. C’est la première version de L’échange qui nous est proposée : écrite en 1894, elle précède l’ambassade de Claudel aux Etats-Unis d’Amérique (1927-28) et donnera lieu à une seconde version, livrée sur le tard, en 1954.

Commentaires

Diane
ven 28/12/2018 - 22:24

Je partage totalement votre avis que je n'avais pas vu avant d'assister au spectacle. Mes amis ont integralementé épousé le jeu des jeunes acteurs. Je me suis donc trouvée isolée. Je suis ainsi confortée dans mon analyse. Je me suis trouvée parfois gènèe par Louis qui surjouait , appelant ainsi le spectateur à ne regarder que lui.

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